32 : Mirage.

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Étrangement, je n'ai pas la même sensation habituelle du matelas que j'occupe dans cet Airbnb.

Je sens que mon corps est légèrement recroquevillé, la position dans laquelle je suis est tellement plus sereine avec cette odeur de menthe épicée qui flirte avec mes narines que mes paupières refusent de se rouvrir, savourant l'instant présent.

Mon oreiller est plus dur et chaud, mais c'est au moment où mon corps remue dû au matelas que mon rythme cardiaque commence à s'affoler.

Un tremblement de terre ?

Non, il n'y en a pas eu ici depuis trois ans. 

Progressivement, j'ouvre mes paupières, me rendant compte que je suis complètement affalée sur Alec, à même le sol. 

Bordel ! 

Il me faut moins d'une seconde pour que mes souvenirs de la veille défilent à la vitesse de l'éclair, ses révélations, le fait que je l'ai fait boire volontairement et qu'il en avait conscience depuis le début, le putain de début.

Et pour terminer cet épisode catastrophique, il m'a laissé faire de son visage un punching-ball, sans même me repousser.  

Pourquoi faut-il toujours que nos soirées virent au drame ?

Je n'ose pas bouger, comme si j'étais sur un loup que j'ai peur de réveiller, c'est de la torture, physique et psychologique!

Est-ce qu'il dort ? 

Est-il réveillé ? 

Mes questions se figent au même titre que les cellules de mon corps, quand je sens le pouce d'Alec se balader sur ma joue pour descendre jusqu'à la fine peau de mon cou.

Paralysie du sommeil !

- Arrête de me faire croire que tu dors, diablesse.                                                                                              

Ça faisait longtemps qu'il ne m'avait pas appelée ainsi.
Quoi que hier... non hier c'était dans une autre boucle temporelle.

Lui répondre sera un signe que je ne dors pas, et comment il savait que je ne dormais pas, bordel ?                                                                                                                                                       
Jouant l'acting de ma vie, je fais semblant de bâiller, gardant toujours mes paupières closes.

- J'aime bien te voir te battre jusqu'au bout pour me donner tort.
Je pense que mon cerveau commence à être habitué à la folie que représente cet homme.

- C'est donc ça l'enfer ? Murmuré-je, juste assez fort pour qu'il m'entende.

Je rouvre les yeux et un sourire fugace illumine son visage. Inconsciemment, je lui rends son sourire sauf que ce dernier arrête de sourire au même moment.

Mais quel enfoiré. 

Je pense qu'en fin de compte, mon cerveau ne s'y habituera pas.

Ni lui ni moi ne bougeons, même si c'est la chose que j'aurais probablement faite il y a 5 minutes plus tôt.

Mais là, je veux juste un moment de sérénité avant de reprendre le cauchemar qu'est ma vie.

Alors qu'un silence apaisant était en train de naître, le grincement de la porte d'entrée attire notre attention.

Alexe, le frère d'Alec, franchit le seuil. Son regard s'accroche au vigile que nous avons... euh... légèrement tué.

D'abord torturé, puis tué.

Blood FragmentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant