Témoignage d'une enfance meurtrie

XXI

‎‎‎‎ ‎‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ J'ai bien cru que c'était la fin cette nuit-là.

𖤐⭒๋࣭ ⭑‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎

‎‎‎‎ ‎‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ H avait énormément de soucis avec les autres habitants de l'immeuble où j'habitais. En effet, elle s'entendait rarement avec, les trouvant trop malpolis ou même idiots. Personnellement, je n'avais pas ce problème. 

‎‎‎‎ ‎‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎Étant souvent enfermée dans ma bulle et jouant quelques fois au ballon avec les enfants du quartier, j'étais très indifférente de leur manière d'être. J'avoue que leurs tapages nocturnes m'étaient parfois désagréables, mais je ne disais rien pour autant. 

‎‎‎‎ ‎‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Pourtant, je me souviens d'un soir où H était en train de fumer à la fenêtre. Elle avait aperçu un groupe de 5 ou 6 cassos (comme elle aimait les nommer) en bas, dans l'herbe, et par je ne sais quelle inconscience, elle avait voulu les provoquer. Elle avait laissé tomber son mégot sur leurs têtes en faisant semblant de rien et ça avait très vite dérapé. 

‎‎‎‎ ‎‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ J'entends encore les insultes criées, les doigts d'honneurs échangées et surtout les paroles de l'un d'entre eux "Je vais te casser la gueule, salope." Ne prenant certainement pas ça au sérieux, H avait ri avant de les voir entrer par la porte principale de l'immeuble de par sa fenêtre.  

‎‎‎‎ ‎‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ Je les avais vu aussi. Mon cœur tambourinait si fort contre ma cage thoracique en les imaginant toquer à ma porte d'appartement pour nous tuer, je savais très bien de quoi ils étaient capables. Mon angoisse s'est amplifiée quand, dans le couloir, j'ai entendu un des hommes décrocher l'extincteur du mur et dire à ses potes qu'il allait défoncer notre poignée de porte pour pouvoir entrer de force. Je me suis écroulée par terre de peur en me bouchant les oreilles. J'étais terrorisée, je pleurais silencieusement sur le sol de notre petit salon en priant pour ne pas mourir. 

‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎H a tenté de bloquer notre porte mais l'extincteur allait tout de même réussir à briser la poignée. Je me souviens l'avoir entendu courir pour attraper la grosse matraque noire qu'il y avait sous son lit et elle les a menacées avec celle-ci. Un miracle inimaginable s'est produit et ils sont partis à la vue de l'objet contondant.