Hopely

~ Chapitre 16 ~

Pdv Ely

Je tapote sur la cigarette que je tiens dans la main puis l'amène de nouveau à ma bouche pour tirer une latte. Le tabac et la nicotine imprègnent mes poumons et soulagent mes muscles tendus.

Je suis accoudé à la barrière qui longe Venice Beach et j'observe les gens qui passent en accélérant le pas en sortant du travail, les gars qui poussent sur leur jambe pour faire avancer leur skateboard, les petites filles qui appuient sur les pédales de leur vélo tandis que leur père court à leur côté, les mamans qui soulèvent dans leur bras des enfants endormis, exténués par leur journée à jouer le long de la plage.

Cela fait maintenant presque une semaine que j'ai vu mon père en prison. Je ne sais plus exactement en fait. J'ai perdu la notion du temps. Je tire une nouvelle taffe sur ma clope et cela m'apaise encore.

Olivia et Mattew ont tenté de m'appeler et m'ont harcelé de messages en tout genre. Je leur ai dit que j'avais besoin de temps loin de tout ça pour faire le point. Ils ont fini par comprendre, malgré leur inquiétude. Je leur ai dit que je dormais chez un pote mais en réalité, je passe toutes mes nuits dans un bar différent de Los Angeles.

Hope a tenté de me contacter aussi mais je n'ai pas donné suite. Je ne sais pas ce que nous sommes exactement elle et moi mais je refuse de l'embarquer dans tout ça. Elle a fini par abandonner et a cessé de m'appeler. Elle n'a rien à voir avec tout ça, j'ai simplement disparu le temps que les choses se tassent dans mon esprit.

J'éteins ma cigarette déjà bien consumée et la jette dans la poubelle la plus proche. Alors que je longe la plage et que je me rapproche du skate-park, j'entends des éclats de voix, une dispute qui se déroule non loin. Je m'approche prudemment puis aperçoit deux silhouettes qui s'engueulent assez violemment.

Soudain, je reconnais la voix de Katherina. Elle parait paniquée. Je presse le pas tout en me rapprochant sans me faire remarquer.

- Et bah alors, on dirait qu'aujourd'hui Ely n'est pas là pour te défendre ma jolie.

Dylan est là. Il lui caresse la joue. Elle se recule, répugnée.

- Ne me touche pas !

- De toute manière, l'année dernière, personne ne t'a vraiment crue à part ce salaud d'Ely qui me fait la misère aujourd'hui par ta faute.

Il vocifère ces paroles qui me font serrer les poings.

- Je ne t'ai pas violée ! Tu étais ma copine, j'avais tous les droits de te faire ce que je voulais quand je le voulais Kat !

Alors qu'il lui crache ces paroles perverses au visage en la plaquant contre le mur, je ne tiens plus en place. Je sors de ma planque et attrape Dylan par le col, le faisant tituber violemment.

- Je t'interdis de la toucher espèce d'enfoiré. Ça ne t'a pas suffi, l'an dernier, de te retrouver à l'hosto pendant deux semaines, avec des ecchymoses plein la tronche ?

Il me saisit par les épaules et me repousse en arrière.

- Et toi, ça ne t'a pas suffi de te retrouver en garde à vue pour t'être mêlé de ce qui ne te regarde pas ?

- Fais lui du mal Dylan, essaie de la toucher et je te jure que je te massacre.

- De toute manière tu finiras en taule comme ton taré de père.

Cette phrase est de trop pour que je conserve mon calme. Mon poing s'abat sur sa mâchoire. Kat pousse un cri de stupeur et Dylan crache du sang. Il s'élance vers moi le poing levé et je n'ai pas le temps d'esquiver que sa main frappe mon nez. Bordel ça fait un mal de chien. Je me frotte le visage et secoue la tête pour reprendre mes esprits.

Alors que je prépare mon prochain coup, Kat me saisit le bras et me force à reculer.

- Arrête Ely, s'il te plait !

Dylan reste en retrait et touche sa mâchoire douloureuse. Je fais volte-face vers Katherina.

- Est-ce que tu vas bien ? Il t'a fait mal ?

- Non, non, ça va. Ramène-moi chez moi s'il te plait.

Je m'approche une dernière fois de Dylan avec un doigt menaçant :

- Ne m'approches plus Hunt. Ni de mes amis, ni de moi. Cette fois-ci il n'y aura même pas de présomption d'innocence ou que sais-je encore. J'ai tout vu, j'ai tout entendu.

Je ponctue mes paroles en lui crachant au visage. Kat me tire le bras et m'entraîne à sa suite.

- Aller Ely, viens.

*

Katherina est installée à mes côtés dans ma voiture et je conduis en direction de chez elle. On n'a pas dit un mot ni l'un ni l'autre depuis qu'on est monté dans ma bagnole. Finalement, je me gare devant chez elle.

- Est-ce que ça va aller ? Tu veux qu'on aille voir la police ?

- Non Ely, ça ne servirait à rien. L'affaire a déjà été classée sans suite l'année dernière. Merci Ely, bonne soirée.

Elle claque la portière et marche jusqu'à la porte. Soudainement, je m'en veux d'avoir arrêté de lui parler, de l'avoir laissée seule sans savoir exactement ce qu'elle traversait.