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L O U I S I A N N E,  D E L A C R O I X

- On arrive bientôt ? grommela Betty, couchée à  l'arrière d'une voiture, en s'arrachant du vernis à ongle blanc de l'ongle de sa main droite
- C'est toi qui connaît le chemin, de nous deux, Bee, s'amusa Aly, une blonde aux yeux bleus
- Et que dit le GPS ? s'enquit la brune, en se redressant pour poser sa tête sur l'épaule d'Aly.
- Quinze minutes. Je suis étonnée qu'on capte encore dans ce trou paumé.
- Ne critique pas ma deuxième maison, répliqua la femme, en embrassant son épaule, et en laissant ses doigts descendre jusqu'à son ventre.
- Calme tes ardeurs immédiatement, Bee.

Betty soupira, et se replaça sur la banquette arrière, en fixant le plafond d'un air songeur. Sarah l'avait invité à un barbecue -ce qui n'était pas très cohérent, étant donné que la jeune femme était végétarienne-, alors la jeune femme s'attendait à recroiser Sam. Parfois, ils échangeaient sur de longues périodes, pour se tenir au courant, à et d'autres moments, ils ne se parlaient pas pendant six mois. Elle ne savait pas quel serait sa réaction, ni même s'il était au courant de sa venue.

La dernière fois qu'ils s'étaient vraiment vu, c'était le dernier jour de son ancienne vie : quand l'ancienne Betty existait encore, avant que la nouvelle la tue sans doute.

Depuis, elle avait eu le temps de disparaître pendant cinq ans, et de revenir comme elle était partie : en moins d'une seconde, elle avait traversé le temps. Elle avait vu ses doigts s'enlever dans l'air, avant de revenir à elle même l'instant d'après. Par chance, contrairement à d'autres, elle avait disparu lorsqu'elle était chez Sarah, et avait donc réapparu au même endroit. Quand elle était revenue, sans même avoir compris ce qui venait de se passer, Sarah l'avait serrée dans ses bras et avait pleuré longtemps.

Il s'était écoulé plus de six mois depuis son retour en deux mille vingt trois, et durant ceux ci, elle avait changé d'appartement -le sien était désormais habité par une fille très mignonne, que Betty n'hésiterait pas à contacter si elle s'ennuyait, un jour-, s'était coupé les cheveux et avait radicalement changé de style. Au revoir les robes, les jupes, bonjour aux pantalons dans n'importe quelle situation. Elle se sentait désormais beaucoup mieux dans sa peau -avoir quitté le fauteuil avait sûrement dû aider. Elle boitait toujours, mais elle préférait cela.

- On est arrivée, annonça Aly, forçant Betty à quitter le fil de ses pensées.

La concernée se redressa, puis embrassa langoureusement Aly, avant de sortir de la voiture. La blonde la rejoint, et toutes deux marchèrent alors vers le groupe. La brune annonça à Sarah qu'elle était arrivée, et cette dernière les retrouva finalement. Sans attendre, Betty enlaça son amie de longue date, puis présenta les deux femmes. Une fois qu'Aly était introduite, Sarah lança un regard complice à Betty, qui parut comprendre.

Les trois femmes s'avancèrent pour se joindre parmi les autres, et Sarah les mena près d'une table.

- Betty ! s'exclamèrent deux voix derrière la jeune femme, qui se tourna, découvrant les deux enfants de son amie.

Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi ils l'aimaient autant -c'était réciproque-, mais elle pensait que les bonbons qu'elle leur glissait au nez et à la barbe de Sarah devait aider. Betty les serra, et ils lui demandèrent comment elle allait.

Malgré tout ce temps passé loin d'eux, et à ne plus être avec Sam, ils la considéraient toujours comme leur tante, ce qui lui échappait. Mais elle ne les empêchait pas, loin de là. De plus, cela la vieillissait, alors ce n'était pas un surnom affectif qu'elle appréciait.

- Betty ? répéta une voix, qu'elle reconnut aussitôt.

Elle leva le regard vers Sam et lui offrit un sourire confit, alors qu'elle éloignait de la main les deux enfants.

- Sarah, c'est toi qui l'a invité ?

La brune leva les yeux en l'air, avant de passer son bras autour des épaules de son amie, qui acquiesçait. Il se tourna vers un brun qui l'accompagnait, dont le regard bleuté était posé de manière plutôt offensive sur Betty.

- Bucky, c'est Betty. Mon ex.

Il haussa les épaules, mais Sam n'en tint pas rigueur, alors elle non plus. Être appelée "mon ex" la dérangeait toujours autant : non pas qu'elle ne voulait pas l'être, bien au contraire, c'était fini, et peut être mieux comme ça. Simplement poser un déterminant possessif, et la définir uniquement avec le terme "ex" le gênait : elle n'était pas que son ex.

Les deux hommes s'éloignèrent, puis Aly demanda où se trouvaient les toilettes les plus proches. Sarah lui répondit, puis se tourna vers Betty.

- Tu as des trucs à me raconter toi.
- Hm, peut être, répliqua la femme avec un rictus malicieux
- Donc. Vous êtes en couple, avec madame je me tiens bien ?
- Quoi ? Non, t'es folle.
- C'est ta combientième depuis le début du mois ?
- Quatrième, ça va.
- Ça va, ça reste raisonnable, c'est clair, grimaça Sarah.
- J'ai fais pire.
- Tu as fais effectivement pire.

Betty soupira, puis se passa la main dans ses cheveux, en observant les alentours.

- Offre moi un truc à boire, sinon Aly va me rendre folle.

Sarah ricana, et les deux amies se dirigèrent vers une table, où l'hôte attrapa un verre, qu'elle tendit à la brune.

- Bois bien, se moqua t elle.
- Merci. C'est qui le pote de Sam ?
- Barnes ? Un collègue, et pote de Rogers.
- Ça doit être un emmerdeur, lui aussi, alors.
- Ouh, Bad Betty est de retour.

La concernée lui donna un coup de coude, avec un rictus joueur.

- Il est cool ? s'enquit Betty
- Mignon, sans plus.
- Oh. Je note. Miss Casse Couille est intéressée par le glaçon.
- Non, le glaçon, c'est Rogers.

Betty éclata de rire, en buvant une gorgée de verre. 

- Alors lui c'est quoi ?
- Je sais pas.

D'un coup d'œil perçant, elle trouva l'homme dont elle parlait, en train de discuter, près d'une rambarde, avec Sam. Ce dernier vint alors les trouver, alors qu'elles s'étaient mises à discuter innocemment des dernières chaussures à la mode.

- Pourquoi t'es venue Betty ?
- Tu veux la version franche, je suppose ? ria t elle doucement.
- Tu sais pas mentir, je te signale.
- Je suis venue pour me bourrer la gueule. Et pour avoir un prétexte de le faire.

Sam s'apprêtait à répliquer quand Aly revint, posant aussitôt sa main sur la hanche de Betty, dans un geste désireux. Il s'interrompît, mais Betty n'en avait pas fini.

- C'est qui ton pote ?
- Pourquoi ? s'enquit il, aussitôt sur la défensive, les bras croisés
- Tu dois drôlement l'aimer pour être comme ça, sourit elle.
- C'est mon camarade, rien de plus.

Elle le jaugea du regard, mais n'insista pas.

- N'essaye même pas de lui parler. Bucky a deux façons de parler : soit il te regarde en te maudissant dans sa tête, soit il te maudit à voix haute.
- Sympa, s'amusa Betty.
- On s'y fait.

Sam s'en alla, quelques secondes après, en la prévenant que ce n'était pas une bonne idée d'essayer de lui parler, et Betty était aussitôt convaincue que c'était absolument nécessaire de lui parler.

- Je reviens, annonça t elle, en emportant sa bière.
- Sérieux, Betty, soupira Sarah. Tu m'épuises.
- Moi aussi, je t'aime.

Elle marcha et s'en alla rejoindre l'inconnu désagréable.

BRISE LE LIEN [Bucky Barnes] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant