La dépression

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‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎À l'âge de mes 15 ans, mon état mental avait considérablement empiré. Je subissais chacune de mes journées, en déprimant, sans avoir la moindre envie de faire quoi que ce soit. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Je passais mon temps à dormir je n'avais plus aucune ambition - excepté celle de vouloir mourir - et les seules raisons pour lesquelles je pointais le bout de mon nez en dehors de ma chambre, c'était pour manger des choses sucrées et aller aux toilettes. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎La tristesse immense que je ressentais ne cessait de grandir et je me retrouvais seule, démunie, sans savoir comment m'en sortir. J'étais persuadée que toutes les portes de mon avenir se fermaient et qu'il ne me restait plus aucune issue. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  Je ne touchais plus à une seule feuille blanche, je ne touchais plus à un seul livre. Ainsi, l'idée de me faire du mal était la seule chose qui me paraissait plaisante. Je ne voulais pas m'arrêter à une douleur mentale, je voulais que tout mon être soit en souffrance parce qu'on m'avait inculqué que je le méritais. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  En effet, je me répétais que si ma propre figure maternelle me faisait du mal, alors je devais me faire du mal à mon tour. C'était quelque part la seule chose qui nous unissait, une fois le déménagement chez mon père fait. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎J'avais conscience que quelque chose clochait chez moi, mais je refusais de prendre en compte la triste réalité : j'étais malade. Parce que oui, quoi qu'on puisse en dire, la dépression est un trouble mental, mais également une maladie qui touche énormément de monde de nos jours.

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Quand ma condition a commencé à ne plus devenir supportable pour mes proches et pour moi-même, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai fait la démarche de demander à ma grand-mère paternelle d'aller chez le médecin pendant les vacances pour un constat. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Sans grande surprise, j'ai été diagnostiqué sévèrement dépressive, anxieuse et atteinte d'un trouble borderline. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, j'ai peur de ne pas trouver les bons mots alors je préfère vous copier-coller la définition qu'en donne internet. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎"Le trouble de la personnalité borderline se caractérise par une tendance constante à l'instabilité et l'hypersensibilité dans les relations interpersonnelles, l'instabilité au niveau de l'image de soi, des fluctuations d'humeur extrêmes, et l'impulsivité."

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Je pouvais encore accepter le fait d'être malade, mais c'était plus difficile de réfléchir à un moyen de l'annoncer à mon père, lui qui avait déjà tant souffert de la relation toxique que j'entretenais avec ladite personne. Je ne voulais pas lui faire subir ça, mais j'ai compris bien plus tard que c'était aussi son rôle de parent de m'aider.

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Finalement, ne me sentant pas capable de lui apprendre la nouvelle par téléphone, le médecin lui a écrit une lettre manuscrite que je me suis chargée de lui donner dès mon retour. Le cœur battant à toute allure, je me suis posée à côté de lui pendant que son visage se décomposait en lisant. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Je ne vais pas parler à sa place, mais certainement ne se rendait-il pas compte de l'enfer que je recommençais à vivre, enfermée dans ma propre tête. Néanmoins, en étant enfin au courant de ce qu'il se passait à l'intérieur de moi, il a pu m'accompagner au mieux dans cette période difficile que j'ai traversée. 

‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Aller mieux ce n'est pas simple, parce qu'il faut déjà assumer d'avoir un problème, puis de s'armer pour le résoudre. Mais les deux choses que cette maladie m'aura fait apprendre sont qu'on ne peut pas s'armer tout seul et qu'on peut tirer assez fort pour s'en sortir. 

Témoignage d'une enfance meurtrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant