Chapitre 12

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- Alors, microbe, bien dormi ?

   Ses yeux métalliques me fixaient d'un regard doux et un sourire radieux se dessinait sur son visage. Je tendis ma main vers lui... Et une immense douleur se propagea dans ma tête. J'ouvris brusquement les yeux. C'était un rêve. Un putain de rêve de merde.

- Merde, Murphy, grogna Félix. Qu'est-ce que tu fous dès le matin ? Tu m'as fait mal !

   Son ton extrêmement aimable me ramena à la réalité. J'étais face au véritable Félix, et son air renfrogné à quelques centimètres de mon visage dissipa instantanément sa version imaginaire, bien trop étrange à mon goût. Je le fixai en grimaçant. Oui, j'étais heureuse de retrouver sa tête d'idiot. Sa tête d'idiot d'ailleurs vraiment très proche de moi. Trop proche.

- Pourquoi t'es collé à moi, bouffon ? Pousse-toi un peu, je vais être contaminée par ta débilité.

   Il se rapprocha encore un peu plus en plissant les yeux. Il était si près que je voyais mon reflet dans ses prunelles grises. Mes cheveux sont un vrai nid d'oiseaux.

- Tu te fiches pas un peu de moi, là ?

- Quoi ? pestai-je.

- Tu es incapable de reste tranquillement dans un lit et tu me réveilles en me tombant dessus la tête la première, me laissant au passage une bosse si énorme sur le front qu'on me confondrait avec une licorne et tu oses dire que c'est moi qui te dérange ?

   Je baissai les yeux. Effectivement, j'étais bien sur son matelas. Nos jambes étaient empêtrées dans la couette et mon coude planté dans son abdomen. Son front était également bien doté d'un gyrophare rouge pétant, et la douleur fulgurante qui traversa mon crâne lorsque j'effleurai le mien me permis de constater qu'il était dans le même état. Devant son air énervant, toujours bien trop près de moi, je gardai l'expression la plus neutre possible. Sans crier gare, aussi rapide que l'éclair, j'appuyai sur sa bosse comme sur un buzzer. Il hurla. Un peu comme un animal à l'agonie. J'explosai de rire.

- Mais t'es complètement folle ! Tu veux ma mort ?

- Quelle Drama Queen, raillai-je.

   Il appuya sur ma bosse, et je ne pus retenir un gémissement de douleur. Je ripostai aussitôt. La même scène se répéta plusieurs fois, puis j'attrapai son oreiller et le frappai de toutes mes forces avec. Il me l'arracha des mains pour l'envoyer à l'autre bout de sa chambre et il tira sur mes jambes. Déséquilibrée, je retombai sur son matelas. Avant que je ne puisse rien faire, il m'enroula dans sa couette comme un saucisson, les bras le long du corps, pour que je ne puisse pas me dégager. Il ficela le tout avec un élastique pour le sport et, emmaillotée dans cette couverture bien trop épaisse, je fus incapable défaire mes liens. Il avait gagné. Et c'était un peu humiliant. Mais le pire fut quand il me porta pour me déplacer dans un coin de sa chambre, par terre, et face au mur.

- Ça, c'est pour m'avoir réveillé si tôt et pratiquement ouvert le crâne.

- T'es sérieux ? Détache-moi, espèce de sale-

   Un nouvel oreiller m'arriva en pleine tête.

- Tu n'es pas vraiment dans une bonne position pour m'insulter, microbe.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? me moquai-je.

- Ça.

   Il attrapa son portable et prit un selfie de nous deux, lui avec un grand sourire et moi, complètement enragée.

- C'est parfait avec cette tête, Murphy ! Si tu pouvais juste baisser un peu plus le menton... Je pense que tu serais encore plus effrayante. Ah, c'est dommage qu'Halloween soit déjà passé, tu aurais été terrifiante dans cet accoutrement.

Lucky MurphyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant