Chapitre 11

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Une dizaine de minutes. Mai ne dépassait jamais cette durée quand elle se préparait, surtout parce qu'elle gagnait du temps par rapport à la coiffure et au maquillage, qui étaient toujours réalisés par ses servantes. Puis, la princesse préparait son plateau pour le petit-déjeuner, composé d'un verre de jus d'orange, d'un café au lait sucré, de deux brioches fourrées au chocolat et d'une compote. Enfin, son Altesse s'essuya les lèvres d'une serviette blanche immaculée, et sourit à Renji.

- « Pouvons-nous nous rendre à pied à la Neuvième Division ? », demanda-t-elle en se levant pour débarrasser son plateau et le poser délicatement dans l'évier. Renji la suivit du regard, jusqu'à ce que Mai s'approche de lui. Le Lieutenant ne se souvenait pas de la dernière fois où il s'était installé devant sa table pour petit déjeuner. Même pas avec Rukia.

Renji avala avec difficulté sa dernière bouchée. En effet, il ne voulait pas que Rukia s'immisce dans la relation saine qu'il construisait avec Mai. Le Vice-Capitaine leva ainsi ses yeux vers la princesse, qui posa sa main chaude sur l'épaule de l'homme qu'elle aimait.

- « La Caserne se trouve à vingt minutes. », la renseigna Renji qui ne pouvait détacher son regard d'elle. Il se souvenait de chaque détail : de ses yeux amoureux, de ses lèvres douces, de son parfum, de la perfection de sa peau, de sa poitrine... Arrêt. Le Lieutenant vivait un rêve éveillé, bien qu'il se sentait désarçonné face à Mai, qui se comportait... Comme une femme amoureuse, en réalité.

Parce qu'elle accordait du temps pour parler et écouter Renji, parce qu'elle se sentait aussi forte que légère grâce à l'acte qu'ils avaient accompli la veille, parce que... Il découvrait les plaisir et les joies de contempler une femme paisible et souriante, qui ne dormait pas à son bureau la majorité des nuits ou qui se levait de mauvaise humeur car elle préférait aller dans les quartiers généraux plutôt que de débuter sa journée avec...

Renji fut interrompu dans ses pensées lorsqu'il s'aperçut que Mai regardait son sabre Zabimaru, et qu'elle semblait mystérieusement impressionnée. Les yeux dans le vide, elle semblait être en proie à des souvenirs... Innommables.

- « Tu as besoin d'aide ? ». Il l'avait tutoyé, pour la première fois. Spontanément, car Renji constatait avec désarroi que Mai...

- « Non, je te remercie. J'admire votre courage, votre volonté car je sais que cet objet possède une valeur inqualifiable pour son porteur. Si vous maniez votre lame sans tenir compte de votre propre vie, vous vous serez incapable de protéger quoi que ce soit. ». Mai cita Byakuya en chuchotant, parce que sa gorge semblait être nouée par un chagrin ou... « Je suis alors honteuse de porter une arme qui ne signifie rien pour mon cœur, ni pour mes idéaux. », avoua-t-elle en baissant son regard vers l'épée avec laquelle Mai était arrivée. « Ce katana est un héritage, et comme tout cadeau royal, il doit être exhibé... Je suis impatiente d'apprendre l'art du combat, surtout pour être digne de lui, et de vous. », conclut la princesse en admirant Zabimaru.

Plongée dans ses pensées et ses réflexions, Mai n'avait pas remarqué que Renji s'était approché d'elle, qu'il avait instinctivement entouré de ses bras le buste de la princesse et que le menton du Vice-Capitaine était posé sur son épaule.

- « La peur ne naît de rien. Elle naît à partir des minuscules insécurités qui persistent dans nos cœurs. ». Renji mentionna aussi les sages paroles de son Capitaine pour rassurer Mai, qui posa ses doigts fins sur la joue du Lieutenant. « Lorsque tu es soldat et que tu reçois ton sabre, tu ne penses pas aux honneurs et aux sacrifices. Tu penses à la persévérance de tes efforts, à la protection et à la sécurité de tes proches. Le Vice-Capitaine Hisagi que tu rencontreras pourra te l'expliquer, et... Capitaine ? ». Renji sentit instinctivement la pression spirituelle de Byakuya Kuchiki s'approcher.

- « Je la lui raconterai, autour d'une tasse de thé. Nous pouvons lui accorder notre confiance, car je sais qu'il comprendra et qu'il ne dira rien, surtout. ». Aussi étonnante que la situation pût paraître, Mai était consciente des enjeux que pourraient engendrer les cachotteries et les mensonges. « Je ne m'imagine pas lui dissimuler la vérité. ». Elle était courageuse Mai, et extraordinairement perspicace dans les histoires qui concernaient le cœur. À côté d'elle, Renji était paralysé. Par les conséquences, par la peur, par... L'angoisse, l'anxiété, le stress.

L'énergie spirituelle de Mai était stupéfiante, et la puissance de ses chakras permit paradoxalement à Renji de calmer la panique qui le transcendait. Le Lieutenant resta silencieux, mais ses introspections étaient puissantes et envahissantes. Il ne pouvait imaginer la réaction de Byakuya...

- « Capitaine Kuchiki ! Quel plaisir de vous croiser de bon matin. Que me vaut l'honneur de votre visite ? ». Mai était imperturbable, même quand elle ouvrait brusquement une porte, et ce pouvoir déstabilisa Renji, dont les bourdonnements dans les tympans devenaient insupportables.

Byakuya possédait aussi une expertise incomparable dans ce jeu des faux-semblants. Il était aussi impassible que Mai était spontanée, et entre ces deux aristocrates flegmatiques, Renji se contrôlait pour ne pas s'évanouir à cause de l'énergie environnante.

- « Je passais tout simplement pour m'entretenir avec vous avant votre visite à la Neuvième Division. Votre nuit s'est-elle passée sans encombre ? Vos repas sont-ils une saveur assez exquise ? Et surtout, Renji se comporte-t-il en homme galant avec vous ? », la questionna-t-il en balayant son regard vers Mai et Renji, dont la complicité était aussi inexplicable que surprenante.

- « Capitaine... Je n'aurais pas pu rêver mieux que Renji comme hôte parfait. », lui rétorqua-t-elle en liant ses mains aux siennes, et Byakuya réagit par une attitude que Mai et Renji n'auraient pu prévoir : les épaules du chef de la famille Kuchiki s'abaissèrent soudainement, comme si le Capitaine relâchait toute une pression qu'il s'était imaginée.

- « Je suis ravi votre Grâce. », confessa-t-il en s'inclinant devant Mai, et ne prêtant aucun coup d'œil à son Vice-Capitaine qui se calait fermement contre la console de son entrée. « Je me tiens naturellement à votre disposition, excepté pour le thé, votre Majesté. Veuillez m'excuser, mais je décline ces invitations systématiquement car mon instinct se révèle être juste avant même que mon intuition ne se réveille. », confia-t-il avec un sourire du coin des lèvres que Renji ne connaissait pas de son Capitaine : celui de la complicité. « Je vous souhaite une excellente journée en compagnie de la Neuvième Division. », se pencha-t-il en tournant les talons, et en claquant la porte si discrètement que Mai et Renji restèrent un instant silencieux, stupéfaits, très agréablement.

- « Je comprends maintenant pourquoi les Capitaines ne se réunissent plus pour boire le thé. ».

- « Tu as entièrement raison. J'espère seulement que le moment que nous partagerons avec la Neuvième Division sera moins... pragmatique. ».

Mai et Renji se dévisagèrent comme s'ils étaient deux vieux amis d'enfance, à l'exception que la princesse et le Lieutenant formaient à présent l'un des couples les plus complices de la Soul Society.

Renji Abarai - Une étoile et un chien errantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant