Chapitre 12 : Un passager clandestin

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Notre excursion parisienne touche à sa fin. Je voudrais prolonger mes vacances avec Irène en l'emmenant faire un voyage. Je passe donc à la gare afin d'acheter des billets pour l'Orient-Express, un train flambant neuf qui va faire le tour des capitales d'Europe pour terminer par Constantinople. Mes tickets en poche, je retourne auprès d'elle.

Elle dormait comme un loir en tenant fermement sa bague. Peut-être avait-elle peur qu'elle s'en aille, que ce ne soit qu'un rêve. Elle est si belle quand elle dort. Je pourrais rester des heures à la regarder. Son corps frissonnait. Je remit la couverture sur elle. Son visage affiche un léger sourire. Je lui déposais son billet sur la table de chevet et lui caressais la joue. Ses poils se hérissent. Je ressort à pas de loup de la chambre pour lui laisser finir sa nuit tranquillement.

Je m'installe dans le salon et me sers un café.

La cafetière est encore chaude. Will a encore dû se lever aux aurores. Le liquide coule doucement dans ma tasse. Une légère fumée s'échappe du bocal. Mon croissant plonge dans la boisson. Il n'y a pas un bruit dans l'appartement. Je sirote dans un silence religieux mon café.

Un cri perçant vient troubler le calme. Irène sort en habit de nuit et se jette dans mes bras.

Dans un premier temps, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Elle me montre fièrement le billet et me remercie chaleureusement. Elle va de surprises en surprises en ce moment. Que rêver de mieux qu'un voyage avec son futur époux ? J'ai tellement hâte de découvrir toutes ces merveilles à ses côtés. Berlin, Vienne et même Constantinople. Tant de cultures différentes ! Je dois préparer mes affaires au plus vite.

Or, à ce moment-là, Mycroft passe la porte. Il a un air sombre, plus sombre que d'habitude. Que se passe-t-il ?

Il nous dit que nous devons rentrer. Nous le savons déjà. Nous devons repartir demain. C'est ça qui le mine autant ? Nous lui demandons ce qui ne va pas. Il nous tend un message télégraphié nous ordonnant de revenir au plus vite. Je crois bien que notre voyage va devoir attendre. Le devoir nous appelle. Irène jette le message à travers la pièce en s'exclamant : "Ça suffit les conneries ! On ne va pas rappliquer à chaque fois qu'ils nous sifflent, si ?" Je lui fais comprendre que c'est sûrement grave. Elle ne veut rien entendre. Elle argue que nos missions sont toujours d'une importance capitale, qu'ils ne peuvent pas se passer de nous. Aujourd'hui, elle voudrait juste pouvoir partir avec moi. "Ils peuvent se débrouiller sans nous de temps en temps, non ?" s'insurge-t-elle. Elle a peut-être raison. Cependant, je contre-argumente en expliquant que c'est notre obligation. Elle me répond que non, qu'on ne leur doit rien et qu'à chaque fois qu'on fait un faux-pas, on nous menace de nous foutre en taule.

Elle en a marre. La dissolution de notre équipe après l'incident de la tentative de meurtre a été la goutte d'eau qui a fait débordée le vase. Elle ne veut plus d'une vie où l'on marche sur des œufs en permanence.

Cette fois-ci, elle ne viendra pas. Elle décide de maintenir son voyage et m'impose de choisir. Dois-je la suivre ou repartir faire mon devoir ? Comme j'hésite, elle prend la mouche, claque la porte et s'en va. J'aurais dû la suivre mais j'ai préféré la laisser se calmer. On s'expliquera ce soir.

« Je ne le comprends pas ! Pourquoi Sebastian veut-il partir alors qu'il est toujours le premier à critiquer le MI6 ? Depuis quand a-t-il une conscience patriotique ? Je préfère ne plus y penser. S'il m'aimait vraiment, il n'aurait pas dû hésiter une seule seconde. Est-ce qu'il m'aime ? Sinon, pourquoi m'aurait-il demandé en mariage. Pourtant, il me cache tellement de choses. Il ne m'a rien dit pour Fred, ne m'a jamais parlé de cette Lena.

C'est étrange ! Elle a l'air de compter énormément pour lui ; alors pourquoi me cache-t-il qu'il lui écrit ? Peut-être qu'il ne me fait pas assez confiance. Je ne sais pas. Il y a trop de questions qui se bousculent dans ma tête. J'ai besoin de prendre du recul. C'est décidé ! Je vais faire ce voyage, avec ou sans lui.

Alter-egoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant