~ Chapitre 15 ~

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Pdv Hope


Les bras remplis de paperasses, mon oncle pénètre dans la maison. Il discute au téléphone, encore, et pousse la porte avec son pied pour la refermer.

Je patiente, nerveuse, assise à l'ilot central de la cuisine, triturant la nourriture dans mon assiette que j'ai à peine touchée. Mon plat est sûrement froid à l'heure qu'il est : ça fait des heures que j'attends que Mike rentre.

Lorsqu'il m'aperçoit, il m'interroge du regard et s'empresse de couper court à son appel.

- Tu manges seulement ? Il est tard, est- ce que tout va bien ?

- Je t'attendais.

Je sors le papier qui a bouleversé mon existence le matin même de ma poche et le déplie avant de le tendre vers mon oncle. Il fronce les sourcils et le saisit.

- Où as-tu trouvé ça ?

- Je n'ai vraiment pas la force de confronter maman maintenant, j'attendais de toi que tu me donnes des explications. Ça signifie quoi tout ça ?

Je pointe le papier du doigt, me mordant la lèvre inférieure pour éviter de fondre en larmes instantanément.

- Hope... C'était pour te protéger que ta mère a choisi de ne pas t'en parler. J'ai simplement respecté sa décision : ce n'était pas à moi de choisir quand et comment te l'annoncer.

- On dirait que maintenant tu n'as plus le choix.

Je reste calme : je n'en veux pas à mon oncle. Je sais bien comment ma mère peut être persuasive et cette décision de tout me cacher comme si j'étais une gamine incapable de comprendre lui ressemble bien.

Mon oncle inspire à fond, cherchant ses mots.

- Ton père... a fait de mauvais choix et...

- N'essaie pas d'atténuer les faits Mike : mon père est en désintoxe, je sais ce qu'il a fait et la personne qu'il est devenu. Pourquoi tu as ce papier en ta possession ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Un jour, j'ai surpris Aaron en train de coucher avec une autre femme, dans son bureau. Je l'ai alors immédiatement confronté. Evidemment, je n'approuvais pas du tout ses actes : il était marié, il t'avait toi... Je l'ai poussé à tout dire à ta mère, à être honnête, mais il s'est emporté et c'est à ce moment là que les conflits ont démarré entre lui et moi. Alors j'ai finalement décidé de ne pas m'en mêler. Mais quelques jours plus tard, j'ai revu cette femme à la carrosserie, et plusieurs jours après une nouvelle fois, et encore...

Mon oncle marque une pause et ravale un sanglot.

- Je n'ai pas pu Hope, je n'ai tout simplement pas pu couvrir cette infidélité. Je ne voulais pas être complice : tout savoir et faire comme si de rien n'était devant ta mère, devant toi. Alors je l'ai trahi : un jour j'ai conduit jusque chez toi, j'ai traversé le pays couvert de honte et j'ai tout raconté à ta mère. La culpabilité me rongeait de l'avoir dénoncé mais cela me rongeait encore plus de tout garder pour moi. Ta mère a confronté ton père et a demandé le divorce. Il s'en ait terriblement voulu Hope si tu savais... C'est à partir de là, pour oublier son erreur et le fait que ta mère voulait la séparation, qu'il a commencé à se droguer. Il volait dans la caisse de Patterson's Industry et utilisait tout cet argent dont on avait besoin pour acheter sa came. Tes parents t'aiment tellement Hope je t'assure que ça n'a rien à voir avec toi et que tu n'aurais rien pu faire...

- Apparemment ils ne m'aiment pas assez pour me faire confiance.

Je réponds froidement, des larmes dévalent mes joues, en silence. Ça fait mal. Ça fait terriblement mal. Réaliser que tout ça n'est qu'un mensonge.

- Je m'en veux tellement Hope. Si tu savais comme je m'en veux. Je sais que c'est ma faute. Je sais que si je n'avais rien dit ton père serait encore à tes côtés et en bonne santé aujourd'hui. Je sais que tu as toutes les raisons de m'en vouloir mais je n'ai jamais voulu vous causer du tort. Je n'ai jamais voulu faire de mal à ta mère, ou à ton père et encore moins à toi.

- Alors m'héberger chez toi était la seule solution pour te racheter.

Il acquiesce légèrement en essuyant ses joues. Je frissonne. J'ai l'impression que mon âme est sortie de mon corps.

- Merci, Mike, pour ton honnêteté.

Je me lève machinalement et me dirige vers les escaliers. Mon oncle tombe à genoux et sanglote. Je fais volte-face et pose une main sur son épaule.

- Je sais que ce n'est pas ta faute.

Le regard grave, je tourne les talons et disparaît dans la pénombre de la cage d'escaliers.

HopelyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant