Alter-ego

Chapitre 14 : Épilogue

Je suis bien âgé maintenant. Ces histoires sont derrière moi. Il ne me reste plus qu'une dernière mission avant de prendre ma retraite. Elle consiste à protéger l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche-Hongrie qui participe au bal costumé organisé en son honneur ce soir. Mycroft m'a prévenu que les autorités autrichiennes étaient également sur le coup. Je dois donc m'attendre à croiser leur meilleur agent.

En effet, cette affaire est de la plus haute importance. Notre échec pourrait entraîner toute l'Europe dans un conflit au retentissement mondial. Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Je me prépare donc ma fidèle carabine pour un dernier rodéo. Billy me rejoint dans la salle des opérations. Miss Moneypenny nous fait un débriefing complet de la situation. Von Herder nous a préparé un arsenal à la pointe de la technologie. Sherlock et William ont établi un plan censé être infaillible. Nous n'avons qu'à exécuter les ordres en espérant que les autrichiens ne fassent pas tout foirer.

Une fois costumés, Louise nous conduit jusqu'au manoir où se tient la réception. Billy et moi entrons grâce aux invitations que le roi nous a délivrées.

Nous partons chacun de notre côté nous mêler à la foule. Je me mets à discuter avec un groupe d'hommes sans quitter du regard ma cible. À ce moment-là, une femme passe dans mon champ de vision. Elle porte une robe rosée. Son profil se dessine peu à peu. Son masque, je le connais. C'est celui de ... Non, ce n'est pas possible ! J'ai dû rêver. J'ai à peine le temps de cligner des yeux qu'elle a déjà disparu tel un fantôme. Ça a doit être l'ambiance de bal qui me rappelle de vieux souvenirs. Je ne vois que cette explication. "Sebastian, concentre-toi !" pensai-je. Je n'ai pas le temps de me laisser aller, je suis en mission. Je dois d'ailleurs retrouver ma cible.

Je passe entre les invités et l'aperçoit un peu plus loin. Billy l'a toujours en visuel. Heureusement ! Il ne s'est pas laissé déconcentrer. Pas comme moi. L'orchestre se met à jouer un morceau sur un tempo lent. Des couples se forment pour se préparer à danser. Je sens une main me tapoter l'épaule. Je ne me laisserai pas avoir une seconde fois. Il faut que je surveille l'archiduc ! Il se met à danser avec sa compagne.

Un second coup léger me secoue. Je fais mine de n'avoir rien senti. Au troisième, je me retourne. Une demoiselle me fait face. Elle porte toujours son masque avec un liseré doré. Ce masque. Je l'ai vu il y a bien des années et j'étais convaincu qu'il s'agissait d'un modèle unique. Cette femme. Que me veut-elle ? Elle me tend la main en attendant que je lui offre une danse. Je suis réticent mais je finis par accepter en pensant que je pourrais en apprendre plus sur elle. Elle met sa main sur ma hanche et glisse la seconde dans ma main. Ses pieds vibrent en suivant la cadence.

Je ne sais pas qui lui a appris à danser mais c'est un bon professeur. Elle prononce enfin ses premières paroles :

— Au vu de l'attention insistante que vous portez à l'archiduc, je crois que nous sommes là pour la même raison" énonça la jeune femme

— C'est bien possible. répondis-je froidement.

— Vos quatre gardes autour du bâtiment ont-ils pensé à la porte à l'arrière des cuisines ?

Je blêmis.

— Vous avez de la chance. J'ai un agent qui la surveille.

C'était donc elle l'agent autrichienne. Je ne pensais pas qu'ils envoyaient des agents aussi jeunes sur le terrain. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Sa peau était aussi blanche que du marbre.

Elle avait des lèvres écarlates grâce à son rouge à lèvres. Ses yeux étaient d'un bleu saphir comme ceux de ... Il y avait tellement de coïncidences que cela en devenait suspect.