Terre - 27 S5 Exo14 - 13h UTCGenezo

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D'immenses barricades composées de bois et d'aciers entourent la ville. Tout a été pensé intelligemment pour se protéger des criminels et des créatures qui peuplent la Terre. Entre le château fort et la cité ultra-technologique, les généziennes n'ont pas laissé place à l'à peu près. Des premiers remparts en bois annoncent aux éventuels visiteurs qu'ils ont de grandes chances de ne pas être les bienvenus. Un chemin de ronde se dissimule au sommet pour surveiller les alentours et des tours ont été installées à intervalles réguliers. Un grand espace vide les sépare d'un second remparts. L'endroit est verdoyant. C'est là que sont gardées différentes espèces animales. Une sécurité supplémentaire. Aucun animal ne se laisse apprivoiser. La cohabitation humain-animal n'est plus possible comme elle l'était à une certaine période. Pour éviter que les différentes espèces ne s'entretuent ou ne meurent de faim, on leur jette de la nourriture depuis des ponts renforcés. Les mêmes qui relient les tours du premier rempart au second. Ce dernier est constitué de métaux ultra-résistants. Une technologie sophistiquée y est intégrée. Elle permet de voir à travers le mur depuis l'intérieur. Ainsi, ceux qui y vivent ont la sensation d'être au cœur d'une contrée sauvage et sereine sans l'impression d'être enfermés. Les salles de garde réservées aux combattantes ou encore les blocs d'études prévus pour les scientifiques, donnent sur ce mur. Quiconque s'y trouve peut consulter le tableau de bord de l'enceinte et ainsi suivre en temps réel le nombre d'individus, leur niveau de santé et leur besoin de nourrissage. Les combattantes, elles, peuvent également surveiller qui passe le premier rempart ou se trouve aux alentours. Quelques heures plus tôt, c'est Adrielle qui a demandé l'accès à la cité. Elle a passé les grandes portes en bois du premier rempart pour s'engouffrer dans l'un des passages qui protègent les allers et venues des habitants grâce à des barrières de barbelés renforcées de métaux puissants et électrifiés doublés d'autres systèmes de sécurité infranchissables.

Janice, la capitaine de la ville, accueille Adrielle dans l'une des salles de garde. Les deux femmes ont beaucoup de respect l'une pour l'autre. Janice dépasse l'orpheline d'une bonne tête du haut de ses trente-six ans. Contrairement à Adrielle, elle n'a jamais obtenu le droit de rejoindre l'exode. La faute à un œil aveugle qu'encadrent des dreadlocks blanches savamment tressées. Son regard solitaire, mélange d'ambre et d'or, fixe celui de la répudiée.

« J'ai craint qu'il t'était arrivé malheur en route.

— Ça n'a effectivement pas été de tout repos de venir jusque-là. J'ai dû faire un détour.

Janice jauge la femme.

— Les Scars ?

Elle connaît l'histoire de son amie. Elle est la seule à la connaître et elle prend soin de ne jamais trahir sa confiance. Les deux femmes savent qu'elles peuvent compter l'une sur l'autre sans jugement.

— Entre autres. Une équipe de l'exode est venue elle aussi. »

Etonnée, Janice veut en savoir plus. C'est pourquoi Adrielle entreprend de lui conter ses aventures de ces deux derniers jours.

« Pourquoi n'es-tu pas partie avec eux ?

Adrielle baisse les yeux au sol.

— Je n'ai pas voulu prendre ce risque et vous laissez. Je me suis engagée à vous aider en vous apportant ces vivres. Il était hors de question que je vous laisse tomber.

Bienveillante, Janice s'approche de son amie. Elle pose ses mains sur les épaules nues d'Adrielle. La couleur ébène de sa peau créé un joli dégradé avec la peau mâte de la jeune femme.

— Adrielle, tu risques ta vie depuis tant d'années pour sauver les autres. Tu as l'opportunité de trouver la paix, ne la laisse pas passer.

Les yeux légèrement embués, l'émotion est palpable entre les deux combattantes.

— La paix ? Je ne la trouverai pas en vous laissant derrière moi. Je ne pourrais jamais me le pardonner.

— Pourtant tu pourrais aussi nous être utile là-haut.

Adrielle la fixe droit dans les yeux. Elle cherche à comprendre où veut en venir Janice.

— Comment ça ?

Le regard doux de la capitaine couve Adrielle.

— Réfléchis. Si l'une des survivantes terrestres parvient à rejoindre l'exode, elle devra forcément être mise en relation avec le gouvernement. On lui demandera des informations sur la Terre, peut-être même de rejoindre l'une des branches de l'armée. Ça peut être la chance qu'on attend, l'opportunité de faire prendre conscience au gouvernement que tous les survivants ne sont pas des monstres et qu'il y a des hommes, des femmes et des enfants qu'on peut encore sauver. Cette personne pourrait être notre porte-parole. Cette personne, ça pourrait être toi. Et avec ton nom, tu pourrais être bien plus utile que tu ne l'imagines.

L'orpheline réfléchit un instant à ces paroles. Janice n'a pas totalement tort, mais Adrielle est-elle vraiment prête à adopter ce rôle ? Elle n'en est pas si sûre.

— Tu crois que...

Janice ne la laisse pas finir et la prend dans ses bras dans une étreinte chaleureuse. Elle est la seule avec laquelle Adrielle se laisse aller comme cela.

— Je suis sûre que tu es celle qui pourra faire changer les choses. Je suis persuadée que si ton destin était de rester sur Terre, c'était parce qu'il te restait encore une chose à accomplir ici et c'est en train d'arriver.

Les deux femmes ont à peine le temps de se séparer qu'elles sont interrompues par l'une des gardes.

« Janice ! Désolée de te déranger, mais il faut que tu viennes.

Sofia se tourne vers l'invitée.

— Toi aussi, Adrielle. Ils sont là pour toi.

L'orpheline la regarde, éberluée.

— Qui ?

Sofia lui répond dans un soupir.

— Les Scars. »

Le sol s'écroule sous ses pieds. Comment peuvent-ils savoir qu'elle est là ? Elle a pris soin d'effacer ses traces et de ne pas être suivie. Non, il y a autre chose. Janice n'attend pas plus longtemps et l'entraîne avec elle en direction de la tour principale.


La promesse de l'exodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant