Vaisseau « Le Falco » Espace - 29 S5 Exo14 - 9h30 UTC

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Après avoir passé une tenue propre laissée par Elya, Adrielle se décide à sortir de sa chambre. Il est temps pour elle d'explorer les lieux. Maintenant qu'elle est sur pied, elle tourne en rond et elle a horreur de ça. La porte de la chambre coulisse lorsqu'elle pose sa main sur le boitier de verrouillage. L'orpheline regarde de chaque côté du long couloir qui semble rejoindre les deux extrémités du vaisseau. Ne sachant pas dans quelle direction aller, elle opte pour la gauche. Si elle ne croise personne, il lui suffira d'opérer un demi-tour. Elle longe les parois grises. A sa gauche, elle croise plusieurs portes semblables à la sienne et portant un code du type « CH-3-PL ». Curieuse, Adrielle se retourne vers sa chambre et constate que la sienne est annotée « CH-9-AJ » ce qui confirme ces doutes. Il est probable que la chambre devant laquelle elle se trouve soit celle de Priam ou de quelqu'un appartenant à l'équipage qui les a secourus. Après tout, Adrielle ne connait que le nom de famille de Priam. La femme poursuit son exploration jusqu'à s'arrêter devant une grande fenêtre qui doit mesurer trois mètres sur un. Un spectacle saisissant et vertigineux s'offre à elle. La vision est telle qu'Adrielle se laisse aller à la contemplation. Des astéroïdes croisent leur chemin, les étoiles semblent plus proches que la nuit dernière et surtout, la Terre se dessine sous le vaisseau. La planète est suffisamment éloignée pour qu'elle puisse l'admirer tout entière. Malheureusement, l'aspect de celle qui l'a portée pendant plus de vingt ans n'a plus rien à voir avec les belles images lumineuses montrant un environnement bleu qu'on trouvait dans les anciennes encyclopédies. La surface du globe est terne, sombre, oscillant entre le vert kaki et le gris. C'est donc ça qu'est devenue cette belle planète féconde ? Une boule malade, vieille, rugueuse. Le cœur d'Adrielle se serre parce qu'elle prend conscience que le temps est réellement compté pour la Terre et ses occupants. Et dire que personne ne fait rien pour améliorer les choses. Une voix sort la femme de sa contemplation. Surprise, elle se retourne dans un bond avant de croiser le regard de Bakary.

« Adrielle ! Je suis content de te voir. Comment te portes-tu ?

— Je suis en forme, je te remercie. Et toi, tu vas bien ?

Un grand sourire lui répond.

— Parfaitement bien. Tu as déjà déjeuner ?

Comme si son estomac avait décidé de répondre à sa place, il émet un gargouillis grave.

— Je vois que non. Viens avec moi, je rejoignais justement la salle de repas.

Adrielle lui emboîte joyeusement le pas en ne manquant pas de l'interroger sur le vaisseau.

— Comment sont organisées les pièces ici ? Je suis un peu perdue je dois dire.

Sans se départir de son éternel enthousiasme, Bakary entreprend de lui servir de guide.

— Les chambres sont situées au centre du vaisseau comme tu as dû le remarquer. Tu en as cinq qui donnent sur ce couloir et cinq qui donnent de l'autre côté. Il y a un code qui te permet de savoir qui occupe quelle chambre.

— Oui, je pense avoir compris cette partie. La numéro 3 est celle de Priam et...

La femme examine le code à sa gauche avant de reprendre.

— Celle-ci est celle d'Ysandre ?

— Exactement ! Je vois que tu te fais vite à ton nouvel environnement.

— J'ai l'habitude de tout observer et de tout analyser. Question de survie.

Les deux jeunes gens rient ensemble puis Bakary poursuit les explications. Il se retournent pour pointer l'arrière du vaisseau.

— Là-bas, tu as la salle des machines. Sous nos pieds, il y a tout un ensemble de galeries où passent les câbles, les alimentations... bref tout ce qu'il faut pour que cet engin avance.

Bakary reprend sa route vers l'avant du vaisseau.

— Le poste de pilotage est à l'avant. On te présentera l'équipage qui nous escorte tout à l'heure. Ah et avant que j'oublie, dans chaque chambre il y a une trappe qui donne dans un module de secours. En cas de problème, tu te glisses à l'intérieur et tu pourras rejoindre l'Éliro. Mais rassure-toi, il n'y a aucune raison pour que cela arrive.

Adrielle ne relève pas même si cette information la fait tiquer. Elle n'a pas le temps de réfléchir à la question que son guide reprend.

— Nous voici vers les cuisines. Un conseil, ne dérange jamais Luiso quand il se lance dans ses préparations. C'est un véritable maître dans son art et est très exigeant quant à sa tranquillité. Même si, entre nous, il en rajoute pour se donner des airs de grand cuisinier italien.

Bakary prononce cette dernière phrase en chuchotant pour accentuer ses propos. Il rit sous cape et Adrielle l'imite en comprenant son humour. Ce garçon est vraiment enjoué et sait la mettre à l'aise. Les odeurs de nourritures chatouillent les narines d'Adrielle et lui donnent encore plus faim. Elles ne se souvient pas avoir déjà senti quelque chose d'aussi bon. Il faut dire que sur Terre, les humains se débrouillent avec ce qu'ils trouvent dans la nature ou avec un peu de chance préparent de vieilles boîtes de conserve ou encore des rations militaires volées ou oubliées.

— Nous arrivons à la salle commune. Elle sert à la fois de réfectoire, de salle de pause, de salle de brief et bien d'autres choses. Si tu veux passer du temps quelque part, c'est ici. »

Bakary l'entraîne avec lui dans la fameuse pièce où elle retrouve une bonne partie du groupe militaire.

Toute l'équipe l'accueille chaleureusement en lui demandant comment elle se porte et en la remerciant de les avoir sorti d'une sale impasse sur Terre. Adrielle remarque qu'Alaric, Priam et Manoë ne sont pas là. Elle s'empresse de demander s'ils sont dans les parages.

« Ils discutent du plan de vol avec le commandant et la pilote. Je te présente Robéca qui s'assure de la sécurité de l'équipage.

Une femme engoncée dans un équipement militaire lui adresse un signe de tête. Les cheveux noirs parfaitement lissés dans une tresse et le visage sévère, elle semble avoisiner la cinquantaine.

— Ravie de te rencontrer ma p'tite.

— Moi de même.

Luiso débarque dans la pièce au même moment, chargés de préparations tout aussi alléchantes les unes que les autres.

— Le déjeuner est servi les enfants.

Un petit bonhomme rondouillet dans une tenue traditionnelle de cuisine apparaît. Son crâne est complètement chauve et une moustache savamment taillée barre son visage. Il n'est pas très grand et son visage révèle une grande douceur.

— Oh, mais je vois que notre jolie invitée nous a enfin rejoint. Luiso, pour vous servir ma chère.

— Euh... Ad... Adrielle. Ravie de vous connaître également.

Timide, les joues de l'orpheline rosissent. Elle n'a pas l'habitude de tant d'attentions.

— J'espère que tu as faim !

— Je meurs de faim et tout ça a l'air vraiment délicieux.

Il n'en fallait pas plus à l'homme pour afficher un sourire encore plus radieux. Il pourrait illuminer tout le vaisseau. Il s'empresse de déposer ses grands plats sur la table pour énumérer tout ce qu'il a préparé.

— C'est le cas parce que c'est fait avec amour ! Voilà de la brioche tout juste sortie du four, du pain frais, des pancakes et de la confiture maison. Mais si tu préfères le salé, il y a des œufs, dis-moi comment tu les veux et je m'empresse de les préparer. Brouillés, au plat, cuit dur, à la coque, c'est comme tu veux ! Et tu as aussi du jambon et du fromage.

Adrielle est subjuguée par l'abondance des produits et ses yeux brillent de délice.

— Tout... tout ça ? Mais, je croyais que le gouvernement avait tout limité ?

Orzanne entreprend de lui répondre.

— Ah ça, c'était avant l'exode. Les avancées technologiques de l'Éliro ont permis de retrouver du stock de certains produits. Et puis, dans les petits vaisseaux commerciaux comme « Le Falco », on peut aisément avoir plus que prévu car les négociant achètent ou troquent des denrées entre eux. »

Adrielle passe un bon moment avec l'équipage et elle profite des quelques heures de voyage pour discuter et en apprendre plus sur la vie à bord de l'exode.


La promesse de l'exodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant