Atras

Chapitre 22

            Mark et son apprentie observaient une partie de l'armée atrienne quitter la ville cromoïde qu'ils avaient assiégée quelques jours plus tôt. Ils l'avaient trouvée déserte, complètement abandonnée, comme toutes les autres villes traversées d'ailleurs. Mark se demandait quelles manigances les cromoïdes étaient en train de mettre en œuvre mais tout ceci ne lui disait rien de bon. Ce qui l'énervait encore plus c'était qu'abandonner du terrain n'avait rien de stratégique. Ce n'était pas logique. Ils ne pouvaient que continuer, attendant que les cromoïdes leurs tombent dessus.

          Il avait séparé l'armée atrienne en cinq régiments avançant de concert d'ouest en est, se rapprochant toujours plus de Masugnar, la capitale cromoïde. Etant séparée, l'armée pouvait couvrir un plus vaste territoire. Plus les jours passaient, plus Mark craignait l'affrontement contre Zecrom. Il ne savait rien de lui à part qu'il contrôlait son peuple d'une main de fer. Certains disaient même qu'il possédait une affiliation très puissante avec l'éther, faisant de lui un sorcier féroce. A cet instant, le visage de Nelthyr apparut très clairement dans son esprit. Il sera le poing, ressassant la mort de son ami, Tahiro. Il le vengerait. Avant la fin de la guerre, il tuerait l'elfe de ses propres mains pour tout le mal qu'il avait commis. Il était temps d'en finir.

« Allo ? Est-ce que tu me reçois ? »

          Il entendit la voix de l'ancienne chef du groupe de duellistes, dont il avait pris le commandement, par le petit appareil fixé à son oreille. C'était l'une des dernières inventions des ingénieurs de Glargh en matière de communication. Pas encombrant et pratique, ces oreillettes permettaient de parler à de très grandes distances. Le seul inconvénient était qu'il fallait construire d'étranges tours métalliques tout au long de leur avancée pour garantir une bonne réception. La voix de Kyritha recommença. Il avait l'impression qu'elle se trouvait à côté de lui.

« Eh chef ! Tu me reçois ou quoi ? Qu'est-ce que tu fais ? »

          Mark appuya sur l'appareil et un petit micro en sortit.

« Je te reçois cinq sur cinq.

- Ah tant mieux, fit-elle soulagée, j'avais cru que les ingénieurs n'avaient pas encore fini d'installer les dernières antennes. Ils sont d'une lenteur parfois... C'était pour te faire mon rapport quotidien et te signaler que les troupes de Garoskov ont rejoint mon régiment.

- Très bien, dit-il, Avez-vous rencontré des cromoïdes ?

- Négatif, il n'y a pas l'ombre d'un cromoïde au nord.

- Mais que font-ils donc ?, réfléchit-il à voix haute, Continuez d'avancer et ouvrez l'œil. Ils ne pourront pas se cacher éternellement.

- Nous comptions gagner la prochaine et dernière ville du nord avant la fin de soirée. Je te recontacte dès qu'on y sera, chef, fit-elle en dérapant sur le dernier mot. »

          Mark réappuya sur son écouteur. Le micro rentra dans l'appareil. Kyritha avait eu du mal à accepter son commandement. Elle était née commmander. Elle n'aimait pas qu'on lui dicte sa manière de faire. C'est pourquoi elle avait apprécié lorsque Mark l'avait nommé à la tête d'une partie de l'armée. Ce dernier espérait n'avoir pas fait d'erreur en la plaçant à un si haut poste. En un rien de temps, Mark était passé de simple duelliste à commandant de la plus grande armée du monde connu. Sa nomination l'avait un peu pris de court mais il eut l'idée de placer chaque duelliste à la tête d'un régiment pour le seconder et l'informer de tout ce qui se déroulait en Chromos.

          Kyritha dirigeait la compagnie la plus au nord, celle parcourant la forêt longeant l'immense chaîne de montagnes. Bord avec Alicia, plus au sud, prenait le contrôle des plaines fertiles adjacentes à la forêt. Mark ne les avait pas séparés car ils s'entendaient bien et puis, il ne voyait pas en Alicia une meneuse d'hommes. Elle paraissait toute timide et un peu perdue. Depuis qu'il l'avait rencontrée, elle ne s'était jamais adressée à lui. C'était à peine s'il avait entendu sa voix plus d'une fois. Mark, avec son groupe, s'occupait de la partie centrale du continent, là où il y avait le plus grand nombre de villes, et, pensait-il, le plus grand danger. John Carreer et Rovan, en deux groupes distincts, s'emparaient du littoral, mission très importante car maintenant que les portes avaient été refermées, on ne pouvait envoyer des renforts que par la côte.