Chapitre 16: L

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Mon frère je l'aime oui, mais je ne lui dirais jamais à haute voix, je l'écrirais si tu me le demande, je le crierais si il disparait. Je ne le dirais jamais, mais je veux au fond qu'il le sache. Alors mes actes traduisent les mots enfouis, mon regard transmet ce sentiment profond. Et mes inquiétudes bouleversent cette vague d'amour que j'ai pour lui. Je l'aime mais je ne le dirais pas, certainement par honte, c'est comme ça, notre éducation certainement nous poussent à se le crier silencieusement.

Absent dans les mots mais grands dans les actes.

Alors oui je ferais tout pour qu'il aille bien ou mieux. Il va mal et ça me brise, parce qu'au fond que faire quand tu ne peux pas le prendre dans les bras par pudeur ?

Et bien juste venir dans sa chambre discuter, le faire rire est mon unique objectif dans ce cas là. Une seule preuve qu'il est encore vivant au fond de lui, et lui prouver qu'il y a encore espoir d'être heureux.

Mais comment montrer qu'il y'a de l'espoir aux autres, quand toi même tu n'y crois pas?

J'ai du rester la tête hors de l'eau tellement longtemps pour lui et me laisser emporter par cette vague, vous savez celle de l'amour, une vague de force pour lui prouver que tout ça valait le coup.

Et pourtant on ne peux pas les protéger de tous ça, de tout ce monde. Ce monde qui le fera tomber sans cesses dans ces abysses, mais cette vague d'amour viendra toujours, je l'espère, lui sortir la tête de l'eau et le pousser loin de cette océan en pleine tempête. J'espère que ma vague pourrait servir à le pousser sur la plage, là où il se sentira en sécurité.

Mais quand Elio a fait son premier jour au collège j'ai su que je ne pourrait pas le protéger éternellement de ce monde. Qu'il allait comme moi, comme toi, devoir traverser ces peines et ces joies. Devoirs traverser ces déceptions, ces trahisons. Alors je me suis toujours demandée comment le préparer à ça au lieu d'essayer d'éviter que cela arrive. Alors le soir je viens dans sa chambre, parfois sans n'avoir rien à dire, mais sais-tu que cela suffit ? Je suis à ses cotés, j'espère combler alors ce sentiment de solitude qu'on a tous.

Et au fond ça comble aussi le mien.

Mais préserver les autres de la vie c'est uniquement retarder l'inévitable.

Et si je me prends la tête actuellement sur le bien être de ce petit bonhomme. C'est parce que aujourd'hui j'ai compris que ce n'est pas les autres qui lui ont fait du mal. Non, c'est moi. Son école m'a appelée et Elio s'est battu aujourd'hui. Et mon coeur s'est serré tout comme ma gorge qui ne laissait aucun son passer lorsque j'ai tenté d'articuler que j'arrivais pour le chercher. Mes parents ont reprit le travail, tandis que moi j'ai décidé de prolonger mon contrat à la bibliothèque, Elio lui est rentré en 6eme. Et cela fait des jours que je me rends compte que ce petit être grandit à vu d'oeil, il prend en taille tous les jours quasiment et chaque fois que l'on est debout tous les deux, il insiste toujours pour me prouver qu'il est devenu plus grand que moi.

C'est faux bien sur. Il lui reste 5 centimètre

Il grandit, et plus le temps passe et moins il se confit. Alors que plus jeunes nous nous étions promis de tout se dire. Mais évidemment qu'on s'en cache des choses, sinon je saurais de sa bouche que c'est lui qui a corné les pages du tome deux des « Héros de l'Olympe ». Et sinon il n'aurait pas compris par lui même que c'est moi qui avait mangé le dernier cookie qui lui était destiné.

Sinon il aurait su pour l'état de ma santé mentale ce jour là.

Même si au fond on sait. Quand il ne va pas bien je le vois, et je culpabilise quand je n'arrive pas à savoir. Je lui ai fais du mal ce soir là, il s'est inquiété, son regard est toujours bloqué sur cette scène d'une certaine manière. Ce qui hantait mes cauchemars ces dernières années hante les siens depuis quelques mois.

Illusion BleutéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant