Chapitre 5

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- Alors... Je ne savais pas que t'étais une cancre, Murphy.

  Je fusillai Félix du regard et lui donnai un coup dans le tibia. Son visage se crispa sans qu'il n'arrête de sourire pour autant.

- Et moi, je ne savais pas que tu étais aussi fort en français ! Les skateurs ne sont pas censés être des crétins illettrés ? répliquai-je d'un ton cinglant.

  Il rit. Insupportable. Cela faisait à peine trente secondes que nous étions sortis de la classe qu'il me tapait déjà sur le système. Comment allais-je faire pour le supporter toute l'année ?

- Il faut croire que je suis l'exception qui confirme la règle, puisque j'ai reçu la mission de te mettre un peu de plomb dans la cervelle, microbe.

  Je me plantai devant lui et levai la tête pour le regarder droit dans les yeux, fulminante.

- Je n'ai absolument pas besoin de toi pour ça, c'est clair ? Trouduc, crachai-je en le poussant pour sortir du bâtiment.

- Eh, pas si vite, Murphy !

  Il me rattrapa alors que je poussais la porte et me tira le t-shirt. Je lui enfonçai mon coude dans les côtes. Il grogna.

- Bon sang, t'as pas fini de me frapper à tout bout de champ ? Ça fait un mal de chien.

  Cet aveu me poussa à appuyer un peu plus. J'avais un plaisir légèrement malsain à l'idée de lui faire mal ; j'étais en position de force. Tu n'as que ce que tu mérites, bouffon.

- Lâche mon t-shirt et j'arrête.

- OK, OK, capitula-t-il en levant les mains en l'air. Mais tu n'as pas intérêt à partir. Je te rappelle que t'as signé la charte. Que tu le veuilles ou non, tu es obligée de rester avec moi une heure.

  Toujours la main sur la poignée, la porte ouverte, j'hésitai longtemps avant de la refermer. L'idée de m'enfuir était très tentante, mais je n'aimais pas briser mes promesses, et les paroles de mon prof de math ne cessaient de résonner dans ma tête ; je devais faire un effort pour mieux me comporter.

- Très bien, râlai-je. On va où ?

  Félix sourit. Je ne le sentais pas vraiment.

- Dans un endroit calme ?

  Je plissai les yeux. Il soutint mon regard avec, comme toujours, une lueur pétillante de malice qui éclairait ses pupilles. Ce mec est vraiment bizarre.

- Si tu tentes quoi que ce soit, je t'arrache les dents.

  Il éclata de rire. Je fronçai les sourcils. Avais-je dit quelque chose d'assez drôle pour qu'il se torde de rire au point de finir au sol ? Après plusieurs minutes à se rouler par terre, je décrétai qu'il s'était bien assez fichu de moi.

- Debout, sifflai-je.

- Désolé, souffla-t-il entre deux crises de rire. C'est juste que tu n'es pas vraiment mon style. Jamais je ne m'aventurerais à draguer un dragon. Il ne faut pas jouer avec le feu.

  Je serrai les poings. Bon sang, ce qu'il m'énervait ! Mon coup de pied sembla le faire revenir à la réalité. Il laissa échapper un gémissement de douleur et grimaça.

- Sérieux, il faut vraiment que t'arrêtes de faire ça ! Je vais ressembler à quoi avec autant de bleus, moi ?

- T'as qu'à te lever, crétin.

  Félix haussa un sourcil, un sourire en coin.

- Tu n'es jamais de bonne humeur ?

- Ça te pose un problème ? répliquai-je en croisant les bras. La prof ne t'a pas demandé de me faire rire mais de me faire travailler. Alors fais ton boulot.

Lucky MurphyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant