Paradis de l'ennui 2

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"We only said goodbye with words
I died a hundred times
You go back to her
And I go back to black"
-Amy Winehouse back to black

L'espoir d'une vie parfaite

Ça y est c'était le weekend. Et d'ici une dizaine de minutes Pierre serait ici pour passer quelques heures. Ils allaient sans doute refaire le monde autour d'un café, c'était leur truc, s'imaginer ce que leur vie aurait pu être selon un petit changement dans une toute petite action. Des heures entières à chercher des possibilités de vie externe qu'ils auraient pu avoir. Et c'était seulement avec Pierre que Ben se lâchait, et inversement.

Depuis une petite heure et demie Ben tournait en rond, entre la terasse et sa chambre, son nouvel ami essayait de le faire s'asseoir pour qu'il destresse mais Ben continuait, alors lui le suivait. Et final un infirmier vint lui parler et lui proposa un medicament pour l'aider à calmer son esprit agiter. Un truc qui s'appelait quetiapine, et Benjamin le prit étant un peu déphasé. Le médicament fit effet et il fut plus calme, il pu attendre l'arrivée de Pierre tranquillement installé dans l'un des quelques fauteuil de la cafétéria.

Pierre arriva cinq minutes après ce qu'il avait dit à Ben, et évidemment Ben ne manqua pas de le charier là-dessus.

Mais Ben fit quelques choses qu'il ne pensait pas faire un jour, il s'approcha et fit une étreinte à son ami, elle dura quelques secondes ou les deux hommes savourait leur retrouvailles. Ça faisait deux semaines qu'il ne s'était pas vu, et les revoilà ensemble. Ce sera toujours eux deux contre le monde, même si ça ne faisait pas si longtemps qu'ils se connaissaient, mais ils avaient eut, comme qui dirait, un coup de foudre amical.

Et c'est ainsi que Ben et Pierre discutèrent durant quatres bonnes heures. Ils étaient restés posé à la même table sans bouger, et avaient partagé tout ce qu'il leur passait en tête.

"Dis Ben c'est quoi le meilleur souvenir de ton enfance? Pierre avait dit ça d'un coup, sans trop de raison et ça avait surpris Benjamin qui mis quelques secondes avant de répondre.

Honnêtement je sais pas trop, je pense que c'est tout ces moments que j'ai passé avec ma mère et ma soeur, ces soirées où, n'ayant pas assez d'argent pour sortir, on se posait juste tout les trois sur le canapé devant Malcolm. Tu te souviens de cette série qui passait à la télé avant ? Dans sa voix s'entendait une pointe de nostalgie. Il se dit qu'il avait peut-être oublié de mentionner l'attente interminable, et l'espoir incessant de voir son géniteur passer la porte. Et pour toi c'est quoi ?

Je dirais que c'est surtout toutes ses heures passées dehors avec mes amis, enfin ceux que je considéraient comment tel. Pierre soupira doucement, il regrettait d'avoir posé cette question, plein de mauvais souvenir lui revenait en tête"

Puis des sujets plus légers revinrent sur la table, ils riaient si fort que des yeux intrigués se tournaient pour les regarder. Surtout lorsque c'était le rire si étrange de Benjamin Verrichia qui résonnait.

Benjamin observait le doux visage de son ami, le soleil qui se posait légèrement sur ses cheveux mis long. Ses yeux bleus qui brillaient d'une lueur étrange. Mais surtout ce petit sourire qui étirait le coin de ses lèvres. À l'instant présent Ben le trouvait beau. Alors il continua de le détailer sans la moindre pudeur. Ce jour là Pierre portait un t-shirt bleu roi, avec un shirt en jean blanc assez large. Il avait le teint hâlé par le soleil, qui depuis quelques jours brillait.

Puis un doux silence s'installa, les deux jeunes hommes se sondaient, toujours de façon indiscrète. Ça dura plusieurs secondes avant que l'un des deux hommes ne reprenne la paroles. Ce fut d'ailleurs Pierre qui pris cette responsabilité là, dans un petit murmure il lui avoua simplement à quel point ce petit brun lui avais manqué.

Plusieurs heures qu'ils étaient là, dehors, assis à une petite table. L'or du soir commençait à tomber doucement, ce qui annonçait aussi le départ de Pierre. Même s'ils ne voulaient pas être séparé à nouveau, le choix ne leur appertenaient pas. C'était d'ailleurs un infirmier qui fit partir le blond après plusieurs demande de départ.

Et Benjamin retourna dans sa chambre, le coeur lourd d'être à nouveau seul ici. C'était pour lui la manière de revivre encore un peu ce moment, rester là, allongé dans son lit, à se repasser chaques mots qui ont été dit. Chaques sourires qui sont apparus, chaques rires qui ont résonnné. Il se sentait bien mais son ami lui manquait déjà.

Deux semaines qu'il était ici, il commençait petit à petit à aller mieux, mais ce n'était toujours pas le top du top.

C'est un être vide. Vide quand il n'a personne autour pour animer son corps et son esprit. Je l'ai tant observé de loin que j'en ai conclu que les gens vivaient à travers lui, comme s'ils lui insufflaient de la vie. Il vit en obéissant aveuglement aux attentes des personnes qui l'entourent. Mais le soir quand il est seul, il n'est qu'un amas de muscle, de peau, d'organes. Une masse inerte qui ne pense même plus. Il est doué pour faire croire aux autres qu'il est plein de vie. Il est doué pour faire vivre les autres à travers lui-même. 

Quand il est seul, il se contente de couvrir le silence de ses pensées avec de la musique. De couvrir son vide avec des vidéos. Il me fait peur, c'est comme si quelque chose en lui était mort il y a longtemps déjà. Mais il reste "en vie" pour donner l'illusion à ses proches qu'il va bien. Il sourit quand il est entouré, ri plus fort qu'il ne le faudrait, parle de sujet sans importance pour lui. Il ressemble à un clone de ce qu'il était autrefois. Il n'est plus qu'une pâle copie des autres.

Et pourtant la nuit il ne dort plus, profitant de ces heures de vide en plus. C'est étrange de se dire qu'il apprécie le vide uniquement la nuit. Ce vide l'effraie, je le vois au fond de ses yeux. Une tristesse immense émane de lui, de chaque parcelle de son corps. À moins que ce ne soit de la douleur ?

Je vois bien qu'il ne sait plus quoi faire pour reprendre vie quand il est seul. C'est tout simplement devenu un pantin dont chacun fait ce qu'il veut. Ça lui fait peur tout ça vous savez ?

Mais le pire dans tout ça c'est qu'il se déteste sûrement plus que vous ne le détestez. Alors laissez le tranquille quelque temps.

Le stylo retombé sur la table, le cahier refermé, Ben se jeta sur son lit. Il semblait tellement, mais tellement épuisé.

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Bonjour, bonsoir

Bon, bon j'ai pas grand chose à dire sur ce chapitre. À part peut-être que tout ce qui tourne autour de la vie dans l'hôpital, la prise des médicaments etc. est inspiré de mon propre vécu sur la question.

J'espère que ça vous plait toujours autant

Voilà voilà

La violence ou l'absence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant