~ Chapitre 8 ~

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Pdv Ely


Mon poing s'abat une énième fois contre le sac de frappe de mon garage et un cri terrifié déchire la pièce. Je me retourne, de la sueur dégoulinant le long de mon front et je retire avec rage mes gants de boxe.

Olivia se tient dans l'embrasure de la porte et me regarde, apeurée. Elle s'apprête à accourir vers moi pour soigner mes poings ensanglantés malgré les gants, mais je lui fais comprendre d'un geste de la main de rester où elle est. Au bord des larmes, elle murmure :

- Ely, tu ne peux pas toujours tout contrôler tu sais. Je comprends ta frustration et, crois-moi, il ne te fera rien. Nous allons demander une mesure d'éloignement. Il n'aura pas d'autre choix que de rester loin de toi.

- Ce n'est pas pour moi que j'ai peur, Olivia. j'explose en passant une serviette sur mon front puis sur mes épaules nues. Je veux juste que ce putain d'enfoiré qui a tué ma mère pourrisse en taule !

Olivia sursaute car, au moment où je prononce ces mots, mes poings frappent violemment le sac de frappe une fois de plus. Mes muscles se détendent légèrement quand les mains d'Olivia se posent sur mes épaules et commencent à me masser.

- Olivia, je suis sérieux. Ce fils de pute ne doit pas sortir. Il est dangereux et je pourrais peut-être bien le devenir également si mon géniteur à la con sort de cette prison.

Je fais une pause et soupire. Olivia me retourne et sa main se presse contre ma joue. Je m'appuie sur celle-ci, les yeux brillants de larmes de haine. Elle me sourit de manière compatissante et ajoute lentement :

- Je ne suis peut-être pas ta génitrice Ely mais je t'ai élevé comme mon fils depuis que tu as 10 ans : tu es un Brown. Et je sais tout ce que ton père t'as fait subir et tout ce que tu as enduré pendant toutes ces années Et tu n'es pas comme cet homme.

- Ce gars-là n'est pas mon père, je la coupe, c'est Mattew mon père. C'est lui ma figure paternelle. C'est vous qui m'avez élevé. C'est vous mes parents.

Elle sourit chaleureusement et me sert dans ses bras. Quand elle se recule, j'essuie délicatement ses joues humides. Je ne remercierai jamais assez ce couple pour ce qu'ils ont fait pour moi.

**

Pdv Hope


Je traîne dans mon lit devant un film quand mon téléphone sonne sur ma cuisse. Mon coeur rate un battement quand j'aperçois le prénom d'Ely qui s'affiche. Sans réfléchir plus longtemps, j'appuie pour décrocher.

- Allô ?

... aucune réponse.

- Ely ?

Toujours rien. Je m'apprête à raccrocher, pensant que c'est soit une erreur, soit il se paie vraiment de ma tête quand un son à l'autre bout du combiné m'interpelle. Je me redresse dans mon lit.

- Ely est-ce que ça va ?

Puis, le néant. Il a raccroché. J'aurais pu jurer que c'étaient des sanglots que j'ai entendus. Je me lève à la hâte et fonce dans la salle de bain tout en rappelant Ely mais il ignore mes appels. Je ne laisse pas de message vocal mais lui envoie le SMS suivant : « je ne sais pas ce qu'il se passe mais j'espère que tu es chez toi, ne bouge pas, j'arrive »

*

Après avoir rapidement enfilé un short et un débardeur, je noue mes baskets et je dévale les escaliers.

Arrivée dans le hall, je crie à mon oncle que je vais retrouver des amis et fonce hors de la maison en claquant la porte à la volée. Ely n'habite pas si loin que ça de chez moi mais je serai trop longue à pied. Je saisis donc mon téléphone et commande un Uber.

*

Je me jette hors de la voiture en bredouillant un "merci au revoir !" rapide. Bon, il faut vraiment que je me calme. Ce n'est peut-être pas si grave et si ça se trouve je me fais juste des films depuis le début.

Je sors mon téléphone de ma poche et rappelle Ely une dernière fois. Toujours pas de réponse. Mais cette fois, sa messagerie ne sonne pas : il a éteint son téléphone. Je m'apprête à toquer à sa porte d'entrée quand celle-ci s'ouvre en grand. Ely se tient debout devant moi, dans l'entrebâillement de la porte. Il a les yeux rouges et gonflés, des cernes de trois kilomètres et les phalanges ouvertes. Je porte une main à ma bouche en silence devant cette vision de ce jeune homme habituellement fier et souriant.

Il n'attend pas une seconde de plus et me surprend en s'agrippant à moi. Il me serre de toutes ses forces dans ses bras et je sursaute en faisant tomber mon téléphone. Surprise, je noue malgré tout à mon tour mes bras autour de lui et le laisse me serrer contre son corps. Sa respiration devient saccadée et je comprends alors qu'il éclate en sanglots dans mes bras. Le voir ainsi me fait de la peine.

Alors que ses épaules se secouent au rythme de ses sanglots, je passe mes mains autour de sa nuque et commence à caresser la racine de ses cheveux tout en essayant de calmer ses spasmes. Ce geste à l'air de le calmer un peu car il affaiblit un peu son étreinte.

J'ignore la cause de ses larmes mais je ne supporte pas de le voir aussi mal. Mon coeur se serre quand il me cale encore plus contre lui, posant sa tête sur mon épaule. Il pleure à chaudes larmes dans mon cou et j'ignore le temps que nous passons ainsi. Sur le seuil de sa maison, mon portable au sol, dans les bras l'un de l'autre.

Finalement, il se dégage légèrement et je lui fais un faible sourire. Il a arrêté de pleurer mais ses joues sont toujours humides. Je passe ma main sur celles-ci pour le réconforter et il presse ma main de la sienne contre sa joue. Je ne bouge plus. Non seulement parce qu'il tient ma main et que cela m'empêche de la retirer mais aussi parce que je sais qu'il a actuellement besoin de ce contact.

A ce moment-là, je me rends compte à quel point Ely a une place importante pour moi. Je sais de toute manière que, oui, je ne suis pas insensible à sa personne, à ses gestes et à ses paroles.

J'espère simplement ne pas tomber amoureuse parce que je sais pertinemment que cela me brisera le coeur.

HopelyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant