L'Attribution

CHAPITRE 7-

Jake est assis sur une chaise de la cuisine, le regard dans le vide et les mains sur ses tempes dans le noir.

C'est flippant.

Il me fusille du regard quand j'entre. Je rentre vite dans ma chambre pendant qu'il est occupé par le chiot qui lui saute dessus. Je dois l'éviter à tout prix. Je prends mes affaires et fonce dans la salle de bain. Nous ne nous sommes pas encore adressé la paroles depuis sa petite crise d'hier soir.

Je n'attends pas d'excuse de sa part mais je ne veux pas qu'il fasse comme si de rien n'était. Il m'a blessé et il m'a fait peur. Je refuse de passer au dessus de cet incident injustifié.

Tant pis pour les silences interminables et pesant. Je ne peux plus faire semblant et je suis sûr qu'au moment où il ouvrira la bouche je serais prête à me jeter sur lui pour le tuer de mes propres mains.

J'ai décidé de chercher le positif dans ma vie et de me concentrer dessus. Malheureusement Jake ne m'apporte que du négatif, je ne vais pas perdre mon énergie pour lui.

Il tambourine à la porte et me fais sursauter.

— Ouvre cette putain de porte Ava ! Il faut qu'on parle !

Je reste pétrifiée pendant un instant, surprise par la puissance de sa voix. Il ne crie pas mais je sais qu'à tout moment il pourrait enfoncer la porte sans grande difficulté. 

Je ne réponds rien et tente de faire abstraction du bruit.

Les larmes me montent aux yeux mais je refuse de les laisser s'échapper. J'avais bien dis que je n'avais plus peur de lui, que j'étais forte et qu'il était pathétique. C'est bien plus simple de le penser que de l'appliquer.

Les coups dans la porte résonne dans ma tête et je commence à mon tour à perdre mon sang froid. Je balance mon pied dans la porte.

C'est vrai que ça défoule.

Un long silence s'en suit moi fixant la porte ne sachant plus quoi faire. La poignée se met alors à trembler. Son geste est tout aussi violent que ses coups mais ça fait déjà moins de bruit. Je le laisse se défouler dessus. Mieux vaut que se soit sur la porte que sur moi.

— Ava ouvres cette porte, me menace-t-il.

Je doute que le pousser à bout soit une bonne idée mais il est trop tard. Je fais couler l'eau de la douche et Jake arrête ses tentatives pour entrer dans la salle de bain pourtant je sais qu'a la seconde où je sortirais il bondira sur moi tel une bête.

Je préfère ne pas l'imaginer, tous les scénarios auxquels je pense finissent par ma mort. J'avais pourtant passé une bonne journée. Cet homme a un don pour tout gâcher.

J'ouvre discrètement la porte mais Jake est planté devant la salle de bain.

Merde !

J'essaie de la refermer aussi vite mais sa main m'en empêche. Ses yeux sont durs, son visage fermé et sa mâchoire tellement serrée que j'en tremble. Je savais que je n'aurai pas du jouer avec ses nerfs.

Maintenant c'est sûr il va me tuer.

Je n'ose pas parler, comme une petite fille qui attends tremblante son châtiment. Lui non plus ne dit rien.

— Tu peux te pousser s'il te plaît il faut que j'aille me coucher, balancé-je en rassemblant le peu de courage et de confiance en moi sur un ton plus qu'hautain.  Et essaie de ne pas casser d'autres chose dans la maison s'il te plaît, ça va finir par nous couter cher.

Qu'est ce qu'il m'a pris ?

Je le bouscule pour sortir mais très vite il m'attrape le bras et me fais m'asseoir sur le canapé comme si je n'étais qu'une plume. Il se tient droit les bras croisés me surplombant de toute sa hauteur. Mon excès de confiance m'a quitté aussi vite qu'il est arrivé. Je suis une petite souris face à un lion.