CHAPITRE 19

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〝𝙾𝙽 𝚁𝙴́𝙲𝙾𝙻𝚃𝙴 𝙲𝙴 𝚀𝚄𝙴 𝙻'𝙾𝙽 𝚂𝙴̀𝙼𝙴  〞

LOLA

À en juger par l'obscurité qui a fait son nid dans le bureau de Nick, la nuit est déjà bien avancée.

Entre les lanières d'un store à moitié baissé, la lumière d'un lampadaire s'immisce dans la pièce et m'aide à me concentrer sur les liasses de dollars posées devant moi.

Ce n'est pas par manque de confiance que je m'assure que le compte soit bon pour ce qui doit être maintenant la dixième fois, mais comme souvent j'ai dû me résigner à m'occuper l'esprit pour ne pas penser à des choses trop fâcheuses. Bien que je ne sois jamais allée plus loin que les cellules, j'éprouve un étrange retour aux sources en étant ici. Certainement parce que la première fois que je suis venue dans le poste de police de Reno, Knox venait à peine de disparaître.

Une once de tristesse m'enveloppe, suivie aussitôt d'une profonde colère que je ressens vis-à-vis du passé de mon frère lié à l'Underground. Ce dernier sentiment est plus pesant encore, lorsque mon cerveau me rappelle qu'il s'agit d'un passé dont j'ignore encore tout un tas de choses.

Depuis deux jours maintenant, j'essaie de comprendre ce qui a bien pu lui traverser l'esprit pour se lier à des gens aussi dangereux. J'y pense jusqu'à m'en donner mal à la tête, mais mes questions restent toujours sans réponse.

Et, en fin de compte, c'est toujours la douleur qui l'emporte.

Je ferme les paupières et ne les rouvre que quatre secondes plus tard, après avoir pris une nouvelle inspiration. Je force mon esprit à se focaliser sur l'argent que je tiens au creux de ma main, mais le bruit d'un métal contre le bois m'irrite au point de pousser une petite plainte de contrariété.

Ma première erreur est de m'arrêter de compter les billets pour regarder Nick faire tourner un pistolet sur son bureau. La seconde est de lever les yeux vers lui et de découvrir qu'il me regarde, immobile, sans rien dire. Malgré moi, je sens mon cœur qui se met à cogner un peu plus fort contre ma poitrine.

Est-ce que ça fait longtemps qu'il me regarde ?

Je parie que oui, il adore faire ça.

Ça n'a pas d'importance. Mon instinct me suggère de me concentrer sur autre chose que son visage, alors je le fais.

En principe, un homme avec un flingue dans la main, ça n'inspire pas la confiance, encore moins quand il s'amuse à jouer avec. Ce n'est pas consciencieux et ça n'a rien de sérieux...mais c'est de Nick dont on parle. Il n'a jamais eu de comportement dangereux envers moi.

Et il n'en aura jamais.

Je resserre mes dents sur ma lippe et m'arrache un bout de peau, puis tousse avant de lui demander :

— Le compte est bon. Tu crois que ça va marcher ?

— Il vaudrait mieux.

À ma grande surprise, Isaac n'a pas rechigné à nous donner tout cet argent, à condition que nous prenions note des numéros de série inscrits sur chacun des billets. Nick s'en est chargé et ça lui a pris toute la journée. Je suis restée un moment ahurie devant tout ce fric qui était méticuleusement placé dans plusieurs sachets de scellé judiciaire.

— C'est un super plan, j'ajoute doucement.

— Ça c'est un avis personnel, dit-il en me fixant toujours.

— Tu n'es pas d'accord avec moi ?

— Non.

Nick expire bruyamment par le nez et reprend :

UNDERDOGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant