Chapitre 13

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   Écoutant les frottements de la craie sur le tableau, j'attendais que monsieur Masson finisse d'écrire l'énoncé de l'exercice. Depuis qu'il avait compris que j'avais de véritables capacités en maths et que je lui avais promis de faire des efforts pour être plus respectueuse avec les autres professeurs, je suivais son cours avec beaucoup plus d'attention et d'envie. Il m'avait redonné envie de m'impliquer dans mes études. J'avais d'ailleurs réussi à bien remonter mes notes, même si celles de français se limitaient à la moyenne. Enfin, c'était toujours mieux qu'avant.

   Les bruits de craie s'arrêtèrent et je me mis à recopier le problème, impatiente de le résoudre. Alors que j'en venais à bout, le prof, qui passait dans les rangs, s'arrêta à ma hauteur.

- Lucky, tu pourras rester cinq minutes à la fin de l'heure, s'il te plaît ? J'ai deux mots à te dire.

   Je hochai la tête et retournai à mon exercice sans remarquer les regards curieux ou jaloux de mes camarades de classe. Le reste de l'heure passa rapidement, et lorsqu'enfin monsieur Masson m'expliqua pourquoi il m'avait demandé de rester un peu plus longtemps, je me mis à trépigner de joie.

- Lucky, tu as déjà entendu parler du concours de maths inter-lycée ?

   Je secouai négativement la tête.

- C'est un concours national entre tous les lycées de France auquel participent les élèves volontaires. Il y a d'abord une épreuve au niveau départemental, puis régional, et, si tu as la chance d'arriver en finale, l'épreuve se fait entre tous les lycéens premiers de leur région. J'aimerais t'y inscrire. Ça te plairait ?

   Un grand sourire s'empara de mes lèvres.

- Vous êtes sérieux ? Vous me proposez vraiment de participer ?

   Il acquiesça.

- Je pense que tu es capable d'aller très loin.

- Je ne ferai pas qu'aller très loin, monsieur. Je gagnerai le concours !

   Il rit et me tendit la feuille d'inscription.

- Tu es très motivée, c'est bien ! Tu as conscience que ce concours va te rajouter beaucoup de travail, n'est-ce pas ?

- Ça ne me fait pas peur.

- Alors je te laisse me rendre la feuille d'inscription le plus tôt possible. Elle doit aussi être signée par un de tes représentants légaux.

   Je lui pris la feuille des mains. Effectivement, la signature d'un de mes parents était obligatoire. Merde, ma mère ne rentre que ce week-end !

- C'est toujours bon si je vous la rends lundi prochain ? Ma mère n'est pas là de la semaine.

- Alors lundi dernier délais !

- Merci, monsieur ! Bonne journée !

   Je filai en anglais, un sourire aux lèvres. La prof ne me fit aucune remarque ; elle avait probablement été prévenue en amont. Quant aux élèves, ils me suivirent du regard jusqu'à ce que je m'installe à ma place. C'était ridicule. Leur comportement me refroidit un peu. Leur vie était-elle si peu intéressante qu'ils ressentaient le besoin de fouiner dans celle des autres ?

- Eh, Lucky, m'interpella le garçon assis devant moi. Il t'a dit quoi, le prof ?

   Je le dévisageai de haut en bas, mon agacement se reflétant sûrement sur mon visage, hésitant entre lui foutre un vent monumental ou lui répondre pour qu'il me fiche la paix, tout comme les autres élèves qui écoutaient avidement notre conversation.

Lucky MurphyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant