Chapitre 8

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-        « Ce lit est le plus confortable et le plus doux dans lequel je me suis allongée. », avoua Mai en se glissant dans des draps frais et propres. Elle aimait cette sensation de douceur, et le parfum agréable des taies d'oreillers. Son Altesse ajusta ses deux coussins, et rapprocha ses mains vers le petit feu allumé par le Lieutenant. Sa Grâce aimait les sources de chaleur, les nuits calmes, les étoiles qui brillaient et... Renji. Sa délicatesse, sa pudeur, sa protection, son respect, et ses regards. Attentionnés, prévenants et terriblement pudiques. Parce qu'il ne voulait pas l'embarrasser, la déranger, l'importuner. Alors qu'en réalité, le Vice-Capitaine était troublé par un seul détail : les deux futons. Un lit double. Renji se coucherait auprès de Mai. Un chien errant qui dormirait avec une étoile.

Le ciel. Son reflet se lisait dans les yeux de Mai. Renji s'approcha, doucement. Et décida de s'allonger auprès de sa Majesté. La princesse et le Lieutenant retinrent leur souffle... et son Altesse ne put s'empêcher plus longtemps de rire aux éclats. « Un rire qui lézarde les murs », pensa le Vice-Capitaine. Chaleureux, envoûtant et mystérieusement séduisant.

-        « C'est moi qui vous fais rire ? », demanda-t-il en feintant d'être vexé. Renji étira ses bras, et sentit que Mai effleurait ses avant-bras du bout de ses ongles.

-        « Absolument Renji. », lui répondit-elle en plongeant ses pupilles dans celles de Renji. « Parce que vous êtes galant, mais vous l'ignorez. », confessa-t-elle, tout en ne pouvant détourner son regard de l'homme dont elle tombait amoureux. L'amour, le désir : différents sentiments se mêlaient.

Renji prit la main de Mai. Sans réfléchir, et la porta jusqu'à ses lèvres pour déposer un baiser. Il ressentit de suite les doigts fins de la princesse recouvrir sa joue et caresser son visage. Bien que leurs cœurs cognaient fort contre leur poitrine, ils se rapprochèrent. Le Lieutenant attira son Altesse contre lui, et passa délicatement ses bras sous les genoux et dans le dos de sa Grâce. Sa Majesté entrelaça la nuque du Vice-Capitaine, et les amants se dévisagèrent enfin comme s'ils étaient les seuls survivants de la guerre.

Les yeux de Mai étaient expressifs, et Renji pouvait déchiffrer toutes les émotions que ressentait la princesse. Leurs lèvres s'attirèrent comme des aimants. Ils se contrefichaient des répercussions, car son Altesse et le Lieutenant ne possédaient qu'un désir : vivre une nuit. La nuit, cette fameuse nuit où deux êtres reconnaissaient leur âme sœur. 

Renji sentit les doigts de Mai caresser ses tatouages. Ceux de son buste, et la princesse descendit dangereusement jusqu'au torse du Vice-Capitaine. Il frissonna, et cette réaction décrocha un sourire du coin des lèvres de sa Grâce que le Lieutenant ne connaissait pas. La malice. La séduction. Sa Majesté était perspicace. Sagace, subtile.

Mai possédait cette confiance que Renji admirait. Tout simplement parce qu'il ne pensait pas dégager une telle assurance. Le Vice-Capitaine voulait se mettre à nu devant elle, mais il s'en sentait encore incapable. Pourquoi ? Tout simplement parce que ses blessures n'étaient pas encore guéries, et que les balafres étaient suintantes et douloureuses. Le Lieutenant ne souhaitait pas se dévoiler à elle dans cet état, par respect et fierté.

Cependant, lorsque Mai détacha les cheveux de Renji et qu'elle passa ses mains dans l'épaisse chevelure du Vice-Capitaine, Renji sentit son cœur s'accélérer. La princesse était envoûtante. Enchanteresse, magicienne, sorcière : il la traita silencieusement de tous les noms, car Le Lieutenant savait qu'il ne pourrait résister indéfiniment. Paradoxal : ce descriptif apparut soudainement dans son esprit. Il se rappelait que cet adjectif avait été prononcé jadis par son Capitaine Byakuya Kuchiki. En vérité, que désirait Renji ?

-        « La constellation de la Vierge ! Je me souviens que vous êtes né sous ce signe astrologique. Prudent par excellence. Observateur, réfléchi, sensé... Rassurant, perfectionniste. Vous êtes un homme bon Renji, un homme bien. », révéla-t-elle en inspirant une longue bouffée du parfum du Vice-Capitaine. Pourtant, le geste que retint Renji fut que la princesse s'accrocha avec force au Lieutenant. À cet homme éternellement insatisfait, maniaque et qui cherchera toujours à atteindre la perfection. Et si son Altesse représentait cet idéal ? Cette quête ?

-        « Je ne peux rien vous dissimuler... », se confia-t-il en chuchotant, d'une voix remplie de sanglots.

-        « Parce que je ne veux que votre bien Renji. Je me tiens à vos côtés car vous avez besoin d'aide. Un chagrin d'amour ne doit pas se vivre avec honte dans le silence. Bien au contraire. Acceptez ma main tendue. Je ne vous veux aucun mal... Si vous saviez. ». Mai le suppliait-elle réellement ?

Renji se tourna, et entraîna ainsi Mai dans son geste. Il se tenait dorénavant au-dessus d'elle, et la surprise du Vice-Capitaine, la princesse se détendit sous la carrure du Lieutenant. Pour quelles raisons était-elle aussi combattive et obstinée ? Sa Grâce intensifia son étreinte, et Renji se retrouva subitement bloqué sous la force et la ténacité de sa Majesté. Or, il ne combattit pas et son corps ne résista même pas.

-        « Si je savais quoi ? ». Renji connaissait parfaitement la réponse, et Mai le savait. Cette raison était pour laquelle la princesse ne détourna pas son regard, qu'elle intensifia. Son Altesse était pugnace.

-        « Que je vous aime depuis que nos yeux se sont croisés. Croyez ce que vous voulez, que cette déclaration est précipitée et hâtive, mais vous êtes l'homme pour qui je sacrifierai tout. Jusqu'au dernier gramme de ma vie. ». Mai était essoufflée, mais la pression qu'elle exerçait sur le bas du corps de Renji ne permit pas au Lieutenant de se dégager de cette prise. Le désirait-il aussi ?

Les souffles de Mai et Renji s'emballèrent. Or, l'attirance de la princesse contrastait avec l'attraction du Vice-Capitaine... Jusqu'à ce qu'il descende ses pupilles vers le décolleté de sa Grâce, qui s'était formé avec la chute. Mai n'était pas Rukia. Parce que sa Majesté poussait le Lieutenant dans ses dernières limites, ses ultimes retranchements.

Renji était effrayé, paralysé par la peur de ne... Quand Mai ouvrit le Haori du Vice-Capitaine, ses doutes s'envolèrent et ses pensées s'évaporèrent. Pour ne laisser place qu'à un seul acte : celui d'un engagement.

Renji Abarai - Une étoile et un chien errantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant