17. Confrontation elfique

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Ælys rampa dans la galerie souterraine à plat ventre. Le plafond était trop bas pour qu'elle puisse se tenir debout. La pierre saillante égratigna ses genoux et ses bras, mais elle ignora les picotements.

Quand elle parvint au bout du tunnel, elle découvrit une gigantesque salle. Rien à voir avec le donjon de Kifellorit : les parois, taillées grossièrement, s'ouvraient sur des habitations déformées. Une bannière plantée dans la roche, déchirée et décolorée, recouvrait un pan de parois. En se concentrant dessus, Ælys distingua le motif : deux yeux et deux mandibules en guise de sourire.

Les torches à l'agonie dessinaient des ombres menaçantes sur les murs, d'où larmoyaient des filons d'eau. L'humidité pesait lourd dans l'air ambiant. Heureusement, l'armure d'Ælys la protégeait correctement, mais ses mains étaient déjà trempées.

Depuis son poste d'observation, Ælys pouvait espionner le camp sans être repérée. Elle compta rapidement les tentes et en déduisit le nombre de soldats.

Une voix derrière elle fit écho à ses pensées :

— Une vingtaine de guerriers, dont des Rampants et leurs mercenaires. Tu vois, je ne t'avais pas menti sur leurs effectifs et la position de leur camp.

Lépiota s'avança à plat ventre jusqu'à Ælys, qui s'écarta en arborant sa répulsion. Lépiota les avait conduits à travers un passage secondaire pour ne pas se faire remarquer.

— Reste à savoir si Samantha a effectivement été capturée par eux, releva Ælys.

— Fais-moi confiance, je les connais bien.

— C'est justement ça, le problème !

— Eh ! intervint Lily qui les rejoignait. Ce n'est pas le moment de vous disputer.

Ælys grogna pour dissimuler son sourire victorieux. Elle avait déjà soutiré ses secrets à Lépiota. Dorénavant, Ælys pourrait la supporter tant qu'elle avait le dernier mot... À défaut de supporter sa propre naïveté.

Si elles couraient dans le piège de l'arachnéa, celle-ci n'avait même pas besoin de tromper leurs crédulités. Kifellorit, Lily et Ælys sautaient à pieds joints dans sa toile, comme des moucherons écervelés. Ælys regretta de ne pas avoir insisté davantage pour que Kifellorit ouvre les yeux. Mais elle n'avait pu se résoudre à abandonner Samantha à son sort... Elle espérait donc que l'esprit ensorcelé de Kifellorit se libère le temps de cette excursion.

Ælys dégaina le chapeau magique – jamais elle ne l'aurait laissé à une elfe noire, Lépiota aura tout le loisir de montrer sa vraie nature avec des armes moins dangereuses.

— C'est quoi, déjà, le rituel ? s'enquit Ælys.

— Tu mets la main dans le chapeau et tu tires le ravageur, expliqua Lily.

— C'est tout ? Le fabricant aurait pu mettre quelques sécurités, histoire que les gosses ne déclenchent pas de cataclysme en jouant au magicien.

Tout en râlant, elle plongea sa main dedans. L'intérieur était frais. Ses doigts entrèrent en contact avec une condensation plus épaisse, comme une boule de nuage solide.

Elle la sortit et elle la jeta devant elle, vers le village.

La vapeur se dispersait déjà, plongeant la salle souterraine dans un brouillard de plus en plus épais. Le ravageur allait surgir d'une minute à l'autre et, à son ordre, semer le chaos. Ælys aurait alors le champ libre pour retrouver Samantha.

Des hurlements retentissaient déjà. Des cris d'angoisse, de gens qui ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Des cris de surprise. Et des cris de... joie ?

Au cœur du donjonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant