Le mal-être

30 4 0
                                    


‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Après avoir déménagé chez mon père, mon mal-être a commencé à prendre de l'ampleur, petit à petit. Il s'est grandement affirmé, principalement sur la perception négative que j'avais de moi-même ou de mon corps qui portait toute la violence qu'il avait subie pendant des années entières. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Je ne voyais plus que lui, le mal-être ternissait mon visage, ne me faisait plus sourire ni rire. J'étais détestable, même envers ma propre famille, tout simplement parce que je haïssais qui j'étais et que j'accentuais ce comportement de dépréciation. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  ‎Je disais sans cesse que je vouais une haine immense à tout le monde, que ma famille n'était même pas ma famille et que je préférais mourir plutôt que d'être moi et de vivre dans mon corps et dans ma tête. Je ne sais pas si je retrouverais mes écrits de l'époque mais quand parfois je retombe aléatoirement dessus, je suis horrifiée. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ L'adolescence est une période difficile, mais elle l'est encore plus quand on se sent peu digne d'amour ou de respect. Quand on veut à tout prix se retirer socialement, se cacher, parce qu'on pense qu'on ne mérite rien. Quand on se cache derrière des vêtements larges parce qu'on pense que le moindre millimètre de notre peau est répugnant.

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Mon mal-être était un fardeau que je portais constamment, et chaque jour, il devenait de plus en plus difficile à supporter. Plus rien ne me faisait envie, ou plaisir, je me sentais déconnectée du monde qui m'entourait. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎On m'a souvent demandé pourquoi ses mots m'avaient autant impacté, pourquoi je n'arrivais pas à me détacher de ces violences verbales insensées (puisque les violences physiques étaient inévitables). Ça semble simple, en effet, ce ne sont que des mots après tout. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Sachez simplement que des bleus peuvent partir, mais des mots/phrases blessantes restent ancrées en vous pour toujours. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎"C'est de ta faute", "Tu es une mauvaise fille", "Tu me fais honte", "J'aurais aimé avoir avorté et ne t'avoir jamais connu", "Tu es grosse", "Tu ressembles à une pute", "Tu ne me causes que des problèmes", "Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi"... Voici les phrases avec lesquelles j'ai grandi. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ C'est dur de se détacher de l'image que l'on te donne, surtout celle que ta propre mère te donne. Quand tu tentes par tout les moyens d'être aimé par celle-ci mais que tu finis par n'être qu'une honte, pour une raison que tu ignores. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ La simple idée de prendre soin de moi-même me paraissait de plus en plus éloignée. J'étais déchirée par une douleur qui me dévorait de l'intérieur. J'avais le manque d'une mère, le manque d'une confiance en moi, et j'avais fini par dégringoler dans une spirale - celle de la dépression.  

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ 


Témoignage d'une enfance meurtrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant