~ Chapitre 14 ~

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Pdv Ely


Je suis assis derrière le plexiglas et attends nerveusement que mon géniteur se présente face à moi. Je ne tiens pas en place sur le siège inconfortable et craque mes doigts en regardant sans arrêt vers le long couloir qui mène aux différentes cellules.

Il n'y a presque personne : cela ne fait que 30 minutes que les heures de visites ont commencé. Une femme décroche le téléphone dans l'espace de rencontre à côté de moi et je devine qu'elle est à deux doigts de pleurer, une autre femme plus âgée est assise en face d'elle.

En regardant autour de moi, je me rends compte que je suis sans doute un des seuls mineurs à me pointer ici.

Lorsque j'ai annoncé mon nom et qui je venais voir, la secrétaire à l'accueil a blêmi et m'a complètement dévisagé : mon père ne doit pas avoir pour habitude de recevoir des visiteurs.

Après quoi, elle m'a indiqué l'étage en balbutiant et un gardien m'a escorté jusqu'au parloir où je patiente depuis au moins un bon quart d'heure. Je fixe l'horloge pour m'aider à me calmer.

- Monsieur Brown ? Le détenu est prêt à vous rencontrer.

Je tourne la tête et aperçoit un homme escorté par un agent s'approcher de moi de l'autre côté de la vitre. Je me redresse sur mon assise et avale difficilement ma salive. Mon père s'assoit en face de moi en silence et l'agent s'éloigne de quelques pas tout en restant à une distance raisonnable pour pouvoir entendre chaque bribe de notre conversation future.

Je scrute avec dégoût l'homme assis à moins d'un mètre de moi : il a des pupilles sombres qui me rappellent l'air méchant qu'il avait quand il me regardait quand j'étais gosse, le crâne rasé et une barbe de trois jours.

Il ne dit toujours rien mais esquisse un rictus mauvais en levant un de ses sourcils broussailleux. Il m'a reconnu, c'est certain. Pourtant, il ne paraît pas si surpris que ça de me voir ici.

Il tend une main vers le combiné fixé sur le mur à ses côtés, le décroche et vient le loger contre son oreille. Méfiant, je l'imite.

- Salut gamin.

Sa voix est rocailleuse comme celle que j'ai entendu à travers le téléphone et cela a le don de me donner la chair de poule.

Je ferme les paupières une seconde et me mords la joue quand des images de sa main me charcutant ou me brûlant avec ses joints consommés par dizaines chaque jour parviennent à mon esprit. J'aurais mieux fait de venir ici totalement saoul...

Comme je ne réponds pas, il enchaîne sèchement avec un signe de tête, comme un reproche :

- Qu'est-ce que tu fous là ? Tu as genre... Quoi ? 18 piges ? Tu n'as pas...

- 17 ! je le coupe brusquement.

- Ouais, peu importe.

Il balaie cette information d'un revers de main comme si cela n'avait aucune importance et je ne réponds rien. Je serre les poings et refoule les larmes qui me brûlent les yeux. Si la vitre en plexiglas ne nous séparait pas, j'aurais juré qu'il m'aurait sauté à la gorge pour me punir d'avoir haussé le ton face à lui.

- Bref, enchaîne-t-il. Qu'est-ce que tu veux Ely ? Du fric ? Je n'en ai pas : tu m'as tout pris en m'envoyant derrière ces barreaux, accuse-t-il en me pointant du doigt d'un air menaçant.

- C'est toi qui m'a gentiment passé un coup de fil cette nuit pour m'annoncer que tu allais sans doute bientôt sortir. Je te jure que, si tu sors, je te retrouverai et je me vengerai. Je suis venu ici pour m'assurer que tu finiras ta vie à croupir dans ta cellule ! Je sais que la justice à la con est sur le point d'accepter de te faire sortir mais je te promets que je m'occuperai de ton cas et que tu pourriras dans cette prison jusqu'à la fin de tes putains de jours !

Je m'exprime avec de grands gestes, ce qui attire l'attention des gardiens de mon côté. L'homme s'approche de moi et m'attrape par les épaules en me tirant en arrière.

- Monsieur Brown, il va falloir vous calmer ou on va devoir vous demander de sortir.

Je ne l'écoute pas et continue de crier :

- Je te déteste ! T'imagines même pas tous les maux dont je souffre dont t'es le putain de responsable !

Le gardien m'attire vers lui et je me laisse faire, fixant le sourire figé sur le visage de mon géniteur tandis qu'un homme lui réenfile des menottes.

Le gardien m'escorte jusque dans le hall tout encontinuant à me parler pour essayer de me calmer. Je regarde le vide en silenceet le gardien insiste jusqu'à ce que je me laisse emmener dehors.

HopelyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant