Hopely

~ Chapitre 13 ~

Pdv Ely

Mon téléphone vibre contre ma cuisse et j'ouvre brusquement les yeux. Où suis-je ? Alors que j'essaie d'éteindre mon téléphone, je prends conscience de la main de Hope dans mes cheveux. Mon dieu... C'est vrai ! J'ai la tête posée sur son estomac et elle dort à poings fermés. Mes yeux me piquent et je les frotte vigoureusement de mes paumes. Mon bras droit est complètement engourdi.

Je me redresse doucement pour ne pas réveiller Hope qui s'est endormie assise contre sa tête de lit. Je saisis alors mon téléphone et regarde l'heure ainsi que l'origine des vibrations. Il est 3 heures du matin et la luminosité de l'appareil m'éblouit. J'ai un appel manqué d'un numéro inconnu. Au même moment, mon téléphone se remet à vibrer et le numéro apparait de nouveau. Je m'extirpe du lit de Hope et m'éclipse dans le couloir en prenant l'appel.

- Allo ?

- Alors, content de bientôt me retrouver après toutes ces années ?

La voix est rocailleuse et me glace le sang : je reconnais immédiatement l'identité de l'interlocuteur, pourtant, je ne réponds rien.

- Crois moi, ça fait des années que j'attends de pouvoir te faire payer.

Un frisson me parcoure l'échine et, sur ces derniers mots, il raccroche.

Je retourne dans la chambre de Hope et cherche ma veste à tâtons. Quand je la trouve enfin, je m'approche du lit et observe quelques secondes son doux visage apaisé. Je remonte alors les draps sur son corps endormi et vient déposer délicatement mes lèvres sur son front. Je caresse sa joue et elle émet un petit gémissement avant de rouler sur le flanc.

Après un dernier regard vers elle, je passe le seuil de sa chambre et chuchote plus pour moi-même que pour elle car je sais qu'elle ne peut m'entendre :

- Bonne nuit ma belle.

Puis, je quitte la maison, monte dans ma voiture et démarre, les mains crispées de haine sur le volant.

*

Une heure et quarante-huit minutes. Cinquante-sept putains de kilomètres me séparaient de cet homme qui a traumatisé mon enfance. Et aujourd'hui, je me retrouve devant l'endroit où ce malade a été interné quelques années plus tôt.

Après ces nombreuses années, je n'ai pas refait face une seule fois à mon passé : je ne suis jamais venu devant la prison qu'est l'institution californienne et je n'ai pas revu mon père depuis son incarcération, pas même lors du procès.

J'étais trop jeune et, depuis, je n'ai absolument pas cherché à revoir cet homme qui est responsable de l'obscurité de mon enfance.

Mais aujourd'hui, c'en est trop. Je ne sais pas si je suis réellement prêt mais je sais qu'il faut que je lui tienne tête, que je le vois. Après tout ce temps, il me faut faire face à mon géniteur qui s'apprête sans doute à sortir de prison et à reprendre une vie des plus normales après les actes tous plus sordides les uns que les autres qu'a allégrement commis ce psychopathe.

Je suis toujours dans ma voiture, adossé contre le fauteuil en cuir place conducteur et j'ai une main posée sur le volant. Il est cinq heures et demi du matin et je suis stationné en face de l'établissement de détention. Même si le contact est coupé, mes phares illuminent l'entrée.

J'ai besoin de voir ce qu'il est devenu, de m'assurer que s'il sort, il sera inoffensif. Pour moi, pour lui-même, pour mes proches et pour toute la population qu'il pourrait croiser sur son chemin.

La main toujours sur le volant, je la fais glisser pour effleurer mon trousseau de clé. J'hésite...

Et si, au final, j'étais comme lui ? Un fou furieux incapable de contenir ses pulsions ? Est-ce que je serais capable de faire du mal à Olivia ? Ou à Jin ? Ou, encore pire, serais-je capable de blesser volontairement Hope ?