Paris, nous voici ! Après cette année mouvementée, on va pouvoir profiter d'un peu de repos. Ça tombe bien, j'ai toujours voulu visiter la capitale française. J'aurais juste aimé le faire un peu plus tôt. En effet, j'avais prévu il y a bien longtemps d'y emmener Lena mais je n'ai malheureusement pas eu le temps.
C'est triste mais c'est ainsi, il ne faut pas que je m'attarde sur le passé. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu. C'était une éternelle optimiste avec une joie de vivre à toute épreuve. Si elle avait été là, elle m'aurait sûrement mis une gifle en me disant de regarder devant moi et de vivre ! De ne pas regretter une seule seconde de mon existence. C'est ce que je vais faire ! Je vais vivre deux fois plus ce voyage, pour elle. Je lui dois bien ça. Grâce à elle, j'ai eu un merveilleux fils. D'ailleurs, où est-il passé ? Il doit encore être en bonne compagnie. On dirait qu'Enola a su trouver les mots pour se faire pardonner. Tant mieux ! Ça m'aurait fait de la peine qu'il la quitte. C'est une chouette fille dans le fond. Il suffit d'apprendre à la connaître.
Bon, puisque tout le monde est parti, je vais pouvoir prendre un peu de temps pour moi. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de cette journée ? Aller au bar ? Non, j'ai promis à Irène de lever le pied sur l'alcool. Me faire un billard ? Tout seul, ce n'est pas drôle. Et si j'écrivais, tiens ? Cela m'arrive de temps en temps de prendre un crayon et de griffonner quelques lignes. Bien souvent, j'écris à Lena. Ce ne sont pas des lettres mais plutôt une sorte de dialogues que je fais avec moi-même. Je lui raconte ma vie, celle de Fred et combien elle me manque. Certes, j'aime Irène à la folie mais ce ne sera jamais Lena. Ce fut mon premier amour. Elle aura toujours une place importante dans mon cœur. Je lui conte notre voyage et lui détaille la mise en scène que Sherlock a faite pour Will. Je lui explique que je réserve à Irène pour son anniversaire un cadeau auquel elle ne s'attend absolument pas. J'espère que ça lui fera plaisir sinon je vais me sentir bête. Je lui annonce aussi que Fred file le parfait amour dans les bras de la jeune Enola. "Tu verrais comme il a grandi !" dis-je à sa mère. Il semblerait également qu'il se soit rapproché de Billy. Ce dernier les a d'ailleurs accompagné aujourd'hui faire une balade en ville. C'est bien que ces trois-là arrivent à s'entendre. Ça aurait été dommage que Billy se retrouve seul parmi tous ces couples. "Tu ne le connais pas mais c'est un bon garçon, un peu paumé, qui a fait pas mal de mauvais choix dans sa vie. J'étais comme lui à son âge, tu te souviens ?" On frappe à la porte. Irène me demande si elle peut entrer. Je lui indique d'attendre deux minutes. "Lena, je dois te laisser !". Je glisse rapidement mes feuilles sous mon lit. Je ne veux pas qu'elle sache ce que j'écris. Elle me prendrait pour un fou. Qui pourrait comprendre que l'on s'imagine une discussion avec le fantôme de son premier amour ? Et même si elle pouvait le concevoir, elle commencerait à se poser des questions sur mon état mental, à me poser des questions. Je n'ai vraiment pas envie de m'expliquer. C'est mon secret et ça doit rester ainsi. J'essaie de paraître le plus naturel possible. Elle me lance un regard soupçonneux, prend une robe dans son armoire et repart. Je souris comme si de rien n'était. Pour détourner son attention, je lui propose une virée à Montmartre. Elle qui adore l'art, ça devrait lui plaire. On prend le premier taxi qui passe.
Arrivés en haut de la butte, on croise plusieurs artistes installés sur la place. Certains vendent des paysages tandis que d'autres veulent nous tirer le portrait de façon plus ou moins caricaturale. Irène se laisse tenter. Je m'installe au café d'à côté en attendant d'admirer le résultat. En voyant tout ce monde, je ne peux m'empêcher de penser à cette fille aux cheveux de jais qui rêvait d'exposer ses toiles dans les plus grandes galeries parisiennes. Elle avait un talent inné qui faisait ressortir la nature des gens dans les portraits qu'elle peignait. Rien qu'en vous regardant, elle pouvait déceler chez vous des facettes de votre personnalité dont vous ignoriez totalement l'existence. Je ne sais pas pourquoi cette ville me rappelle autant Lena. Tout me fait me souvenir d'elle. Le café, les croissants, les sons d'un accordéoniste et même les pigeons me ramènent à elle. Je sais bien que je ne devrais pas mais je n'y peux rien. Irène me fixe depuis tout à l'heure. Elle voit que je ne suis pas comme d'habitude, que je suis ailleurs. Même lorsque je suis avec elle, je ne suis pas vraiment là. Je ne dis rien pour ne pas l'inquiéter mais cela ne fait que renforcer ses soupçons. Elle voudrait m'aider mais ne sait pas comment s'y prendre. À vrai dire, moi même, je n'en sais rien. Il faut simplement que j'arrive à me concentrer sur l'instant présent sans penser ni au passé, ni à l'avenir. Irène me rejoint pour me montrer son portrait. Je ne saurais comment le décrire. La caricature est si bien réalisée qu'on reconnaît à peine le modèle original. Elle attend mon avis avec impatience. Je simule un rictus en m'exclamant faussement : "C'est ... très ressemblant !". Mon jeu d'acteur doit encore être amélioré puisqu'elle remarque tout de suite que je me fiche d'elle. Celle-ci s'écrie : "De toute façon, tu ne comprends rien à l'art !" avant de s'en aller. Je paie ma consommation puis la rattrape. En rentrant à l'appartement, nous passons devant une bijouterie où elle s'attarde quelques instants. C'est incroyable ! Dès qu'elle aperçoit la devanture d'un joaillier, elle fonce sur sa vitrine admirer ses créations. Elle me pointe une petite bague alternant le bleu saphir et l'argent. Des étoiles se forment dans ses yeux quand elle tourne sa tête vers moi. Je balance la tête de gauche à droite en signe de protestation. Elle souffle comme une enfant que l'on aurait privée de bonbons et l'on reprend notre chemin. De retour chez nous, chacun vaque à ses occupations en attendant que les autres reviennent.
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Alter-ego
FanfictionTout a commencé lorsque je rencontrais pour la première fois le professeur William James Moriarty, celui qui tous les journaux londoniens allaient bientôt surnommer le Napoléon du crime. Il avait l'ambitieux projet de renverser le système de classes...