22 : Origines d'une vengeance

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Après des mois d'enquête, les forces de l'ordre n'avaient toujours pas retrouvé Tamanac ou Tamsir de son vrai nom. Le procureur croyait toujours qu'il se trouvait sur l'île haboramienne et qu'il n'avait pas gagné le continent. Aucun des pays proches de l'île à savoir la Côte d'Ivoire, le Ghana ou le Libéria n'avait notifié la présence de ce criminel et le mandat d'arrêt était encore national. Cependant, une mise à prix fut lancée lorsque deux nouvelles plaintes furent lancées contre lui pour agressions physiques. Toute personne qui le retrouverait obtiendrait une somme conséquente pour sa participation.

La BHREC avait aussi résolu un tant soit peu l'énigme du meurtre d'Andy. Ils soupçonnaient un acte de vengeance lié à une organisation criminelle encore inconnue. Les dossiers étant confidentiels, personne n'avait d'informations concrètes. Et à la radio de Yatu, l'on disait simplement que les enquêtes évoluaient.

Claire avait décidé d'héberger Imeka chez elle pour un moment. Les deux femmes s'entendaient très bien et aimaient passer du temps ensemble. Grâce à Claire, Imeka faisait des activités qu'elle adorait. Elles partaient à la natation, faisaient du tourisme balnéaire et Imeka apprenait les métiers du digital. Claire était rédactrice en chef d'un site internet très populaire et faisait aussi des vidéos sur YouTube en s'inspirant de ses connaissances en psychologie et de ses rencontres. Imeka aimait beaucoup lire ses articles et ses travaux de recherche. Grâce à Claire, elle apprenait des choses qu'elle ignorait, comme l'existence du trouble dissociatif de l'identité ou la schizophrénie. Elle apprenait aussi à faire des montages vidéo. En fait, elle était tellement absorbée par ces nouvelles activités qu'elle en oubliait ses peines.

Une autre chose changeait durant ce moment avec Claire. Sa relation avec Dieu. Parfois, elle se plaignait du fait que Dieu n'était pas assez présent pour elle et ne l'aidait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi Il avait laissé faire tout ce qu'il s'était passé sans jamais réagir et s'énervait contre l'Entité divine. Claire l'écoutait toujours avec un sourire en coin, comme pour la narguer.

- Pourquoi est-ce que tu ne réagis pas ? demanda-t-elle un jour que le même scénario se répétait.

- Je ne sais pas. Peut-être parce que je me reconnais en toi.

Claire était née dans un petit village du nord du pays. Lors de violents affrontements ethniques, ses parents avaient été tués de sang-froid par des assaillants et elle s'était retrouvée seule, orpheline. Pendant trois années, Claire avait été enfant de la rue, avant d'être récupérée par une jeune dame qui l'avait élevée. Mais elle avait le cancer. Alors, cette maman était décédée quand elle avait quinze ans, soit quatre ans après qu'elle l'ait récupérée. « J'ai dû me battre pour survivre. Je faisais de petits boulots pour me débrouiller et surtout, me payer des études, puis j'ai eu une place dans un orphelinat. À mes vingt ans, j'ai réussi à décrocher une bourse d'études, puis j'ai tellement travaillé et eus tellement de grâce que j'ai gravi les échelons pour devenir celle que je suis aujourd'hui. Au début, je détestais le Ciel, mais dans les moments difficiles, je lui demandais de m'aider à m'en sortir. Soit il me donnait un coup de main visible, soit je m'aventurais toute seule dans une situation difficile et il m'aidait à en sortir avec une expérience et une force que je ne me connaissais pas. J'ai compris que la vie est faite d'obstacles, de difficultés qui ne sont pas à même intensité. Mais vivre tout cela m'a permis d'être celle que je suis et de connaître ma mission de vie. Je ne pourrais pas vraiment te dire pourquoi toi et ta famille vivez tous ces malheurs. Mais je suis sûre d'une chose. Dieu t'aime, et il sera toujours avec toi. », avait dit d'une traite une Claire très inspirée.

- La prière t'a aidé à surmonter tout ça ?

- Oui. J'ai un ami qui me disait que Dieu n'existe pas. Tu sais ce que j'aime bien lui dire ? Qu'Il existe ou pas, le bonheur, la plénitude et l'amour qu'Il me fait ressentir me suffisent. Voilà pourquoi je reste intimement liée à Lui. Tout ce que j'ai vécu m'a permis de devenir plus forte. Toutes ces femmes que je rencontre au centre AH ou lors de mes voyages, je suis capable de ressentir de la compassion pour elles et de les aider, car bien vrai que nos peines n'étaient pas les mêmes, je pouvais comprendre leurs souffrances. Les choses malheureuses ne sont pas étrangères à ce monde, mais le bonheur et le bien existent. Parfois, ce même malheur peut se convertir en bonheur, et je lui suis reconnaissante pour la force qu'Il m'inspire.

Ceux qui font plus de bruits que les vaguesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant