XXV

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‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎TRIGGER WARNING sur ce chapitre qui comporte du contenu sexuel explicite. Veuillez ne pas le lire si ce sujet vous rend inconfortable ou si vous y êtes sensible. 


𖤐⭒๋࣭ ⭑ ‎ ‎ ‎ ‎ 


‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Pendant l'été 2022, j'ai pris la décision de donner une seconde chance à H et de la revoir après quatre ans de silence. La première rencontre, au mois d'août, s'est plutôt bien déroulée, mais la seconde a été tout simplement catastrophique.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Cela s'est produit deux jours avant mon anniversaire, le 23 octobre 2022. J'étais très impatiente et heureuse, sachant que nous allions passer une journée à Amsterdam, l'une de mes destinations de rêve, pour célébrer mes 16 ans.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Je n'ai pas eu de mal à comprendre que je devais dormir avec H pendant cette fin de vacances puisqu'après la mort de J en 2020, mon ancienne chambre servait de fourre-tout, avec des objets empilés jusqu'à toucher le plafond. J'étais une adolescente qui avait besoin d'intimité certes, mais le lit double me semblait nettement plus confortable que le canapé.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Ce soir-là, j'étais fatiguée parce que nous avions passé notre journée à sortir pour profiter ensemble et faire du shopping. Je somnolais dans le canapé avant de me motiver à aller dans la chambre, notre chambre. Habituée à me coucher à des heures tardives, j'étais allongée depuis un bon moment sans parvenir à m'endormir. L'horloge a rapidement défilé jusqu'à atteindre 4 heures du matin, moment où j'ai entendu H venir se coucher à côté de moi.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  Naturellement, elle s'est endormie rapidement et a également commencé à émettre un ronflement sonore. Ayant du mal à m'endormir dans un environnement bruyant, j'ai finalement décidé, après un long débat intérieur, de me lever discrètement pour essayer de dormir sur le canapé. J'ai pris quelques oreillers, un plaid, et je me suis installée.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Le silence m'apaisait, mais ici encore, les meubles craquaient, le vent faisait souffler l'arbre et projetait des ombres terrifiantes sur le mur, et mon chat n'arrêtait pas d'ouvrir la porte qui menait à l'entrée... La peur m'envahissait. Je me suis levée, bien décidée à essayer d'ignorer les ronflements d'H, et je suis retournée dans la chambre.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ J'ai des difficultés à me souvenir si je me suis endormie entre temps ou si je suis restée éveillée, mais je me souviens avoir finalement ouvert les yeux parce qu'H gigotait à côté de moi. Elle se tournait, se retournait, sa tête allait de gauche à droite, comme pendant un cauchemar. Du moins, c'est ce que je croyais au début. Mais elle avait étrangement replié ses jambes et, m'effleurant au passage, elle les écartait puis les refermait dans un mouvement répété. Puis, j'ai commencé à entendre des faibles gémissements qui sortaient de sa bouche. Je me souviens que les larmes me sont montées aux yeux en me demandant si elle faisait bien ce que je craignais, juste à côté de moi, dans le même lit. C'est à ce moment là qu'elle a soudainement enlevé la couette de ses jambes et j'avais fermé les yeux, refusant de voir ça. Mais même en m'ôtant la vue, mon ouïe ne me trompait pas. Des tremblements d'effrois s'emparaient de mon corps au même moment où elle laissait échapper un ultime gémissement et que sa jambe avait de nouveau effleuré la mienne.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Après son acte, elle s'est levée pour s'asseoir dans le lit et remettre son haut qu'elle avait enlevé, puis elle s'est recouchée, l'air de rien, en sachant que j'étais juste là. J'étais terrorisée, je venais d'entendre H se masturber et prendre son pied à quelques centimètres de moi, pensant peut-être que je dormais. Ou non. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Je me suis levée sans hésitation, je l'ai entendu me demander où j'allais, mais je n'ai pas répondu et je suis partie dans la cuisine. J'ai vomi de la bile dans l'évier et je me suis servi un grand verre d'eau que je n'arrivais même pas à boire à cause des tremblements incessants de mon corps. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Je me suis assise par terre, j'avais du mal à respirer. Après avoir essayé de me calmer pour ne pas faire de crise d'angoisse, je me suis recouchée dans le canapé et cette fois-ci, les choses qui m'entouraient me semblaient moins effrayantes que ce que je venais de vivre à l'instant même. J'ai fondu en larmes silencieusement, serrant mon doudou contre mon cœur.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Le lendemain, en me réveillant, j'étais encore un peu sous le choc. Finalement, H s'est levée après m'avoir adressé une rapide salutation. Elle ne me parlait pas, ou peu, elle ne me regardait pas non plus, comme si elle avait honte de quelque chose. N'en pouvant plus de ce silence assourdissant, elle m'a posé la fatidique question de pourquoi est-ce que j'étais partie dormir dans le canapé. Je n'ai pas répondu sur le moment, parce que si je lui disais la vérité, je savais qu'elle allait me faire passer pour une folle. 

 ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Étonnamment, elle m'a dit que c'était une question rhétorique et qu'elle connaissait la raison ; que c'était parce qu'elle avait fait un cauchemar et qu'elle m'avait frappé dans son sommeil. Malgré l'invention de son mensonge, j'ai acquiescé comme pour confirmer ses propos parce que je ne pouvais pas me résoudre à la confronter.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Comprenez-moi, comment annoncer à son propre parent, dans les yeux, qu'on l'avait entendu se masturber à même pas un mètre de soi ? De plus, la confronter voulait dire prendre un risque que la violence recommence, et rien que d'y penser, j'en étais malade. Alors je me suis murée dans un silence qui m'a pourri de l'intérieur. 


‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎UPDATE

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎H m'a appelé en début d'année 2023 pour me demander si je voulais passer mes vacances d'hiver avec elle et j'ai refusé à cause de ce que j'ai expliqué ci-dessus. Elle a prétendu être surprise au départ puis, après avoir longuement tourné autour du pot, elle a finalement avoué d'elle-même qu'en effet, elle s'était masturbée à côté de moi et que c'était certainement pour ça que je ne voulais pas venir. Elle m'a ensuite expliqué que les adultes avaient des envies et qu'elle était une victime de sa libido, et donc que c'était injuste que je lui reproche. Puis, elle a insinué que c'était de ma faute, parce que j'étais trop jeune pour comprendre ces envies pressantes et légitimes et également celle de mon père parce que, selon elle, ça n'arriverait jamais avec lui puisque j'ai ma propre chambre là-bas. 

Témoignage d'une enfance meurtrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant