39 : Une réponse, une cuillère...

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Alec.

Une heure que j'attends qu'elle se réveille, une heure que je l'ai menottée à ce lit, et une heure que j'essaie d'analyser la situation. 

Hier soir, je voulais au moins lui accorder une soirée de répit, après lui avoir balancé à la figure, lui expliquant chacun de mes faits et gestes.

Même si je sais qu'au fond d'elle, ce doute à mon égard persiste.

Pourtant, tout ce que je lui ai dit était la stricte vérité, de A jusqu'à la putain de dernière lettre de l'alphabet.

Jamais je n'aurais voulu qu'elle se retrouve en Allemagne, et encore moins dans ce manoir, sous le même toit que Carl. 

Mais c'était la seule solution pour que je puisse avoir un œil sur elle tout en m'assurant qu'il ne lui arrive rien.

C'est pour ça que j'ai décidé d'aller la chercher hier soir. La faire venir ici n'était pas l'idée du siècle, mais qu'ils aillent tous se faire foutre. Si elle ne reste pas avec moi, alors c'est moi qui irais à elle.

Elle se met à se tortiller, jusqu'à ce que les menottes bloquent ses mouvements.

Elle lève la tête, balayant la pièce du regard, et lorsque son regard tombe sur son bras gauche attaché, une lueur de colère s'allume dans ses yeux verts, qui viennent aussitôt se planter dans les miens.

- C'est quoi ce bordel, putain ?

- Tyler.
Le prénom de cet imbécile me laisse un goût amer sur mes lèvres.

Une colère silencieuse fait chauffer mes veines en repensant à ce moment merdique où Alma était nichée dans ses bras.

Personne d'autre que moi n'a le droit de lui offrir ses bras, personne d'autre que moi ne doit recueillir ses larmes, même si elles sont versées par ma faute.

- J'espère que tu n'es pas sérieux là ?

Oh, tu n'as pas idée à quel point je le suis, voyant que je ne réponds pas, restant assis sur ma chaise de pêcheur, le faux sourire qu'elle arborait finit par s'effacer.

- Tu ne peux pas agir normalement, c'est-à-dire me proposer un café pour qu'on puisse en discuter, au lieu de m'attacher comme si j'étais une moins que rien ?
Réplique-t-elle, essayant de se libérer de cette situation.

- Tu commences un peu trop à utiliser l'art du mensonge, sauf que là, je n'ai pas le temps pour des conneries autour d'un café, je lui confie, en croisant ma jambe.

- Alors je vais te laisser le choix d'être honnête, parce qu'il me suffit d'un seul message à Jude pour que je connaisse toute la vie de Tyler, jusqu'au premier message que vous vous êtes envoyés.

Mon ton n'est pas agressif, loin de là, mais il ne laisse pas de place à l'hésitation. Elle sait que je le ferais.

C'est pour ça qu'elle se mord l'intérieur des joues, réfléchissant à comment elle va procéder et par où elle va commencer.

- Va te faire foutre, toi et ton arrogance, Xilman !

- Appelle-moi mon cœur, ça sonnait si bien, je lui réponds avec un sourire provocateur.

Elle replie ses jambes sur elle-même, colle son front sur ses genoux, tout en lâchant un long soupir d'exaspération.

- Tu as eu une vie avant moi, je sais. Je veux juste savoir, je lui demande, tout en lui obligeant indirectement.

- Mais savoir quoi, au juste ?
- Tout, je veux tout savoir.
- Nom de Dieu, souffle-t-elle, en passant sa main libre sur son visage.

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