"Quoi ! Elle est partie sans rien dire ! Comment a-t-elle pu ?" fulminai-je. Fred me regarde silencieusement m'exciter. J'étais hors de moi. Je ne savais pas s'il fallait que j'essaie de la rattraper ou non. Elle a dit qu'elle m'attendait. Il y avait peut-être un espoir que je la raisonne. Ou non. Le jeune homme me voyant hésiter m'ordonne d'y aller. Il a raison. Je me devais d'essayer. Je fonçais directement à la gare sans réfléchir à ce qu'il pourrait se passer. Je verrais bien là-bas.
Je réquisitionne le premier taxi qui passe. Fred monte avec moi. Le conducteur met un coup de cravache à sa monture qui part au galop. Nous filons à travers les rues. On arrive en courant sur le quai. Il y a tellement de gens que j'en bouscule deux-trois au passage. Le train est là.
Juste devant moi. Je pose mon pied sur la marche. Un contrôleur m'attrape par le col et me tire en arrière. Il me demande mon billet. Je fouille mes poches une à une. Rien. Pas là non plus. Toujours pas. Où ai-je pu bien le mettre ?
Oh ! Je crois que je l'ai oublié à l'appartement. J'étais si pressé que je n'y ai même pas pensé.
Un sifflet retentit. Le train se met en marche. Je tente le tout pour le tout. Je passe sous le bras de l'agent et me mets à courir aussi vite que je le peux. Je suis si essoufflé qu'il n'a pas de mal à me rattraper. Il me plaque au sol. Je n'essaie même pas de débattre. Je n'en ai plus la force. Il attend que le train se soit suffisamment éloigné avant de me lâcher. Je me redresse. Mon poing se serre. Fred m'arrête avant que je n'aggrave mon cas. Je repars, résigné et triste. Je vais devoir attendre qu'elle revienne.
De retour à l'appartement, Fred me force à préparer mes bagages pour repartir. Je n'ai aucune envie de m'en aller. Je n'ai plus envie de rien.
Je ne ressens plus aucune émotion. Je ne suis plus qu'une coquille vide. Je ne pensais pas que l'absence de quelqu'un pouvait faire autant de mal. Lamartine avait raison : "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé." J'espère au moins qu'elle profitera de son voyage. Pendant ce temps, je vais m'occuper pour ne plus penser. Je vais commencer par ma valise et on verra plus tard pour le reste.
En ouvrant l'armoire, je découvre l'une de ses robes qu'elle a oubliée. Je la prends dans mes bras. Elle porte encore son doux parfum de rose. Cette seule odeur suffit à me faire pleurer. Je m'allonge dans mon lit en serrant de toutes mes forces le bout de tissu. "Pourquoi ? Pourquoi est-elle partie ? sanglotait-je." Mes yeux se fermèrent en l'imaginant à mes côtés. Je me rappelle les bons moments que l'on a passés ensemble.
Je ne me réveille que le lendemain. Mes mains sont toujours autour de l'étoffe. J'avais espéré que si j'y pensais suffisamment fort, Irène apparaîtrait dedans. Elle m'aurait adressé son regard malicieux en me disant que ceci n'était qu'une mauvaise blague. Qu'elle voulait me tester. Non. La robe était aussi vide que la veille. Irène était bien partie. Il fallait que je l'accepte. Je ne dois pas me laisser abattre.
Après tout, elle n'est partie que pour quelques jours. Ce n'est pas comme si elle était morte, non plus !
Je m'habille puis sort de la chambre. Tout le monde m'attend pour partir. Je ne dois pas fléchir et rester digne. C'est ce qu'elle aurait voulu. Si elle était là, elle me dirait que les sentiments altèrent le jugement.
Or, pour la mission qui nous attend, je dois être à mon maximum. Dans ce métier, nous n'avons pas le droit à l'erreur.
Pour l'instant, la priorité est de rentrer à Londres. Ma valise est bouclée. Nous pouvons y aller. Nous montons dans deux fiacres différents.
Je me retrouve avec Enola et Fred qui débordent d'amour. C'est écœurant ! Ils ne peuvent pas se tenir correctement en public.
En vérité, ils ne font rien de mal. C'est simplement qu'ils me filent le cafard à étaler leur joie. Je suis si dévasté que le reste du voyage pour arriver à la capitale me semble une éternité, un long et douloureux calvaire. Pourquoi a-t-il fallu que Paris soit si éloigné de Londres ?
VOUS LISEZ
Alter-ego
FanficTout a commencé lorsque je rencontrais pour la première fois le professeur William James Moriarty, celui qui tous les journaux londoniens allaient bientôt surnommer le Napoléon du crime. Il avait l'ambitieux projet de renverser le système de classes...