Renji ne s'était pas occupé de l'administratif de la Sixième Division depuis des semaines. Parce qu'il ne ressentait pas l'envie d'écrire les rapports des dossiers pour son Capitaine, parce que l'inspiration lui manquait pour rédiger des phrases longues qu'aimait le Haut-Commandement, parce qu'il baillait juste à la vue de nombreuses pochettes à s'occuper... Et surtout parce qu'il profitait du soleil et des températures exceptionnellement agréables pour cette fin du mois de septembre.
Assis sur sa terrasse, son esprit et son corps luttaient contre les bâillements réitérés de sa bouche, et ainsi contre une courte sieste. Renji et tous les Sous-Officiers décompressaient de la fatigue et de la pression, malgré le fait que des milliers de missions les attendaient.
Sauf que le Lieutenant voulait que Mai soit sa priorité, et en cette qualité, Renji reportait ses devoirs... Qui étaient néanmoins toujours déposés à temps sur le bureau du Capitaine Kuchiki. Le Vice-Capitaine était un véritable homme de paradoxes, mais ces contradictions ne contrariaient pas son entourage, bien au contraire. En effet, Renji était un être de valeurs, avec différentes qualités qui prouvaient tout son engagement auprès du Seireitei, et de ses proches.
Le Capitaine Kuchiki pensait à l'originalité de son Lieutenant en se dirigeant justement vers les appartements de Renji.
Mai s'était blessée.
Une légère coupure à son index gauche. Infligée involontairement par le Capitaine Kenpachi, qui s'était tout de suite précipité vers la princesse pour lui présenter ses excuses, et lui pratiquer les gestes de premiers secours, à la surprise générale de ses hommes.
Parce que Zaraki n'était pas réputé pour être un Officier doux et prévenant, notamment envers les femmes. Or, Mai se montrait indulgente et tolérante, et se laissait naturellement soigner. La plaie n'était pas longue, ni profonde mais saignait énormément.
La princesse apprécia le geste de compression du Capitaine Zaraki, qui ordonna immédiatement au Vice-Capitaine Madarame et à l'Officier Ayasegawa de chercher une bassine d'eau propre pour se laver les mains, et de rapporter la trousse qui comportait des compresses, du désinfectant, de la crème, des bandes et des pansements.
Toutefois, la Garde Rapprochée de la princesse devait être tenue informée de l'état de santé de son Altesse, et c'est pourquoi les gardes déclenchèrent sans réfléchir le protocole Urgence, qui réunissait les Capitaines Kuchiki, Kyôraku, Kotetsu et Kurotsuchi. Ces trois derniers se trouvaient déjà sur place, mais Byakuya était sur le chemin pour chercher Renji.
Le Lieutenant sentit son Capitaine approcher de la porte de son jardin, et Renji l'atteignit si rapidement que le temps manqua à Kuchiki pour toquer. Une dizaine de questions s'entrechoquait dans l'esprit de Renji, qui paniqua de suite lorsque Byakuya lui présenta le rapport de la situation.
Jamais le Capitaine ne s'était aussi précipité derrière les pas de son Lieutenant, qui pestait intérieurement contre l'Officier Kenpachi. S'entraîner à des techniques de combat... Quelle idée. Quand Le Lieutenant arriva à la Onzième Division, il ressentait autant de l'inquiétude que du soulagement.
La Garde d'Entrée leur indiqua tout de suite l'emplacement du dojo, et Renji dut se retenir de courir, jusqu'à ce qu'il entende les voix de Mai et des Capitaines Kotetsu et Kurotsuchi.
- « La blessure ne nécessite pas de points de suture, vous êtes chanceuse. Cependant, souffrez-vous de picotements ou de sensations de brûlure ? ».
- « Je vous remercie pour votre inquiétude Capitaine Kotetsu, mais je me sens parfaitement bien... Même si je suis navrée que vous vous soyez déplacée pour si peu. ».
- « Vous êtes certaine que vous ne souhaitez pas boire un anti-douleur, ou un calmant ? ».
- « Capitaine Kurotsuchi, je suis certaine que plusieurs patients attendent vos breuvages... Ne vous inquiétez pas pour moi, ces risques sont ceux du métier. », déclara tranquillement Mai.
Ces paroles rassurèrent le cœur de Renji, et ce rythme apaisé permit de calmer la respiration du Vice-Capitaine, qui apparut aussi imperturbable qu'il le put dans l'encadrement de la porte. Il retrouva Mai assise, entourée de tous les Capitaines réquisitionnés et surtout avec un petit bandage autour du doigt.
La princesse était consciente et sereine, sa Majesté s'exprimait avec des mots doux et polis comme à son habitude et la peau de son visage était d'un rose que Renji avait toujours connu. Lorsque son regard croisa les yeux de l'homme qu'elle aimait, un sourire radieux et éclatant apparut du coin des lèvres de Mai.
- « Renji ! Capitaine Kuchiki... Pardonnez-moi pour ce dérangement, cette entaille est dérisoire. », leur expliqua-t-elle tandis qu'ils venaient vers elle. En effet, la plaie témoignait de l'amour du travail bien fait de Zaraki : la peau était finement déchirée, et ne provoquait aucune douleur.
- « Désinfection, pommade et une gaze de protection : vous pouvez compter sur moi pour vérifier ses soins. », annonça Renji à toute l'assemblée qui retenait son souffle face à la réaction du Vice-Capitaine. Il se rapprocha de Mai, qui se leva sans difficulté. Elle accorda un regard rassurant à son amant, avant de se diriger vers Zaraki, à la plus grande surprise de tous.
- « Je reviendrai demain avec grand plaisir, Capitaine Kenpachi. », révéla-t-elle en tendant généreusement sa main vers l'Officier, qui sentait curieusement une étrange culpabilité.
- « Vous êtes certaine ? », déglutit-il face aux yeux menaçants de Renji, qui essayait néanmoins de dissimuler son agacement et sa colère.
- « Je dois apprendre à me défendre, et à ne plus sentir cette peur d'être attaquée. », dévoila-t-elle ses arguments en toute simplicité, en s'approchant si près de Renji qu'elle lui marcha volontairement sur les doigts de pieds pour l'empêcher de la contredire et de répliquer. « Merci pour cette journée aux événements... Inattendus ! Je vous souhaite une excellente soirée, reposez-vous bien. À demain. ». Mai fit le premier pas, serra également la main aux Capitaines Kuchiki, Kyôraku, Kotetsu et Kurotsuchi, et attendit Renji pour se reposer dans leurs appartements.
***
- « Inconscient. Je ne comprends pas... ». Renji cogitait, le Vice-Capitaine marmonnait dans sa barbe. Il avait soigné l'estafilade de la femme qu'il aimait, mais pestait toujours autant contre Zaraki. Le Lieutenant se lavait les mains, mais il fut interrompu dans ses introspections par des mains fines que Renji connaissait bien, ainsi qu'un corps chaud dont il adorait la peau douce. Mai l'entoura, et posa sa joue contre le dos musclé de l'homme dont elle était éperdument amoureuse.
- « Cette taillade n'est pas la seule... Bien que je sois fière que cette cicatrice soit la première dans mes combats prochains. », exposa-t-elle en déposant un baiser qui sécurisait les peurs de Renji.
- « Je ne veux pas que tu connaisses la souffrance que j'ai endurée. », lui avoua-t-il en laissant ses doigts sous l'eau, comme s'il essayait de se laver de certains péchés. « Je veux te protéger jusqu'à mon dernier souffle. », jura-t-il en serrant les dents, car des larmes apparaissaient du coin de ses yeux.
Celles-ci comportaient de la colère, de la peine, de la rage et de la peur : des émotions et des sensations qui disparurent à la vitesse de la lumière. Parce que Mai se faufila entre les bras tremblants de Renji, qui guérissait en vérité de sa rupture avec son ancienne compagne.
La période de dépendance et de sevrage se concluait, mais les sentiments de Renji envers Mai étaient si intenses qu'il désirait qu'elle soit sienne pour toujours.
Renji s'était offert une bague, qu'il transmettrait à Mai. Dans quelques jours, de longs mois ou des années qu'il vivrait comme une éternité.
L'histoire de l'étoile et du chien était ainsi écrite : leurs destins seront ceux qu'ils désireraient.
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Renji Abarai - Une étoile et un chien errant
Hayran KurguAu cœur d'un monde où les âmes se croisent et les destins s'entremêlent, cette histoire d'amour défie les lois du cœur. Renji Abarai, guerrier flamboyant, admiré pour sa fougue et son courage, rencontre Mai, une princesse loin de son royaume. Entr...