J'aurais tout le temps de l'observer puisque notre couple de jeunes mariés vient d'offrir à toute l'équipe un voyage à Paris. Nous commencerons par une traversée de deux jours en bateau jusqu'à Calais puis une journée en train direction la capitale et nous y passerons deux semaines avant de repartir. Nous allons donc préparer nos bagages. J'emporte quelques vêtements, mon manteau mais aussi ma carabine. On ne sait jamais sur quoi on peut tomber alors je préfère être prévoyant. J'arrive à contenir toutes mes affaires dans une petite valise tandis qu'Irène remplit quatre malles à ras bord. Elle se plaint de ne pouvoir emmener que "quelques babioles" alors qu'elle vient littéralement de vider son dressing. Nous retrouvons le reste de l'équipe qui finit de se préparer. Fred est prêt à partir. Enola le rejoint, lui glisse un baiser sur la joue, enfile son manteau, ses bottes et ils partent charger leurs paquetages dans la voiture. On attend plus que nos deux organisateurs puisque Mycroft et Albert sont déjà sur le bateau. Sherlock sort le premier de la chambre. Sa chemise à peine boutonnée laisse entrevoir son torse musclé. Il passe une main dans ses cheveux et se met à bailler. Il nous regarde, presque étonné que l'on soit tous au taquet. Will pousse à son tour la porte. Au contraire de son mari, il est fin prêt. Sa chemise est parfaitement repassée. Ses ourlets de pantalon ont été refaits. Son nœud papillon est bien serré. Ses boutons de manchettes sont attachés. En somme, il n'y a qu'Holmes qui est à la bourre. Je suggère aux autres qu'on parte devant et qu'il nous rejoigne plus tard mais mon idée n'a pas l'air de faire l'unanimité. En effet, ils sont tous d'accord pour attendre que le détective s'habille. Il file dans sa chambre, prend une pile de vêtements au hasard, la fourre dans un sac et ressort deux minutes plus tard en nous disant qu'on peut y aller. Ce dernier glisse simplement ses pieds dans ses chaussures sans prendre le temps de les lasser. Will le sermonne puis lui tend une valise qu'il avait préparée la veille pour lui. Sherlock, gêné, l'accepte en disant d'un ton amusé : "Ah, Willy, tu as toujours un coup d'avance sur moi à ce que je vois !" Eh bien ! Puisque tout le monde est à peu près présentable et chaussé, on va pouvoir sortir. J'ouvre la porte puis me place derrière pour laisser passer les deux demoiselles. Fred leur emboîte le pas, suivi de Will. Sherlock, derrière lui, part à cloche-pied en tentant de faire ses lacets. Je ferme la marche.
Nous arrivons sur le port. Fred et moi nous occupons de descendre les bagages et les autres les emmènent jusque sur le bateau. Notre embarcation n'est pas un luxueux paquebot mais il a tout de même fière allure pour son âge. La peinture s'écaille un peu par endroits et il y a quelques moules accrochées à la coque mais les chambres sont spacieuses. La literie paraît confortable. Il y a de la place pour ranger ses affaires. Enfin, il y en avait avant qu'Irène n'investisse les trois-quarts de l'armoire. Tant pis, je vais juste mettre ma valise dans un petit coin et je verrais plus tard pour la défaire. Je vais plutôt rejoindre les autres sur le pont. Il y a un homme avec eux qui doit être, au vu de son uniforme, le capitaine de ce bateau. C'est un vieux loup de mer à la barbe grisonnante. Son peu de cheveux est caché par la casquette vissée sur son crâne. Il tient une canne en bois assez sommaire. Je m'approche pour entendre leur conversation. Il dit d'une voix chancelante : "Vous voici sur le Béatrice, du nom de ma défunte épouse ! Nous allons passer ensemble les deux prochains jours. Pour que cette traversée se passe au mieux, il faudra faire exactement ce que je vous dis, compris ? La mer est comme une femme : belle mais capricieuse ! Elle peut vite s'énerver alors il faut toujours être vigilant. Si vous êtes malades, allez vomir dans les toilettes, pas sur le bastingage ou vous risqueriez de passer par-dessus bord. Si jamais ça devait arriver, on ne pourrait rien faire donc si vous voulez rester en vie, évitez de tomber ! Compris ?". En prononçant ces mots, il nous pointa un par un avec son bâton. Un frisson m'a parcouru le dos. Il n'était pas imposant mais dégageait un charisme inattendu. Il donnait l'impression de pouvoir vous tuer dans votre sommeil si vous aviez l'audace d'enfreindre ces règles. Je préférais m'en éloigner le plus vite possible. En revenant à ma cabine, je croisais Will, accroché au garde-fou. Il contemplait la mer. Je fus si discret qu'il sursauta au moment où j'arrivais à sa hauteur. Will, effrayé ? C'est rare !
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Alter-ego
FanficTout a commencé lorsque je rencontrais pour la première fois le professeur William James Moriarty, celui qui tous les journaux londoniens allaient bientôt surnommer le Napoléon du crime. Il avait l'ambitieux projet de renverser le système de classes...