Blood Fragments

8 : Une cible...

L'humain aime procrastiner, chose qui est normale dans de nombreux cas.
D'autant plus quand il est l'heure d'aller travailler.

- Bonsoir, j'ai posé ton uniforme sur le vestiaire du haut, bonne soirée, m'informe mon collègue en partant, me cédant sa place.

- D'accord, bonne soirée.
Une longue soirée m'attend.

J'attache mes cheveux faisant un chignon, me dépêchant d'enfiler mon uniforme pour aller m'occuper des clients.

Les clients de cet établissement sont très susceptibles, il suffit de les faire poireauter trois minutes de plus pour qu'ils aillent se plaindre au boss.

Et bien entendu par la suite la merde va me retomber dessus.

Déjà qu'il m'a dans le collimateur, depuis que j'ai décliné son invitation d'aller boire un verre en compagnie de ce sale pervers.

Depuis, il ne se gêne pas pour me rajouter des services dont je ne suis même pas censée m'occuper généralement.

- Ça fera vingt-deux dollars, s'il vous plaît par carte ou en espèces ?
- Carte, répond le client.

Au moment où je lui donne son ticket de caisse, j'aperçois une personne qui est en train d'attendre que l'on vienne prendre sa commande, mais pas n'importe qui.

Sandro.

Dire que quelques heures plus tôt, il était couvert de cappuccinos, j'imagine qu'il n'a pas dû l'oublier...
J'approche sa table pour éventuellement prendre sa commande.

Arrivée face à lui, ses iris me scrutent intensément attendant probablement une réaction de ma part, je vais prendre soin de lui rappeler dans quel état il était, quelques heures plus tôt...

- Je vois que tu as séché depuis tout à l'heure ! Lancé-je avec mon plus beau sourire moqueur aux lèvres.

- Bientôt, c'est toi qui seras trempé, mais cette fois-ci, ça ne sera pas de l'eau, diablesse... Dit-il d'un air sérieux qui me laisse sans voix.

Je manque de m'étrangler, mon sourire disparaît aussitôt, une boule épineuse commence à se nouer dans ma gorge.

Putain d'attardé...

Je ne laisse rien paraître sur mon visage et réponds par la plus simple des manières pour vite changer de sujet.

- Vous, souhaitez manger quoi ? Dis-je en me raclant la gorge, reprenant mon sérieux comme s'il n'avait rien dit qui pourrait affecter mon comportement.

- Je pense qu'on a dépassé le stade du vouvoiement ? Souligne Sandro, les sourcils froncés, avec un rictus à peine perceptible.

- Un café noir, finit-il par dire voyant que je ne réponds pas.

Une fois notée, je me dirige vers l'arrière-cuisine. J'y reste au moins cinq bonnes minutes avant de retourner en salle.

En revenant à sa table avec son café, je m'aperçois qu'il n'y est plus. Mon visage se froisse réalisant qu'il est parti après avoir commandé.

Au même moment, une femme en robe moulante sort des toilettes avec une démarche peu flexible.
Le rouge à lèvres à moitié effacé, la seconde d'après je vois Sandro lui emboîter le pas.

Je cligne plusieurs fois des yeux réalisant ce qui vient de se passer derrière cette porte. Je n'ai pas besoin d'un dessin pour le deviner.
Peut-être que je me fais des fausses idées...

Il revient s'asseoir dans la plus banale des normalités, son café toujours entre mes mains. Je prends soin de garder mon sérieux, faisant mine de n'avoir rien vu.