Abruti

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Abruti
Abruti
Je me réveille, face contre les pavés
De granite.
Il fait chaud. Le soleil est monté
Au zénith
Et je suis au plus bas.
Engourdi par la soif
Qui bientôt me tuera.
Si je dois mourir là,
Le dernier billet qui t'était destiné
Fera mon épitaphe ;
Ça me va bien comme ça.

Abruti
Abruti
Quelquefois je t'oublie
Une journée ou deux ;
Je laisse alors la vie
Couler, je clos mes yeux.
Autrement, je creuse toujours davantage mon crédit,
Je vois ce que cet enfer peut proposer de mieux.
Je prends ce qu'il me prête,
Satisfait, j'en profite,
Je l'enlasse, je m'en lasse,
Je le laisse, il s'entasse
Sur le reste.
Et à la fin, je suis triste.

Abruti
Abruti
Les villes ici sont charognardes :
On mange la bête congelée
Sans l'avoir vue mourir,
Car on peut l'ingérer 
Mais non pas la souffrir ;
Et ça coupe la faim.

Abruti
Abruti
J'ai corrompu ton sang
Du poison incolore
Que j'administre aux corps,
Aux cœurs dont je m'éprends.
La passion est un bien violent opium :
Je prie pour qu'il ne parvienne à te tuer,
Toi à qui j'ai tendu mon laudanum
Ô pauvre Toi, qui l'as bu tout entier !

Abruti
Abruti
Je l'ai fait par amour.

Saison déraisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant