29 : Le silence.

1.1K 35 5
                                    

En me réveillant, je sens mon corps emprisonné sous quelque chose de lourd, en inclinant la tête j'aperçois que ce sont les bras d'Alec encerclant ma taille qui me tient en otage.

Il est toujours en train de dormir, j'essaie de me libérer sans le réveiller.

Dehors la nuit bat toujours son plein, je me lève laissant mes jambes me guider, jusqu'à la façade de la porte de la chambre de ma mère.

Je prends une grande inspiration, et pousse légèrement la porte pour rentrer à l'intérieur, l'odeur de son parfum qui recouvre la chambre envahit mes narines.

Alec a raison la chose la plus dure après avoir perdu un être cher, c'est de faire face au silence qui plane en son absence.

En m'approchant de son lit je remarque qu'il y a une feuille pliée en deux, j'aperçois qu'il est écrit :

« Lis-moi !  »

Une lettre ?
Je réfléchis pas et l'ouvre.

C'est une lettre écrite à la main, les premiers mots auxquels je fais face, accapare immédiatement mon attention.

« Mon trésor »

Cette fois-ci je reconnais immédiatement l'écriture fine et minutieuse de ma mère.

Mon cœur bat si fort et si vite qu'il menace de s'échapper de ma poitrine. 

« Mon trésor, si tu lis cette lettre, c'est qu'à mon plus grand regret tu as dû faire face à mon corps dans la maison. »

Les frissons d'horreur me transpercent de part et d'autres.

« Quand je t'ai appelée pour t'annoncer que des personnes s'étaient introduites dans la maison, je ne t'ai pas précisé que ces hommes ont menacé de s'en prendre à ta vie si je ne faisais pas venir Alec. Mais la seule solution était de te faire venir, pour être sûr de sa présence. »

Alec.

« Je savais que j'allais mourir Alma et je ne voulais pas que tu restes sans réponse, j'ai demandé à un des garçons qui avaient l'air d'avoir un peu d'humanité s'il pouvait bien me munir d'une feuille pour que je puisse t'écrire ces dernières paroles. »

Ça doit sûrement être Alexe qui lui a donné une feuille, pour qu'elle puisse écrire ses dernières paroles.

« Tu dois rester prudente change de Pays reconstruit-toi une nouvelle vie. Écoute-moi même si tu es triste, que tu as l'impression d'avoir tout perdu ne baisse jamais les bras trésor. Ne laisse pas cette douleur te dominer. »

J'ai les poumons comprimés, une barrière d'épines dans la gorge m'empêche de sortir le moindre mot.

Ne pleure pas.
Pleure tu as le droit.
Ça nous rappelle que nous sommes humains.

Ils ont fait exprès de laisser son corps ici pour être sûr que je le découvre, ils voulaient me punir, me faire souffrir pour m'être échappé.

« Mais ce que tu dois savoir impérativement sur ton ami Alec c'est qu'il n'est pas la personne que tu crois, il est le— »

Son dernier mot se poursuit par une ligne, comme si on lui avait arraché la feuille avant qu'elle termine d'écrire.

Un sifflement résonne dans mes tympans et le sale monde qui m'entoure cesse de tourner.

Qu'est-ce qu'elle voulait me dire à son sujet ?
Elle voulait me tenir en garde, mais sur quoi bordel ?

ALEC.
ALEC.
ALEC.

C'est le cœur lourd que je descends au salon, j'aperçois ma mère allongée sur le canapé, le chemin de fer dans ma gorge me rappelle directement la dure réalité.

Blood FragmentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant