Chapitre 14 : Bilan

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— Les remises des prix par équipe se sont terminées comme ça. Ensuite, c'était l'heure du moment le plus attendu. Les remises des prix des performances individuelles. C'est là qu'on va voir qui a été le meilleur et qui a été à la ramasse. Le podium gris-blanc avec les trois marches se dressait devant nous. Avec le 3 en bronze, le 2 en argent. Le 1 en or. Nous, on était devant par équipe.

— Alors ?

— Comme d'habitude. Le micro a commencé par adresser ses félicitations de politesse à tous les coureurs. Ensuite, il a annoncé qu'il allait appelé les dix premiers de la compétition, les dix meilleures notes du jury, du dixième au premier. Les sept premiers étaient invités à s'avancer à l'annonce de leur nom : les trois premiers, à monter sur la marche correspondante du podium. N'importe qui peut être appelé parce qu'on ne sait pas comment ils ont compté leurs points. Du coup, on se dit tous : « il va peut-être m'appeler ».

— Comme je comprends ! 

— Le dixième a été appelé, un membre de l'autre équipe. On l'a applaudi et il s'est avancé. Puis le neuvième, un membre de mon équipe. Ensuite le huitième, le septième. Le sixième. Le cinquième. La moitié était de mon équipe, l'autre moitié la leur. Le quatrième était de l'autre équipe.

— Thomas était dans ceux-là ?

— Thomas, c'était le cinquième.

— Ah oui ? Et Mathis ?

— Mathis, il n'était pas dans les dix premiers. 

— Ah oui ?

— Je continue ?

— Et comment.

— Le troisième était de l'autre équipe, repris-je. Il s'est mis sur la troisième marche du podium.

— Je me demande ce qu'il a ressenti, rêva-t-il. 

— Le deuxième...

— Oui ?

— ... encore de mon équipe. Il s'est mis sur la deuxième marche du podium.

— Logique.

— Enfin, le premier...

— On y est !

— Le premier était...

— Le premier était qui ?

— Le premier, c'était moi. Je suis monté sur la première marche du podium.

Quand au stade, j'avais entendu mon nom et aperçu tous les regards se tourner vers moi, je m'étais contenté d'esquisser un sourire : mes amis m'avaient tapé dans le dos et joyeusement poussé vers le podium ; sur mon passage j'entendais des « Félicitations » et des « Bravo », et mon pas lent passait pour un pas modeste. Je montai à la place victorieuse sous la musique des meilleurs applaudissements de l'après-midi. Ces images souriantes et dorées se montrèrent à l'imagination de Noé. Tout en lui s'illumina comme s'il était le vrai vainqueur, il éclata de joie et déversa son excitation dans ses fleuves habituels de mots :

— Ange ! Je le savais, je savais que tu serais le meilleur, insista-t-il en se redressant d'une façon qui m'indiquait que s'il avait pu sauter sur place, il l'aurait fait ; ça ne pouvait être que toi, que toi ! J'étais certain que ça ne pouvait pas en être autrement, parce que tu es comme un personnage principal ! Il n'y avait que toi dans cette compétition qui pouvait obtenir les meilleurs résultats !

Je ne le grondai pas d'avoir hurlé. Cependant, je secouai la tête en objectant que ce n'était pas grand-chose. J'avais entendu dire une fois que c'était à la modestie qu'on reconnaissait les grands champions et, quelque part, j'avais envie d'y croire.

Ange et NoéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant