Je m'empresse d'aller dans ma chambre mais Will me rattrape au vol. Il nous fait tous asseoir dans le salon. Sherlock et lui se tiennent debout face à nous. Leurs mains viennent se serrer l'une l'autre. Leurs yeux se parlent sans que leurs lèvres n'aient à bouger. Sherlock prend la parole, balbutie quelques mots sans savoir comment s'y prendre. Will le coupe pour le sortir du pétrin et nous explique tout simplement qu'ils vont se marier. Ce ne sera évidemment pas un mariage légal mais qu'importe. A t'on déjà fait quelque chose de légal dans notre vie ?
Albert se lève le premier pour les féliciter. Il les prend dans ses bras et part chercher une nouvelle bouteille de champagne pour fêter cela. Irène et Mme Hudson se mettent à pleurer en cœur. Mycroft s'attelle directement aux préparatifs. Fred, lui, n'a aucune réaction particulière. Il reste là, assis dans le canapé sans bouger. Enola n'en revient pas. Elle ne s'attendait absolument pas à cette nouvelle. Je ne sais pas ce qui est le plus drôle entre sa tête de merlan frit ou le fait que son cerveau soi-disant si intelligent n'ait pas prévu cette éventualité. Quant à moi, je me lève, me plante devant Holmes, le toise du regard, lui ordonne de faire attention à Will et lui tend fermement la main. Il me promet que je peux compter sur lui et accepte volontiers ma poignée de main. Si jamais, j'entends dire qu'il lui a fait du mal, je ne me priverai pas de lui coller une balle entre les deux yeux. William est mon ami le plus cher alors je ne laisserai personne le blesser.
Bon, puisque ces petits détails sont réglés, nous pouvons préparer la cérémonie. Je pense que ça va faire du bien à tout le monde de souffler un peu et de penser à autre chose qu'au boulot. Je pars donc rejoindre Mycroft dans la cuisine où il a déjà dressé une liste des invités et un brouillon de plan de table. En sortant du salon, j'aperçois du coin de l'œil, les deux jeunes restés sur le divan discuter de cette annonce. Nos réflexions autour du positionnement de chacun sont entrecoupées d'éclats de rire venant de la salle. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas entendu Fred rire. Il a l'air de bien s'entendre avec la petite Enola. Je l'ai peut-être jugée un peu trop vite, qui sait ? Albert me tire de mes réflexions afin que je me remette au travail. On passe alors l'après-midi à régler les différentes parties. Demain, il faudra que chacun trouve sa tenue. Pour le moment, je vais me coucher. Je m'allonge aux côtés d'Irène qui dort déjà. Je glisse ma main sur sa hanche. Elle esquisse un léger sourire puis se rendort. Mes yeux se ferment tandis que je la caresse.
Le soleil se lève. Je sens sa chaleur passer par la fenêtre. Je m'étire, boutonne ma chemise et me hisse hors de mon lit. Irène est debout depuis longtemps. Une odeur de café chaud flotte dans l'air. Albert est déjà sur le pied de guerre. Il a formé des groupes selon les couples pour aller chercher des tenues. Les binômes sont donc, sans surprise : Mycroft et lui, Sherlock et William, Irène et moi. Pour les deux jeunes, il leur propose de partir chacun de leur côté s'ils le veulent. Fred, comme à son habitude, ne dit rien mais affiche un air déçu. Enola lui soumet l'idée de l'accompagner. Son visage s'illumine. Il accepte avec joie sa proposition. C'est ainsi qu'on a passé notre journée fourrés dans les magasins à faire des emplettes.
Je reviens exténué, les bras chargés de sacs et me jette dans le premier fauteuil qui passe. Ah, ce calvaire est enfin terminé. Je vais pouvoir me reposer ! Une voix derrière moi me lance : "Moran, c'est toi ?". Fred arrive avec précipitation. Il se met à parler rapidement : "Sebastian, il faut que je te raconte un truc ! C'était incroyable ! Je viens de passer le meilleur jour de ma vie !" Je l'écoute attentivement en me servant un verre de whisky. Il reprend : "C'était ... Waouh ! Je sais même pas par où commencer !" Je l'interromps par un : "Et bien, par le début, ce serait pas mal, parce que là, je ne comprends rien." Il reprend : "D'accord. Alors, voilà. Tu sais ce matin quand Albert a annoncé les binômes et qu'il a proposé à Enola et moi de partir chacun de son côté, j'étais déçu mais résigné. Quand elle m'a dit de venir avec elle, je me suis senti revivre. Je me suis dépêché de me préparer avant qu'elle ne change d'avis. On est partis tous les deux voir les boutiques. On marchait côte à côte sans rien se dire. Il n'y avait rien, pas un bruit. Que le silence entre nous. Mais ce n'était pas un de ces silences gênants où on ne sait pas quoi dire. Non c'était plutôt de ceux où tu sens que n'importe quel mot que tu pourrais prononcer viendrait faire voler en éclat cet instant magique ; ce silence où l'on se sent juste bien, sans avoir à se parler. Celui où on s'est tout dit, où le cœur n'a plus besoin de mots pour s'exprimer. C'est alors qu'on est entré dans la petite boutique du coin de la rue. Il n'y avait que la gérante et nous. Les rayons étaient remplis d'habits plus gracieux les uns que les autres. Enola a choisi plusieurs robes, me les a posées sur les bras et est partie vers la cabine d'essayage. Elle a d'abord enfiler la robe bleue. Quand elle a tiré le rideau pour me la montrer, je fus sous le choc. Je ne l'avais jamais vue comme ça. Les seules fois où on l'avait rencontrée, elle portait un pantalon et un corset serré. Pour la première fois, elle ressemblait à une vraie femme. Celles chics et élégantes qu'on voit parfois dans les magazines ou les grands salons. Sa robe lui allait parfaitement. Elle faisait ressortir son teint à merveille. L'éclat de ses yeux n'en était que plus intense encore. Pourtant, elle n'avait pas l'air convaincue. Elle a commencé à faire glisser les bretelles pour se déshabiller. Je lui ai fait remarquer que le rideau n'était pas tiré. Elle m'a alors sommé d'entrer dans la cabine avec elle. Je me suis engouffré sans sourciller. Nous étions un peu à l'étroit dans cet isoloir mais ça n'avait pas l'air de la déranger. Elle continua à se dévêtir comme si de rien n'était. En voyant ma stupéfaction, elle me dit : "Ma mère me disait toujours : Ma chérie, la pudeur n'est qu'une invention sociale créée par les hommes pour nous faire croire que l'on devrait avoir honte de ce que la nature nous a donné !" et elle reprit de plus belle son entreprise. Une fois son haut tombé, je découvris sa peau aussi blanche que le marbre. Tout se chamboulait en moi. J'étais stupéfait, heureux, excité, paniqué, peureux ... Je ne savais plus où me mettre ou quoi faire. Je voulais détourner le regard mais j'en étais incapable. C'est comme si quelqu'un me tenait la tête pour me forcer à regarder. Elle était si belle ! Je n'avais jamais rien vu de tel ! Tout était beau chez elle. Son visage, son corps, son galbe, ses hanches. Même ses genoux ! On aurait dit une statue taillée par le meilleur sculpteur. C'était la perfection incarnée. Ce n'est que lorsqu'elle recouvrit son corps d'une nouvelle étoffe écarlate que je pus enfin reprendre mes esprits. Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'avais l'impression d'être sorti de mon corps pendant un instant. Comme si je n'avais pas vécu ce moment. Comme si je l'avais simplement rêvé. Et puis, son sourire en coin quand elle m'a dit : "Eh ! Ça va ? T'es tout pâle ! On dirait que t'as vu un fantôme !" J'ai voulu lui répondre mais je n'arrivais pas à délier les lèvres. Je me suis contenté de hocher la tête bêtement. Elle me demande alors mon avis. Je réussis par un effort surhumain à extirper deux mots de ma gorge. "La deuxième ! D'accord. Va pour la deuxième !" me dit-elle enjouée avant de déposer un baiser sur ma joue. Tu te rends compte ! Sa bouche sur mon visage. Ses lèvres si douces. Son parfum enivrait mon nez. Son souffle courait jusque dans mon cou. Mes poils se sont hérissés. J'avais la chair de poule. Je ne pouvais plus bouger. Je ne savais pas si c'était des avances, si elle en voulait plus, si ce n'était qu'un bisou pour me remercier ; me remercier ? de quoi ? Je n'avais rien fait. Je lui avais juste dit deux mots. Est-ce que c'est ça l'amour ? Si c'est ça, c'est tellement étrange et inattendu. Ça te retourne le cœur. Tu passes par toutes les émotions en une poignée de secondes. Je ne pensais pas qu'on pouvait ressentir autant de choses pour quelqu'un qu'on connait à peine.
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Alter-ego
FanfictionTout a commencé lorsque je rencontrais pour la première fois le professeur William James Moriarty, celui qui tous les journaux londoniens allaient bientôt surnommer le Napoléon du crime. Il avait l'ambitieux projet de renverser le système de classes...