"Le paradoxe de la condition humaine, c'est qu'on ne peut devenir soi-même que sous l'influence des autres."
Boris Cyrulnik
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Louis avait finalement pris congés de cette conversation, il avait besoin de se retrouver seul afin de penser aux mots qu'Harry lui avait prononcé, ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère, s'il voulait arriver au même stade d'acceptation de lui même que le bouclé, il devrait faire face aux critiques, aux jugements et à la perte d'être cher, mais il ouvrirait également les yeux sur les personnes qui sont réellement là pour qui il est et non pour ce qu'il montre.
Harry avait donc proposé de préparer le repas afin de laisser un temps de calme au plus vieux, il voyait bien qu'il était tracassé alors il pouvait bien faire ça pour lui, déjà qu'il l'accueillait. Il concoctait donc un bon repas dans le calme, il avait évidemment demandé à Louis si ça lui convenait.
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Ils avaient finalement mangé dans la salle prévue à cet effet dans un silence presque agréable, Harry savait qu'il ne devait pas brusquer le plus âgé, la remise en question était la première étape pour entamer son chemin vers la liberté.
Louis avait fini par se poser avec un bouquin dans son canapé tandis qu'Harry était sorti dans le jardin pour entamer l'écriture de nouvelles chansons, ce moment de silence lui permettait à lui aussi de se poser les bonnes questions pour faire en sorte que cette relation prenne la meilleure tournure possible.
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Vers 22h, alors que le soleil s'était couché, Harry était enfin rentré. Il s'était assis dans un autre fauteuil après avoir préparé deux cafés pour lui et Louis et il le lui avait ramené en souriant avant de s'installer plus loin pour continuer de griffonner sur son cahier.
Les sourcils froncés, les ratures accumulées sur le papier, quelques soupirs de frustration, Harry leva la tête en entendant la douce voix de Louis l'interpeller.
" Est-ce que vous, vous serez là une fois que j'aurai accepté d'être libre ?
- Oui, je serai là à la fin.
- Peu importe le temps que ça prendra ?
- Peu importe le temps que ça prendra, il lui fit un léger sourire. Je serai là pour vous dire à quel point je suis fière du parcours que vous aurez fait."
Cette révélation redonna le sourire à Louis, elle lui retourna le ventre, Harry était vraiment l'être le plus adorable qu'il lui était amené de croiser dans sa vie.
" Comment avez-vous annoncé à vos proches que vous étiez... il cherchait ses mots, de peur de brusquer le plus jeune.
- Gay ? Parce que c'est que je suis Louis, gay et ce n'est pas une honte ou une insulte, il referma son carnet. Eh bien je leur ai simplement dit que je n'aimais pas les femmes, que ce que je voulais moi, c'était de pouvoir faire ma vie aux côtés d'un homme.
- Et comment ont-ils réagit ?
- Mal pour certains, mais je m'en doutais. Je ne l'ai pas prit contre moi, je me suis juste dit que ces personnes étaient trop stupides, c'est ce qu'elles sont, stupides de croires que deux personnes du même sexe ne peuvent pas s'aimer dans la légalité. D'autres, comme mes amis proches et ma mère l'ont acceptés, parce qu'ils savent que peu importe le regard des gens, ça ne changera pas la personne que je suis."
Louis l'écoutait attentivement, il prenait en exemple Harry, il voulait réussir comme lui donc chaque réponse avait son importance pour l'aider.
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Cela faisait maintenant 4 jours qu'Harry était à Doncaster, il profitait de ses jours de congés pour passer du temps avec Louis. La conversation était redevenue plus fluide entre eux, parlant de banalités et de choses futiles en se taquinant, même si parfois, Louis posait des questions plus sérieuses au bouclé. Il voulait tout savoir, comment faisait-il pour ne pas se faire prendre par la police, comment se sentait-il en présence d'homme, toutes ces questions qui peuvent paraître bêtes pour certains, mais qui ont le don de faire sourire Harry.
Comme cet après-midi, où, au détour d'une balade dans un parc, Louis s'était soudainement tourné vers Harry pour lui demander discrètement :
"Comment faites-vous pour savoir si les hommes que vous avez en face de vous sont dignes de confiance et qu'une fois vos rapports faits, ils n'iront pas vous dénoncer ?"
Harry avait alors baissé la tête plusieurs secondes, signe qu'il réfléchissait aux mots qu'il allait employer afin de répondre à Louis.
" Eh bien, vous savez, lorsqu'un homme entretient une relation avec un autre homme, qu'elle soit sur le rapport sexuel ou sur le plan purement affectif, c'est qu'ils sont tout aussi gay que nous, il ricana un peu. Alors ce serait un peu bête de leur part de dénoncer quelqu'un pour un acte qu'il font eux même, au risque de se faire dénoncer à leur tour."
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Toutes ces petites interactions avaient discrètement rapprochés les deux garçons qui apprenaient à se connaître de jour en jour, ce soir encore ils avaient partagé un repas préparé par Harry et ensuite, ils avaient tous les deux passé un moment seul, l'un pour écrire, l'autre pour lire, ils avaient pris l'habitude de faire ça car ils avaient tout autant besoin l'un que l'autre de partager un moment avec eux même dans cette période.
Mais ce soir, après leur moment, c'était différent, Harry repartait demain à Londres alors Louis se sentait triste. Quand Harry était rentré et qu'il avait posé les deux cafés sur la table basse, Louis ne s'était pas assit sur le canapé en face d'Harry mais à côté de lui, Louis n'avait pas gardé leur distance habituel, aux contraires, à chaque mouvement, leurs genoux se frôlaient, ce qui avait le don de faire frissonner le corps du chanteur et retourner l'estomac du libraire.
Louis n'avait pas envie de laisser Harry partir, Harry avait peur de laisser la possibilité à Louis de lui filer entre les doigts, pourtant ils savaient tout autant l'un que l'autre qu'ils se sépareraient demain matin pour mieux se retrouver dans quelques semaines.
Alors, au fil des minutes qui défilaient sur la pendule, au fil du temps qui s'écoulait et au départ d'Harry qui approchait, Louis avait doucement posé sa tête contre l'épaule du plus grand. Ce geste si anodin lui avait fait prendre conscience d'une chose, une seule et unique chose.
Plus jamais il ne voulait d'une vie sans Harry.
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Et si on s'aimait ? TOME I
Hayran KurguLondres, dans les années 60. Les relations homosexuels sont jugées comme un crime. Comment, au détour d'un carrefour d'une avenue célèbre de la capitale anglaise, deux hommes vont se croiser et finir leur vie ensemble ? Je vous invite à venir lir...