Un soixantenaire attend patiemment derrière son bureau. Le cas de la femme qu'il s'apprête à recevoir n'est pas isolé, mais son profil, lui, est particulier. Si on lui avait dit qu'il devrait étudier le cas de la répudiée un jour, il n'y aurait jamais cru. Et pourtant, il va devoir s'intéresser de près au dossier de la fille de son ancienne collègue. La femme ne s'est jamais remise de la perte de son enfant. Il a tout fait pour cacher sa dépression lors de leur mise en orbite. Il était hors de question qu'elle aussi soit rejetée. La perte de son enfant était déjà bien assez dure à supporter pour elle.
Adrielle fait son entrée dans la pièce escortée de gardes. Le médecin congédie les hommes d'un regard sévère. Adrielle s'approche en tentant de garder une apparence sûre d'elle. Seulement, l'homme n'est pas dupe. Il décèle cette lueur, bien que minime, d'inquiétude et de crainte dans ses yeux. Aussitôt, il adopte un visage chaleureux pour la mettre à l'aise.
« Bonjour, fraŭlino. Asseyez-vous, je vous prie.
La terrienne obtempère en regardant discrètement autour d'elle. Tout est réduit au strict minimum. Un bureau tactile avec un écran intégré légèrement relevé pour faciliter la lecture, des messages médicaux qui défilent à certains endroits du mur et surtout une baie vitrée qui donne sur l'immensité de l'espace. Le médecin analyse la réaction de la femme et il lui laisse le temps de s'acclimater. Au bout de quelques secondes, il rompt le silence.
— Comment allez-vous, fraŭlino* Jasme ?
Surprise, Adrielle reporte son attention vers l'homme, hésitante sur la réponse à lui donner.
— Je... Je vais bien.
— Mmh...
La terrienne se demande ce que le médecin peut bien penser d'elle. Il ne l'a toujours pas quittée des yeux, mais n'a rien noté sur son dossier.
— Vous acclimatez-vous bien à la vie dans l'espace ?
Cette question fait sourire Adrielle qui retrouve immédiatement son insolence habituelle.
— Vous voulez dire si je suis à mon aise dans mes 15 mètres carrés et si je dors bien sur la planche qui me sert de lit ?
Elle hausse les épaules pour souligner ses propos.
— Je me suis demandé si je n'étais pas revenue sur Terre, mais je me suis souvenue que malgré le danger qui règne sur la planète, j'ai un plus grand espace pour évoluer.
— Je comprends votre déception, fraŭlino Jasme. Rassurez-vous, vous quitterez très bientôt cette pièce peu accueillante, je vous l'accorde.
Le médecin a une attitude amicale avec Adrielle. Aussi, perd-elle toute envie de l'envoyer sur les roses.
— Bien. Vous savez que j'ai la charge de votre analyse psychologique pour cibler votre personnalité et aider à déterminer votre place sur l'Éliro. Pour commencer, j'aimerais que vous me racontiez votre vie sur Terre. Je veux savoir ce que vous avez appris, comment vous avez survécu, s'il y a des compétences particulières que vous maîtrisez, etc. »
Quelque peu effrayée de se dévoiler, Adrielle caresse la bague que lui a offert Yan. Elle se tient prête à l'utiliser à tout moment. Du moins, c'est sa première intention jusqu'à ce qu'elle se souvienne qu'elle ne connaît pas sa position précise dans le vaisseau et que, par conséquent, ses chances d'évasion s'évalue à une sur 1 million. Alors, elle accède à la demande du médecin. Bien sûr, elle n'en dévoile pas trop, juste de quoi donner un peu de matière au médecin pour cerner à peu près qui elle est. Elle s'est également assurée de garder pour elle des éléments qu'elle ne tient pas à dévoiler. L'homme semble assez satisfait car il note beaucoup de choses et se montre enthousiaste à chaque nouvelle donnée comme s'il était personnellement impliqué. Il semble porter beaucoup d'intérêt à ses entraînements et son sens de l'analyse. D'ailleurs, ils passent tous deux un long moment à échanger sur le domaine militaire.
*mademoiselle en esperanto
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La promesse de l'exode
Ficção CientíficaNous sommes au XXIIème siècle. La Terre n'est plus la belle planète bleue que connaissaient les humains. A vouloir être les plus puissants et les meilleurs, les gouvernements et les différentes organisations ont mené la planète à sa perte. Course à...