Chapitre 3 : L'inconnu du Somerset

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Mycroft vient de nous annoncer qu'aujourd'hui nous n'avons aucune affaire à traiter. Enfin ! Un jour de vacances ! Ce n'est pas que mon travail me déplaît mais j'aime également me reposer, m'étaler une journée entière dans le canapé, en buvant une bonne bouteille. Bonde va faire un tour en ville. Miss Moneypenny est partie rendre visite à sa mère et Fred s'enferme dans sa chambre. Au bout de deux heures, je ne le vois pas ressortir. Il n'y a pas eu un seul bruit dans toute la maisonnée. Cela commence à m'inquiéter. Est-ce qu'il dort ? Je me décide à aller voir. Je toque à sa porte. Il n'y a pas un bruit dans la chambre. Je pousse doucement la porte qui se met à grincer. Fred est assis sur son lit avec Baskerville sur les genoux. Je le rejoins et caresse le félin.

Au fait, tu ne m'as jamais dit pourquoi tu l'avais appelé comme ça

C'est à cause de notre affaire avec le comte de Baskerville pour me rappeler pourquoi on se bat.

D'accord, je comprends.

Il n'y a pas que ça mais je ne préfère pas en parler. me dit-il la larme à l'œil.

Tu es sûr ? Ça te ferait du bien, je pense.

Non, vraiment je t'assure

Je ne veux pas insister. Je me lève donc et prends la porte. Arrivé à l'encadrement, il me dit : "Non, attends ! Puisque tu insistes. Je vais te raconter toute l'histoire". Je sens qu'il a besoin de se confier. Je ne dit pas un mot et me rassoit à côté de lui. Il entame sa narration :

" Tout a commencé, il y a bien longtemps lorsque je n'étais encore qu'un nourrisson. C'était un jour de pluie. Je m'en souviens comme si c'était hier, pourtant je ne devrais pas. Je me suis retrouvé seul, abandonné dans un couffin sous le porche d'un orphelinat. Je pleurai et personne ne venait. C'est alors que la porte s'est ouverte. Une jeune femme m'a vu, m'a récupéré et m'a rassuré de la voix la plus douce que j'ai entendu de ma vie. J'étais trop jeune pour comprendre ce qu'elle me disait mais le simple son de sa voix suffit à me calmer. Elle porta mon panier à l'intérieur de l'orphelinat. C'est elle qui me donna mon nom en regardant le calendrier. Comme nous étions le 18 juillet, le jour de la saint Frédéric, elle me nomma ainsi. Joséphine s'occupa de moi comme elle l'aurait fait avec son propre fils et comme elle le faisait pour chacun des orphelins qu'elle recueillait. Je grandis à ses côtés. A l'orphelinat, je n'avais pas beaucoup d'amis, je passai le plus clair de mon temps avec elle ; Jusqu'au jour où un couple vint. Le comte de Baskerville et sa femme arrivèrent à l'orphelinat. La comtesse nous regardait avec considération en se demandant quel pauvre orphelin elle pourrait adopter pour se faire bien voir auprès de ses nobles amis tandis que le comte nous reluquait comme des chiens dans un refuge. Joséphine n'avait pas l'air de voir leur vraie nature. La pauvre, c'était une crème, elle ne voyait que le bon en chacun et n'imaginait même pas que l'on puisse faire du mal à autrui. Pourtant, avec son métier, elle aurait bien dû se rendre compte que le monde n'est pas tout rose. Les Baskerville s'arrêtèrent soudain devant le petit Jimmy. Ils voulaient l'adopter. La femme déclara :"Un seul ne suffit pas ! Il faut en prendre deux pour qu'ils se tiennent compagnie !". Son mari soupira. Elle insista :"Allez ! Dis oui, je t'en supplie !". Il accepte en ajoutant : "Choisis puisque tu insistes !". Elle regarde autour de la salle. Aucun ne semble lui plaire. Elle finit par poser son regard sur moi, me pointe du doigt et dit : "C'est celui-là que je veux !" comme une enfant pourri gâtée. Joséphine tente de la dissuader :

Non, vous ne pouvez pas.

Et pourquoi-cela ?

Eh bien ... parce que ... parce qu'il a déjà été adopté par une famille qui vient le chercher cette après-midi.

Ma femme vous dit qu'elle le veut. Alors, combien ?

Je vous demande pardon ! Mais, mes enfants ne sont pas à vendre ! Je ne les confie qu'à des familles qui s'occuperont d'eux comme la chair de leur chair.

Alter-egoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant