Chapitre 3

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Elle était sublime Son Altesse Sérénissime la princesse Mai. Elle correspondait à toute la beauté japonaise. Une peau pâle, de longs cheveux châtain foncé, un regard en forme d'amande, un port de tête parfait, des mains fines et une taille qui surpassait le mètre soixante-cinq.

La splendeur de Mai était due à son naturel. À l'encontre des conventions royales qui imposait un maquillage aux femmes de cette famille, Sa Majesté ne portait aucune trace de fond de teint, d'illuminateur, de fards à joues et à paupières, de mascara et de rouge à lèvres. Sa chevelure était également relevée en queue-de-cheval, alors que le protocole exigeait des cheveux détachés.

Sa Grâce portait une tenue qu'elle avait choisie, une robe traditionnelle dite Yakuta avec son haut noir à manches longues Haori et sa longue jupe Hakama à la couleur azurine et ses motifs de grues. Elle portait aussi étonnamment un sabre à sa ceinture. Pour quelle raison ? Elle était entourée et protégée de quatre gardes du corps.

Les rangs ne purent s'empêcher de retenir leurs souffles plus longtemps. Néanmoins, les femmes et les hommes de la Division attendirent que le Capitaine Kuchiki avance vers Madame, la princesse Mai pour échanger discrètement quelques paroles.

« Cette jeune femme est très belle », « Belle, mais également respectable », « Elle porte avec dignité son sabre ». Renji entendit ses vérités lorsqu'il quittait l'estrade et passait devant ses Hommes. Une certitude naissait de cette situation sensationnelle : la princesse Mai était resplendissante.

Elle connaissait parfaitement les bienséances, en tendant ses doigts fins vers Byakuya qui la saisit délicatement pour le baise-main. La princesse Mai souriait, et cette attitude était exceptionnelle pour un membre de la famille royale.

Son Altesse Sérénissime engagea immédiatement la conversation avec le Capitaine, et ils furent interrompus par la petite fille la plus jeune de la Division. La dernière recrue devait lui apporter un bouquet de fleurs, composé seulement de chrysanthèmes, les favorites de sa Majesté. Sa Grâce brisa le cérémonial en s'abaissant vers la fille, aussi apeurée qu'intimidée.

Renji s'était rapproché, et ne se tenait à présent uniquement à quatre pas de la princesse Mai. Quand elle sentit le parfum des chrysanthèmes, Renji aurait voulu se souvenir de cette image à jamais. Cette jeune femme était très élégante, très charismatique et très séduisante.

Le Vice-Capitaine devait attendre que son Altesse lui adresse la parole pour lui parler. Or, le Capitaine Kuchiki se tourna vers lui, et la scène se déroula comme dans un rêve :

-        « J'ai la fierté, l'honneur et le plaisir de vous présenter mon Vice-Capitaine, Renji Abarai, Madame. » La princesse Mai détruit la dernière frontière entre elle et Renji, avec un sourire sincère et rassurant.

-        « Bonjour Vice-Capitaine Abarai, je suis ravie de vous rencontrer ! Tous les Capitaines de la Soul Society à qui j'ai parlé ne m'ont dit que du bien de vous. ». La princesse Mai s'exprimait d'une voix douce, mais très chaleureuse et envoûtante. Renji s'agenouilla pour une profonde révérence, et baissa son regard en signe de respect. « Je vous remercie de m'accueillir dans vos quartiers car je me doute que cette décision bouleverse votre quotidien. ».

Même si Renji avait souhaité la contredire, il devait attendre que la princesse Mai conclût ses explications. Cette rencontre était improbable, elle comme une étoile brillante en plein jour, et lui le chien errant qui venait de l'un des quartiers les plus misérables.

Cependant, Renji était bien l'être à qui la princesse s'adressait, parce que le ton de sa voix était discret. Comme si elle désirait construire une bulle d'intimité. Il se permit ainsi de relever ses yeux, et ses pupilles entrèrent de suite en contact avec celles de la princesse. Il reconnut une bienveillance qu'il avait inconsciemment toujours cherchée, et une gentillesse inouïe et indicible. 

-        « Bonjour Votre Altesse Sérénissime. J'espère que vous allez bien, et que votre voyage s'est déroulé dans les conditions que vous aviez imaginées. ». Renji avait appris ce que Kuchiki et le Haut-Commandement attendaient de lui : de la politesse et du respect, même s'il se sentirait toujours gêné face à ces formalités. Pourquoi tant de retenues, alors que la princesse...

Mai écarta les dernières barrières invisibles qui la séparaient de Renji, en posa spontanément la paume douce et chaude de sa main sur l'épaule de cet homme désespéré et désemparé. Ce geste déclencha chez lui une cascade d'émotions et de sentiments, car princesse était la seule femme qui l'avait touché depuis Rukia. Elle avait inconsciemment provoqué en lui une vague de sensations et de ressentis, et surtout l'un qui ne pouvait naître que par une personne aussi intentionnée qu'elle l'était : l'espoir.

Ouvrir les yeux, bouger pour survivre, sortir la tête de l'eau, inspirer grandement l'air frais, se calmer et nager pour enfin reprendre pied dans le fleuve de la rupture. Renji niait d'être en deuil, mais Mai lui transmit inexplicablement toute sa bonté et tout son courage. L'empathie, la délicatesse : elle n'était définitivement pas une femme comme les autres. Notamment lorsqu'elle lui affirma cette vérité :

-        « Levez-vous, je vous en prie. Je vous considère comme mon égal, pas comme mon inférieur. »

Renji se releva, en réalité avec très grande difficulté : il ne souffrait pas physiquement (bien qu'il posât son avant-bras sur son genou pour donner à son corps toute l'impulsion dont celui-ci avait besoin), mais il sentait sans pouvoir se l'expliquer la pureté de l'âme de la princesse Mai.

Renji se retint de fondre en larmes. Ce chagrin était-il celui de la tristesse ou de la colère ? Mais pourquoi lui ? Le Vice-Capitaine devait partager son intimité avec cette femme merveilleuse pendant près d'un an et demi, alors qu'il savait pertinemment que leurs destins s'étaient liés en moins d'une seconde. Ce sentiment, était-ce vraiment...

Les âmes-sœurs. Mai et Renji s'étaient reconnus. La foudre s'était-elle réellement abattue sur leur cœur ? Cette sensation, inexplicable et violente était paradoxalement... Apaisante. Ils s'étaient retrouvés, enfin.

Renji Abarai - Une étoile et un chien errantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant