Paradis de l'ennui 3

21 2 0
                                    

"Je vois les gens rêver, moi j'trouve pas le sommeil
Encore sourd de la veille, dur d'encaisser la nouvelle"
Rêver Achille

Étendu sur le sol

Ça faisait combien de temps maintenant qu'il était là ? Une minute, une heure, un jour ou peut-être plus. Il ne savait pas vraiment. Cela faisait juste un certain temps que ce lit lui servait de refuge.

Ben était comme devenu l'ombre de lui-même. Cette rencontre avec un certain grand blond l'avait totalement déboussolé, il s'était senti si vivant l'espace de quelques heures que, maintenant l'adrénaline redescendu, il se sentait totalement vide. Il avait besoin de Pierre pour être vivant, il avait besoin de lui pour se sentir bien. Il espérait que Pierre aussi avait besoin de lui.

Le bruit insupportable de son téléphone sonna à côté de lui, ce qui eut le mérite de le faire réagir, il tendit le bras et décrocha sans regarder qui l'appelait.

" Salut Ben. La voix était pleine d'énergie, Ben la reconnu immédiatement, Eliott.

Salut Eliott que me vaut cet appel ? Ben commençait à stresser, c'était rare qu'Eliott l'appel alors ça devait sûrement être grave.

Ne t'en fais pas Ben personne n'est mort. Un rire s'échappa des lèvres d'Eliott. Je voulais juste savoir comment tu allais, ça fait un moment que j'ai pas eu de nouvelles alors voilà. Ben laissa un soupire de soulagement sortir, ce téléphone l'avait sorti de sa torpeur."

Leur conversation continua un moment, puis il dû raccrocher.

Benjamin avait décidé aujourd'hui qu'il essaierais de manger, il se dirigea donc en direction de la salle à manger afin de prendre son repas. Mais il resta bloqué devant ce plat qu'il n'arrivait pas à définir, il n'y arriverait pas, du moins pas maintenant. Tout ces gens autour de lui, lui donnait l'impression d'être juger à chacun de ses mouvements, il avait la sensation d'être observé. C'est pour cette raison qu'il ne mangeait plus, il n'arrivait plus à faire abstraction de cette maudite voix dans sa tête. Cette voix qui lui disait sans cesse qu'il n'était pas assez bien pour ce monde, pas assez fort, pas assez maigre, pas assez drôle, pas assez tout au final.

Des âmes dansantes à l'arrière de mon crâne. Perdu dans les méandres de mon esprit. Ces gens que je n'ai jamais rencontrés, qui se sont simplement imposés à moi dans mon propre monde. Ils ont toujours été là je crois, au milieu de vastes étendues de ténèbres. Leur ténacité me sortant inlassablement de mes sanglots internes. Ils sont bien réels mais uniquement dans ma tête. Ils ne me lâchent jamais vraiment même dans mes manquements. Ce sont mes meilleurs alliés mais aussi mes pires défauts.

Ce monde qui s'est créé au moment où mon esprit avait besoin de s'aérer pour tenir et rester. J'en avais besoin pour fonctionner correctement selon la norme. Mais ça n'a pas vraiment été le cas. Je n'ai fait que retarder l'échéance que cette vie m'avait offert. Maintenant elle m'a rattrapée et ne me quitte plus vraiment. C'est l'heure de ma punition pour tout le mal que je fait. Et la punition est fortement amère. Mais c'est un goût doux et amère qu'il me restera.

Les pages de ce petit cahier se remplissait un peu plus chaque jour. D'une page à l'autre il pouvait passer d'un univers à l'autre. Dans son enfer à son paradis.

Benjamin déposa son cahier dans son sac, ce weekend il avait une autorisation de sortie, il allait passer le weekend chez Pierre et allait sûrement en profiter pour voir le reste de la bande. Vingt-quatre heures de liberté, il en était impatient. Il voulait juste oublier le temps d'un jour toutes les emmerdes qui lui arrivaient.

Jeudi, aujourd'hui on était Jeudi, et il partait samedi aux alentours de une heure, heure à laquelle Pierre devait arriver pour le récupérer. Mais il n'était pour le moment que Jeudi, et il était même pas encore l'heure du repas. Ça faisait d'ailleurs quelques jours qu'il n'avait rien pu avaler, mais cette voix l'en empêchait. Il espérait que Pierre réussirait à vaincre cette voix, qu'il réussirait à lui faire oublier ses angoisses. C'était d'après Ben, le seul à pouvoir y arriver.

Il était posé à son bureau, entrain de plancher sur une vidéo qu'il voulait mettre en place, en arrière plan sa musique tournait. Et plus les musiques s'enchaînaient et plus certaine paroles le perturbaient, il marquait souvent des pauses dans son travail pour réécouter à plusieurs reprises certains passages. C'est à cause de cela qu'il n'avait d'ailleurs pas beaucoup avancé dans l'écriture.

Il avait bossé toute la journée ignorant les quelques messages reçus, et ce ne fut qu'une fois la vidéo finalisée et prête à être tournée qu'il regarda enfin les messages affichés comme nouveau. Il avait reçu des messages venant de sa famille, de quelques un de ses amis, mais pas grand chose d'intéressant, enfin jusqu'à ce qu'il remarque ce numéro inconnu. Le message n'en disait pas énorme sur son écrivain, c'était une simple salutations. Alors Benjamin l'ignora sans trop se poser plus de question.

Il descendit à la cafétéria pour se prendre une bouteille de Coca, qui évidemment était hors de prix. Et alla se poser tranquillement sur la terrasse de l'hôpital. Il était bien ici, le soleil lui carressant légèrement la peau, le casque sur les oreilles avec les musiques de Lomepal qui passait, c'était reposant comme moment. Il avait alors sorti son cahier où il écrivait ses pensées et se mit à crayonner le paysage qui s'étendait devant lui.

Il avait passé son après-midi à dessiner, cependant il n'était pas satisfait de sa création. Mais ça lui avait fait du bien, il avait eu besoin de se perdre dans son art. Il se sentait un peu mieux, et l'heure avançait tranquillement, il était maintenant le soir. Il restait quarante-trois heures avant qu'il ne parte en congé chez Pierre. Quarante-trois petites heures, un temps qui semblait microscopique face à toutes ces heures qu'il avait passé ici.

Mais Benjamin se sentait seul malgré tout, ici il n'avait parlé à personne,  il n'avait pas osé adresser la parole à qui que ce soit, préférant le monde dans sa tête à cette réalité malade. Ce monde dans sa tête était si vaste, si beau et si terrifiant à la fois. Un monde qui de confondait entre ces fiction qu'il avait vu, ces personnes qu'il idolâtrait mais aussi confondu à sa réalité la plus sombre. Peu importe ce qu'il faisait dans sa tête tout finissais toujours mal. Alors comment diable pouvait-il espérer que dans la "vrai vie" ça finirait bien pour lui ?

Un réalité si fatiguante, si frustrante, bon sang pourquoi était-il là. Mais ça le fera, un jour ça ira mieux, c'est ce qu'il se répétait sans cesse.

Don't worry. Everything is going to be okay...

-----

Bonjour, bonsoir

L'aventure avance gentiment, je n'ai pas grand chose à raconter aujourd'hui mais ce n'est pas grave.

J'ai hâte de vous faire découvrir la suite.

Voilà voilà

La violence ou l'absence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant