Paradis de l'ennui 4

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"aujourd'hui j'te dis que tout est sous contrôle, demain j'te dirais que j'suis juste un peu accro"
Accro 7 Jaws

À chaque jour son ennui

Vendredi matin, vingt-neuf heures avant que Benjamin ne soit avec ses amis, le temps lui paraissait s'étendre à l'infini. Une infinité de rien, rien ne se passait ici, à part les cris et les coups dans les mur il n'y avait vraiment rien. Ça faisait que deux semaines qu'il était là, deux semaines à ne rien faire malgré la volonté, deux semaines que le plan pour sauver Pierre de son père était en pause.

Il se sentait tellement inutile, tout ce qu'il avait fait jusque là c'était ralentir l'avancement du projet liberté. Pourquoi diable était-il si incapables, ça en devenait tellement frustrant, mais le fait de voir Pierre dans vingt-neuf heures lui remontait le moral. Il avait envie de le voir maintenant, de le prendre dans ses bras jusqu'à ce qu'il se sente mieux. Ses bras, son parfum, sa façon d'être, tout lui faisait se sentir en sécurité, ce besoin qu'il n'avait jamais comblé avant ce bout d'homme.

Il ferma les yeux en se couchant à nouveau dans son lit, aujourd'hui allait être une journée merdique. Un long soupire s'échappa d'entre ses lèvres, il repensait à tout ce qu'il s'était passé au cours de l'année qui venait de s'écouler. Il y avait d'abord eu Eliott, cet homme qui était rapidement devenu un ami fiable et fidèle, puis Charle fut la deuxième personne à qui il s'était lié dans la ville lumière, un metisse de taille bien trop grande à son goût, mais qui était un soutien indéfectible malgré les mauvaises influences qu'il avait sur lui parfois. Ce fut ensuite Fred qu'il appris à supporter puis à apprécier, lui jouait simplement le calmant quand il partait dans des élans de rages. Et évidemment il y avait Léa, Léa et son sourire à couper le souffle, Léa et sa révulsion envers l'humanité, mais une fois qu'on apprenait à la connaître elle devenait la personne la plus douce de ce monde. Il avait aussi rencontré Guillaume même si pour le moment il ne se connaissait pas encore très bien.

Mais il y avait surtout Pierre, Pierre qui était devenu sa stabilité, qui était devenu sa source de joie. Pierre qui avait détruit toutes ses croyances en un coup de main. Pierre qui était cette main tendu pour chaque chute qu'il vivait. Pierre qui était tout simplement lui. Pierre qui d'un seul sourire arrivait à lui arracher un véritable sourire qui devenait rare.

Il y avait aussi de mauvais côtés à vivre dans cette grande ville, lui qui n'aimait pas se retrouver au milieu des gens, lui qui n'aimait pas le bruit de la vie, lui qui n'aimait pas sortir de son petit confort. Pour lui cette ville était devenu synonyme de terreur mais aussi de bonheur, c'était un mélange étonnant. Mais qu'est-ce qu'il aimait ce goût doux-amère qui se dégageait de cette nouvel vie, il avait décidé de laisser ses anciennes angoisses derrière lui, dans son petit village.

Il restait vingt-six heures et Benjamin se sentait nostalgique, quel beau mot. Un mélange de douleur et de passé. La douleur d'une époque trop belle pour être vrai, pour lui il s'agissait simplement de cette courte période où il avait pu profiter d'un temps calme avec ses amis. Le calme avant la tempête se dit-il. Ses amis étaient restés les même et pourtant plus rien n'était pareil. Et il avait peur de tout ça. Mais il ne faut pas s'inquiéter. Tout ira bien. Du moins c'est ce qu'il se répétait espérant que cela devienne réalité.

Il restait encore vingt-six heures d'attente, tant de temps à ne rien faire. Alors il décida de se relever, de descendre prendre un peu l'air, évidemment il se mit à l'écart des gens, sur le côté du centre hospitalier à l'ombre. Il mit ses écouteurs et lança une des quelques vidéos qu'il avait tourné avec Pierre. Il se sentait tellement seul bon sang.

Il vit au loin la seule personne avec qui il avait parlé passer, il voulu aller le saluer mais il n'osait pas. Alors il n'en fit rien. Mais ça c'était sans compter sur Eden qui vint de lui-même avec un grand sourire à peine dissimuler.

La fin de la matiné passa un peu plus rapidement que le reste, il restait maintenant vingt-quatre heures. Une journée à subir l'ennui et la solitude.
Il aurait voulu haïr cet endroit mais il en était incapable, après tout il était ici pour se faire aider.

Les secondes semblaient durer une éternité, Benjamin était enfermé dans un calme absurde pour l'endroit dans lequel il se trouvait. Un silence atmosphérique dans un lieu censé regrouper les fous, c'était une drôle d'image tout de  même. La folie des hommes ici était à la fois dérangeante et fascinante.

Vingt-deux heures restantes, moins d'un jour à attendre tout en priant pour que, pour une fois, Pierre soit à l'heure. Mais il savait qu'il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Pierre restait Pierre peu importe l'importance de sa présence à l'heure où non. Mais pour le moment il n'était pas question de ça, il devait encore attendre.

Plus que dix-neuf heures, il était actuellement l'heure du repas et Benjamin était assis seul à une table, écouteur sur les oreilles, espérant oublié le monde qui l'entourait. Ça ne marchait pas très bien, mais au moins il occupait son esprit. Il était addicte à sa liberté, mais même ça il ne l'avait plus.

C'était un gamin sensible et perdu, juste un gamin au final. Il avait souvent du mal à communiquer et dire que les choses le dérangeaient, mais il était souvent trop honnête sur certain sujet. Ce n'était qu'un simple enfant totalement perdu, comme une impression d'être seul dans un parking à attendre despérément que quelqu'un vienne le chercher où lui tende simplement la main. Mais ça n'arrivait que dans les films.

Tout était si dérisoire, il suffirait pourtant juste de s'asseoir à côté de ce passant, sur ce banc, et discuter de tout et de rien. De voir un sourire sur un visage, ou laisser un petit quelque chose à quelqu'un pour qu'un bout de soi-même soit à jamais entre les mains de cette personne croisé au hasard, au détour d'une conversation interrompu. Laisser un bout de sa personne, en étant sûr de ne jamais revoir celle-ci,  C'était sa façon d'apprécier la vie et de vivre éternellement. Il avait pris cette habitude là.

Il aimait cette vie, mais malheureusement aimer n'était jamais sans condition, et pour Ben il y avait beaucoup de condition à cet amour. Il avait d'ailleurs fini par penser que l'abandon de son paternel faisait parti de ces conditions. Mais de l'autre côté il se disait que si son père avait été là, il n'aurait jamais rencontré ce groupe de personne en or, ces amis qui lui étaient loyal en tout temps, mais il y avait surtout Pierre. Le seul point commun qu'ils avaient en se rencontrant c'était des pères pourris jusque la moelle, et c'était surement ça qui les avait tant rapproché.

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Bonjour, bonsoir

Je me demandais si pour vous le rythme auquel l'histoire avance n'est pas trop lente. Si c'est le cas je peux toujours accelérer le tout, sinon on continue sur notre lancée.

Sinon j'espère que ça vous plait toujours autant

Je tiens aussi à vous dire que je vais faire une pause durant quelques temps. Étant en vacances j'ai publié tout les chapitres que j'avais en avance sans vraiment avancer sur le suite. Je pense donc pas publier avant quelques semaine.

Voilà voilà

La violence ou l'absence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant