Depuis leur discussion près des Arènes, Adallia n'avait cessé de repenser à ce que lui avait dit BIDI-O à propos de la peinture de Koutcha. La jeune femme avait bien tenté de profiter des compétitions sportives organisées au sein de l'Académie pour se changer les idées, mais son esprit était de nouveau accaparé par ses recherches. Et comme Kaïlye passait la plupart de son temps avec Sihryme et que BIDI-O bidouillait et expérimentait sa propre moto-jet, Adallia n'avait pas grand-chose d'autre à faire.
La jeune femme s'employa donc les jours suivants à présenter la peinture à ses collègues de la Faculté d'Histoire pour avoir leurs points de vue. Cependant, quelque que fussent les espèces et les civilisations sur lesquels ces spécialistes travaillaient, aucun d'entre eux ne parvint à identifier de détail iconographique caractéristique d'une aire géogalactico-culturelle précise. Les êtres biologiques qui entouraient les machines au sein des assemblées de la peinture étaient difficilement distinguables. Quant à leurs vêtements, leurs postures et leurs attributs, rien n'indiquait leur fonction précise, à part le simple fait qu'ils étaient spectateur d'une scène iconique et qu'ils portaient au visage un masque avec le même symbole chimérique que celui représenté sur le plastron des êtres cybernétiques.
Là encore, personne n'avait rien vu de tel. Certains des collègues historiens d'Adallia avancèrent même l'idée qu'il pouvait s'agir d'une fausse peinture imitant une œuvre ancienne. Pour s'en assurer, la jeune femme alla jusqu'à faire analyser les images par des cyber-robots archivistes du Temple. À son grand soulagement, ces derniers ne remirent pas en cause l'authenticité de la pièce, mais ne trouvèrent pas pour autant de correspondance avec des images connues et répertoriées. Adallia comprit qu'il ne serait pas aisé d'identifier l'origine de la peinture, et que celle-ci avait pu se retrouver fortuitement sur le marché d'art de Koutcha, avant de tomber entre les mains des Assegaï.
Et alors qu'Adallia désespérait une fois de plus de pouvoir progresser dans son travail, l'un de ses confrères, spécialisé en études théologiques, lui proposa d'aborder les choses sous un autre angle et de se concentrer plutôt sur la dimension religieuse de l'œuvre. Il lui conseilla de s'imaginer à la place des artistes et de chercher quel particularisme cybernétique avait pu être transposé iconographiquement afin de conférer aux machines une certaine spiritualité. Ainsi, l'identification du procédé pourrait aboutir à celle des images, puis de l'origine de la peinture toute entière. Adallia trouva l'approche originale, car elle n'était ni experte en iconographie ni en religion, et était curieuse de comprendre l'exercice qui consistait à retranscrire des principes philosophiques et métaphysiques dans l'art.
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Le Potentiel cybernétique
Science FictionAdallia est enseignante-chercheuse, elle travaille au sein d'une académie de la Confédération spécialisée dans les relations entre les Humains et les autres espèces de la Galaxie. La jeune femme étudie la façon dont les êtres cybernétiques les plus...