La nuit est déjà bien avancée. Le caporal effectue son tour de garde avec l'une des soldats. Tous les autres dorment. Du moins, en apparence. Adrielle est assise sur un vieux coussin, près de la fenêtre pour scruter l'extérieur. La lune est lumineuse ce soir comme si elle voulait apporter son soutien au groupe. Adrielle tente de rester en place, mais bouger la démange. Elle craint de s'endormir et de replonger dans ses mauvais rêves en présence d'inconnus. Seulement, elle ne peut pas s'entraîner au risque de faire naître des doutes chez le groupe. Elle ne veut pas non plus qu'ils en découvrent trop sur elle. La terrienne doit garder des atouts en main au cas où ils tenteraient quelque chose contre elle. Adrielle ne l'a pas remarqué, mais cela fait un moment qu'elle fixe Alaric. Plutôt que de détourner la tête, elle décide de profiter de son sommeil pour le détailler. Allongé sur le dos sur un sofa et les pieds dans le vide, il dort à poings fermés. Son bras soutient sa tête ce qui fait ressortir son biceps et quelques mèches s'échappent de son chignon à moitié défait par la course du jour. Adrielle n'avait pas encore remarqué ce petit grain de beauté au coin de son œil droit sous... des cicatrices. En y regardant de plus près, elles ressemblent à une griffure qui coure sur toute sa tempe droite. Adrielle se demande comment il se l'ai faite. Est-ce un animal sauvage qui lui a causé ? Ou bien un entraînement intensif ? Peut-être un criminel qu'il tentait d'arrêter... Un petit sourire s'affiche sur le visage d'Adrielle. Elle poursuit son inspection sur ses sourcils épais puis ses paupières. Des paupières qui encadrent un regard marron perçant. Attendez une minute... Surprise, Adrielle sursaute et détourne aussitôt les yeux. Elle n'avait pas remarqué qu'Alaric était réveillé et qu'il l'observait lui aussi. Gênée, Adrielle baisse la tête pour tenter de camoufler ses joues rosies. Le lieutenant sourit. Il se redresse et va s'asseoir à côté de la femme. Sa voix grave est accentuée par la fatigue, mais elle caresse l'oreille de la terrienne.
« Tu ne dors pas ?
Adrielle ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Elle s'éclaircit la gorge avant de répondre.
— Je préfère surveiller les alentours.
Encore et toujours les mêmes réponses. A croire qu'elle ne fait jamais rien d'autre que surveiller, protéger ou anticiper. Elle doit avoir une telle fatigue mentale qu'elle ne tiendra pas comme ça encore longtemps. L'homme s'adosse nonchalamment au mur.
— Tu peux dormir si tu veux. On va faire des tours de garde toute la nuit.
Adrielle secoue la tête dans un signe de négation. Taquin, Alaric décide de la provoquer un peu.
— Et puis, tu l'as vu par toi-même, on ne dort que d'un œil.
La femme comprend parfaitement à quoi il fait allusion. Elle fait volte-face vers lui pour l'invectiver, mais celui-ci lui lance un clin d'œil, un sourire aux lèvres. Adrielle se ravise.
— Pourquoi est-ce que tu restes autant sur tes gardes ? Qu'est-ce que tu crains, Adrielle ?
Entendre son prénom dans la bouche du lieutenant la fait frissonner. Il le prononce avec une tonalité particulière qui le rend particulièrement beau.
— Je vis en sursis entre des hommes qui veulent ma peau et un monde qui refuse de m'intégrer. Je crois que niveau choix de vie, je suis plutôt restreinte.
Alaric la regarde, ne sachant que dire. Il se demande si... Adrielle détourne le regard.
— Oui, j'ai entendu votre conversation. Je sais que vous connaissez ma vraie identité.
C'est au militaire de se détourner, gêné.
— Je suis désolé pour ce qui t'est arrivé. Ça n'a pas dû être facile à vivre.
Un hoquet moqueur provoque un sursaut chez la femme.
— Pas facile, ouais. Être arraché à sa famille à huit ans, on peut dire que c'est pas facile.
— Mais... Tu es partie avec un homme ce jour-là, non ?
Surprise, Adrielle replonge son regard dans celui d'Alaric. Comment peut-il le savoir ?
— Je... J'étais sur le vaisseau ce jour-là. Je suis passé peu de temps avant toi et j'ai assisté à toute la scène. C'était horrible à voir.
Ces derniers mots ne sont qu'un murmure.
— Pas autant qu'à vivre. L'homme que tu as vu, c'était mon oncle.
— Était ? Il est mort ?
Adrielle émet un léger rire désabusé.
— C'est tout comme. »
Elle ne lui laisse pas le temps de poursuivre la conversation et se lève avant de quitter la pièce.
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La promesse de l'exode
Science FictionNous sommes au XXIIème siècle. La Terre n'est plus la belle planète bleue que connaissaient les humains. A vouloir être les plus puissants et les meilleurs, les gouvernements et les différentes organisations ont mené la planète à sa perte. Course à...