Steppe estivale

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Reconnais ton fils tandis que je te reviens,
Ô Terre impassible, ô Balance des siècles,
Vois-moi dans tout mon être, étendu dans le seigle ;
Enfin si je le vaux, reprends-moi en ton sein.

En outre quels regrets ?
Je suis né du néant
Et y mourrai aussi ;
J'ai couru dans le vent
Et erré dans la pluie ;
J'ai marché jusqu'au sang,
Aimé jusqu'aux sanglots ;
J'ai blanchi quelques nuits,
Noirci quelques folios ;

Quels regrets puis-je avoir ?
J'ai bayé aux corneilles
Et craché aux statues ;
J'ai suivi le soleil
Aussi loin que j'ai pu ;
J'ai bu toute mon eau
Et mangé tout mon fruit,
Surgi ex nihilo
Et je suis reparti ;

À la fin quels regrets ?
J'ai baigné dans toute onde
Qui m'offrait ses dangers ;
J'ai senti tout le monde
Et j'ai tout oublié ;
Et quand vient le final,
Je remercie mon hôte ;
Dans la steppe estivale
Je mourrai face à l'aube.

Saison déraisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant