Chapitre 6

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Renji n'entendit pas Mai franchir l'encadrement du salon, où il l'attendait. Debout, dans le silence mais dont les pensées étaient si prolifiques qu'elles pouvaient être assourdissantes. Un banquet. Le Vice-Capitaine n'avait encore jamais assisté à une telle soirée, surtout en l'honneur d'une princesse.

Une Altesse qui s'était changée, et dont la tenue reflétait autant sa noblesse que sa simplicité. Une robe Yakuta, un haut à manches longues amples Haori et une longue jupe Hakama. Trois couleurs s'accordaient parfaitement : l'écru pour la partie haute, sublimée par des dessins de Sakura, le poudré pour le bas et le marron pour la ceinture sublimant sa taille fine.

Sa Grâce était coiffée, maquillée. Discrète et élégante, Mai ajustait ses bagues. Son attention ne s'était pas encore tournée vers Renji, car sa Majesté était malheureusement trop habituée à ne pas être entourée. Cependant, le Lieutenant l'admirait comme si elle était la seule femme dans la Soul Society, alors que la princesse exécrait son reflet dans le miroir. Mai abhorrait les apparences trompeuses, elle qui n'aimait que se retrouver seule pour être avec son for intérieur, la tranquillité et le calme.

- « Permettez-moi de vous dire que je vous préfère au naturel. ». Renji était désormais convaincu que le fait d'exprimer ses ressentis envers une femme était un risque plus considérable que d'engager le combat contre un adversaire. Il attendit ainsi que Mai rétorque, mais un sourire allongé et inconnu apparut du coin des lèvres de son Altesse.

- « Vous êtes définitivement un homme unique mon cher Renji. Tandis que tous les Capitaines me féliciteront sûrement pour la beauté de ma tenue, de ma coiffure ou de mon maquillage ce soir, je suis à présent certaine que vous serez le seul à voir au-delà des apparences. », répliqua Mai en s'approchant du Vice-Capitaine comme si elle flottait sur le parquet.

Renji portait élégamment des vêtements neufs et propres, il s'était coiffé et s'était permis de laisser quelques mèches s'échapper de sa queue-de-cheval. Bien que le Lieutenant ne voulait pas se rendre à cette soirée. Parce que le Vice-Capitaine était fatigué et qu'il ne rêvait que d'une seule chose, simple : se coucher dans son lit aux draps odorants, dans un nouveau pyjama, profiter d'une ambiance tamisée et ne plus entendre aucun bruit que celui du silence. Pourtant, Renji tendit son bras à Mai, qui l'accepta immédiatement. Plus vite ils auraient terminé cette supercherie, plus vite ils rentreraient dans leur cocon.

***

La lumière, la foule, la musique. Renji détestait le bruit bourdonnant de ces soirées où ses cinq sens se compensaient pour essayer de survivre. Du champagne, des petits-fours, des discours. Le Lieutenant se dirigea machinalement vers la table d'honneur. Convié aux plus grand honneur, mais relayé à la dernière place avant le vide. Le Vice-Capitaine s'ennuyait. Alors, il se concentrait sur Mai. Elle jouait le rôle parfait de sa Majesté, entre intérêts et faux-semblants. Elle trinqua enfin, et l'entrée fut servie.

Renji bénit les organisateurs de ne pas avoir succombé à cette idée stupide et ridicule d'un bal, même s'il attendit jusqu'à vingt-et-une heures que Mai libère tous ses convives. Le Lieutenant ne désirait qu'une bonne douche chaude. Libéré de ce carcan de vêtements, les cheveux lâchés pour éviter tout mal de tête et le sommeil, qui l'attendait au bout du tunnel de cette longue journée.

Mai et Renji rentrèrent sans un mot, car ils étaient en réalité épuisés de l'agitation constante des incalculables personnes rencontrées depuis le matin. Le Vice-Capitaine poussa les portes de son appartement, et la princesse poussa un long soupir de soulagement lorsqu'elle s'assit sur le banc de l'entrée pour retirer ses chaussures.

- « J'espère que cette soirée vous aura été agréable. ». Renji jouait son rôle d'hôte parfait, jusqu'à ce qu'il se retrouve seul dans sa chambre. « Vous pourrez profiter demain d'une journée de repos, que je pense méritée. ». Le Lieutenant ne devait pas partager son avis. Règle numéro infini du protocole. En un quart de seconde, le Vice-Capitaine s'interrogea sur les réactions envisageables de la princesse.

Renji Abarai - Une étoile et un chien errantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant