Chapitre 18

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   Les jours suivant mon dernier échange avec Félix me parurent très étranges pour deux raisons. Tout d'abord, je n'avais vu quasiment personne -seulement Julie en coup de vent dans un couloir, ce qui me rappelait beaucoup le temps où j'étais absolument seule ; la présence de Félix étant si imposante que ne pas l'avoir à mes côtés me laissait un grand vide. J'en conclus qu'il me manquait. Cependant, et nous arrivions à la deuxième raison, ne pas le voir fit un bien fou à ma santé mentale, et me permit de me concentrer légèrement plus lorsque j'arrivai à la première partie du concours de mathématiques. Que je réussis, d'ailleurs, sans aucun problème.

   J'en étais presque étonnée, vu l'inquiétude de monsieur Mason face à mon détachement de ces derniers temps. Et voilà quelle était ma deuxième conclusion face à cette semaine plus qu'étrange : pour que mon prof de maths en arrive à paniquer pour ma réussite à ce concours qui, à mon avis, n'avait été créé que dans le but de faire un léger premier tri, c'est qu'à cause de cet imbécile de Félix, j'avais dû paraître aussi étrange que la semaine qui venait de passer.

   Et, évidemment, pour rester dans le thème de ces derniers jours, c'était ce week-end que mon père, que j'avais aimablement accepté de voir, avait décidé de faire son apparition. Et au fur et à mesure que nous approchions du moment fatidique où nous devrions nous rencontrer, mon stress et ma colère n'avaient fait que monter en flèche, à tel point que je finis par me faire la réflexion que cacher les sentiments que j'éprouvais envers mon père allait être une tâche plus ardue encore que celle de cacher ceux que j'avais pour Félix. Troisième conclusion : j'étais dans une merde exécrable.

   Mon portable sonna plusieurs fois d'affilée.

Bon courage, Murphy ! Si tu es trop mal à l'aise, tu sais où j'habite.

   Je me surpris à sourire comme une idiote devant le message de Félix. Enfin, même si cette attention déclencha une nouvelle vague de papillons guerriers dans mon ventre, je n'étais pas sûre que me retrouver chez lui en cas de problème allait arranger les choses. J'avais d'ailleurs prétexté la veille être trop fatiguée pour pouvoir dormir chez lui, ce qui m'avait évité une autre raison de stresser. Je passai ensuite au second message. C'était ma mère.

Coucou ma chérie, je sais que ça te stresse, mais essaye de bien te comporter ! Si ça se passe bien, je te paye une glace la prochaine fois qu'on se voit !

   Je pianotai furieusement sur mon portable.

Arrête de te ficher de moi ! Je suis pas une gamine, je sais parfaitement me tenir quelques heures !

   Sa réponse arriva quelques minutes plus tard.

Ah oui ?

   J'envoyai mon portable valser sur mon lit. Je détestais lorsqu'elle se moquait de moi comme ça. Cependant, je n'eus pas le temps de torturer mon pauvre téléphone à défaut de pouvoir répliquer quelque chose à ma mère , car j'entendis la sonnerie retentir dans le silence de la maison. Je me glaçai ; mon père était arrivé.

Félix, mon heure a sonné. Heureuse de t'avoir rencontré.

   Je n'attendis pas sa réponse et dévalai les escaliers pour aller ouvrir. Intérieurement, je priais pour que, comme par magie, lorsque j'aurais ouvert la porte, il n'y aurait eu personne derrière. Mais, malheureusement, ce ne fut pas le cas, et je me retrouvai face au regard désolé de mon père.

- Hi, Lucky. It's been a long time.

   Le timbre de sa voix était tellement résigné qu'une boule se forma dans ma gorge. Les paroles de ma mère résonnèrent dans ma tête sans que je n'ai rien demandé. Il a toujours été un père extraordinaire. Bon sang, je n'allais tout de même pas en venir à regretter mon comportement, si ? Je baissai les yeux pour éviter son regard, ayant trop peur que cela n'arrive.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 26 ⏰

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Lucky MurphyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant