Une semaine s'écoula depuis que Belgar et Layla étaient arrivés au refuge. Bien que la maison construite dans l'arbre paraisse petite, elle était confortable. La première pièce est circulaire, faisant office de vestibule, cuisine et salle à manger. Belgar avait donné une chambre à Layla à l'étage. Elle avait tout le haut pour elle toute seule. Dans sa chambre, elle avait un grand lit, une table de nuit, un coffre pour ranger ses affaires et un petit bureau de bois. Pourtant, tout ceci n'avait rien de logique, elle était construite dans un arbre pas plus grand que les autres. On se serait cru dans une grande bâtisse. En plus, à l'étage, Layla avait aussi sa propre salle de bain avec une baignoire circulaire fait de bois et une commode munie d'un miroir. Belgar avait creusé la montagne derrière l'arbre de telle manière qu'il puisse y accéder directement du salon. Dans la grotte qu'il avait construite, il avait installé sa chambre, une salle de bain et une petite bibliothèque. C'est ce que lui avait dit Belgar. Il avait formellement interdit à Layla d'y entrer.
Les premiers jours passèrent. Elle n'arrêtait pas de penser à sa mère défunte. Pour éviter qu'elle sombre dans un état dépressif, Belgar lui donna quelques livres afin qu'elle apprenne l'ancien langage, et lui demanda de l'aider à remettre le jardin dans un état décent. Ces tâches lui permirent d'occuper son esprit. Elle ne mit pas longtemps à maîtriser l'ancien langage. L'ancien langage avait été perdu lors de la disparition des anciennes races peu de temps après le cataclysme. Elle réapparut grâce à la découverte d'anciens documents et textes oubliés. Maintenant, les duellistes l'utilisaient pour mieux contrôler leur pouvoir.
Aujourd'hui, Belgar avait décidé de commencer l'entraînement de Layla. Elle lui avait demandé de lui apprendre à se battre à l'épée pour qu'elle sache utiliser Kovnur à bon escient contre ses futurs ennemis. Mais le vieil homme avait refusé arguant qu'elle était bien trop jeune pour apprendre à se battre, et qu'avant de savoir ôter une vie, il fallait la comprendre. Ce qui n'était pas l'avis de Layla. Comment pourrait-elle vivre si elle ne savait pas protéger la sienne et celle des personnes qui lui étaient chères ? Elle accepta quand même de faire comme Belgar lui disait. Il l'envoya donc dans une clairière pour qu'elle médite sur sa nouvelle condition, et qu'elle essaye par le biais du pouvoir de l'éther de ressentir tout ce qui se passait autour d'elle. Ayant de nombreuses fois essayé d'invoquer l'éther sans succès, elle douta fortement de la réussite de son entreprise.
Layla arriva à la clairière en début d'après-midi. Elle avait passé la matinée à finir un livre parlant d'un ancien duelliste ayant affronté des géants dans les montagnes d'Art' il y avait plusieurs siècles de cela. Elle eut même le temps de commencer un autre livre. Un vieil ouvrage couvert de poussières relatant les aventures d'une exploratrice ayant découvert des îles mystérieuses au-delà des océans. La clairière n'avait rien de singulier. Elle ressemblait à n'importe quelle autre, sauf que celle-ci formait un cercle parfait. L'herbe avait été coupée très courte comme si quelqu'un l'entretenait régulièrement. Layla vit qu'il y avait au centre de ce cercle une dalle de pierre grand comme une table. Elle décida de s'y installer ne voulant pas se mettre dans l'herbe. Elle s'agenouilla.
Le temps avait été clément avec elle. Il faisait beau mais sans faire trop chaud grâce aux quelques nuages couvrant une partie du ciel. Elle calma sa respiration, essayant de vider son esprit de toutes pensées perturbantes. Elle écouta attentivement tous les petits bruits des alentours : du chant des oiseaux au fourmillement des petites bêtes dans l'herbe. Après quelques minutes, Layla commença à avoir mal aux genoux. Elle décida de se mettre en tailleur, une position bien plus confortable. C'était un endroit calme et apaisant. Layla ferma les yeux profitant du cadre idyllique. Elle ne sut pas combien d'heures passèrent, mais elle commença à trouver le temps long. Il n'était pas facile de rester assise à ne rien faire. Pour ne pas s'ennuyer, elle se décida plutôt de garder les yeux ouverts, observant la flore. Layla trouva amusant le fait que les arbres formaient un cercle parfait. On aurait dit que quelqu'un les avait plantés de la sorte. Elle était très concentrée, écoutant tous les bruits des environs. Des oiseaux se posèrent sur les branches des arbres. Ils piaillèrent en l'observant.
Layla crut sentir une présence derrière elle. Elle se retourna brusquement mais ne vit rien. Les oiseaux s'envolèrent en un nuage noir. Curieuse, elle se leva et alla voir l'endroit où elle avait senti la perturbation. Layla se déplaça lentement à travers le bois ne voulant pas faire fuir sa cible. Ses sens aux aguets, elle zigzaguait entre les arbres. Soudain, elle entendit un couinement un peu plus loin. Layla accéléra le pas. Par-dessus un buisson, elle vit un sanglier, ou plutôt toute une famille de sangliers. Quatre marcassins trottinaient fièrement derrière leur mère vigilante. Layla, contente d'avoir réussi à sentir leurs présences, recula doucement pour qu'ils ne l'aperçoivent pas. Elle courut jusqu'au refuge.
Belgar était tranquillement assis sur un siège lisant un vieux tome. Layla déboula à bout de souffle devant le vieux maitre. Celui-ci baissa son livre. Layla lui raconta ce qui venait de se passer tellement rapidement qu'il ne comprit rien du tout.
« Peux-tu recommencer mais plus lentement cette fois ?, fit-il, Prends du temps pour reprendre ton souffle aussi »
Elle commença par se calmer. Elle inspira l'air à plein poumon.
« Je suis partie comme vous me l'aviez demandé, commença-t-elle, J'ai fait le calme à l'intérieur de moi du mieux que j'ai pu, et j'ai réussi à sentir une présence derrière moi. J'y suis allée pour voir ce que c'était et là j'ai vu toute une famille de sangliers.
- Il y avait toute une famille et tu n'as senti qu'une seule présence ? »
Belgar avait l'air déçu, et cela fit de la peine à Layla. Il continua :
« Aussi plutôt que d'aller voir par tes yeux. Tu aurais pu identifier cette présence avec ta magie. Enfin bon, je présume qu'il y a un début à tout... J'ai un exercice qui te permettra de mieux sentir ton potentiel magique en toi. Tiens, prends cette pierre »
Belgar sortit un galet poli, noir d'un pli de sa toge. Il lui tendit la pierre. Layla remarqua qu'une sorte de glyphe était gravée dessus. Elle demanda :
« Que signifie ce glyphe ?
- C'est un langage encore plus vieux que l'ancien langage. C'est de l'elfique. Je te dirai ce que cela signifie si tu arrives à soulever ce galet d'environ dix centimètres au-dessus de la paume de ta main. Pour t'aider à focaliser ton esprit sur cette pierre, prononces lenya, c'est le mot pour...
- Vol, dit-elle le coupant en regardant la pierre sous toutes ses coutures.
- Mmmm Si tu comprends l'ancien langage après seulement quelques jours ici, c'est que tout n'est pas perdu avec toi. Je pense que tu pourras faire de grandes choses...avec un peu d'entraînement, fit-il »
Cette dernière remarque remonta le moral de Layla. Elle se dirigea à l'intérieur de la maison, la pierre sur la paume ouverte tout en prononçant lenya toutes les trois secondes, désirant réussir cet exercice au plus vite. Content de l'application de son apprenti, Belgar reprit sa lecture. Layla monta dans sa chambre. Elle sauta sur le lit, s'employant à faire voler cette pierre. Elle ne vit pas le temps passer. Lorsqu'elle redescendit le soleil était déjà couché depuis un moment. N'ayant pas encore réussi, elle mangea en vitesse et remonta à son exercice.
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Atras
AdventureUne épopée de fantasy où intrigue, guerre, fraternité et magie sont au cœur d'un récit en pleine écriture. Merci à Alilithia pour cette très belle couverture !