Chapitre 12

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            Ce matin, Layla avait laissé sa lecture de côté pour se concentrer uniquement sur la pierre. Elle la tenait dans sa main ouverte, essayant de ressentir ce qu'elle avait vécu dans la clairière, deux jours auparavant. Cela faisait déjà un moment qu'elle était assise sur son lit mais Belgar lui avait donné la journée. Il ne serait pas là du matin, ayant des courses à faire. Elle s'était dit que c'était le moment de s'entrainer à faire décoller ce fichu caillou. Après quelques essais infructueux, Layla se demanda si elle n'était pas simplement en train de perdre son temps. Elle se donna trois chances supplémentaires, pas une de plus, après elle passerait à une autre activité. Elle essaya de rassembler son pouvoir éthérique. Mais que cela signifiait-il vraiment ? A la clairière, tout c'était passé trop rapidement. Elle avait juste fermé les yeux. En un clin d'œil, son esprit était sorti de son corps pour aller explorer les environs. Ce n'était pas logique ! Rien de tout ceci ne l'était de toute manière.

« Lenya, prononça-t-elle lassée »

          La pierre ne bougea pas. Forcément, c'était un bout de matière sans vie. Elle s'interrogea sur l'existence réelle de la magie. C'était peut-être la croyance de quelques illuminés. Toutes ces histoires qu'elle lisait, racontant la vie de duellistes avec d'incroyables pouvoirs. Avaient-ils seulement vécu ? Elle se ressaisit. Elle avait vu Belgar faire changer d'avis deux gardes récalcitrant pour les faire entrer sur les terres de Glargh. Si cela ce n'était pas une preuve du pouvoir des duellistes. Et puis, son père avait été l'un d'eux. En sa mémoire, elle voulait croire qu'il n'était pas simplement un guerrier, mais un puissant sorcier comme le narraient les contes.

« Lenya, dit-elle résolue »

          La pierre ornée de runes vibra dans sa paume. Layla n'en revenait pas. Elle s'était mise à bouger d'elle-même comme animée par une vie intérieure. Non pas la pierre. C'était elle, et seulement elle qui part la force de sa volonté avait fait bouger ce caillou. Ne serait-ce que de quelques centimètres, Layla ne pouvait tout simplement pas y croire. Elle avait dû pencher sa main sans s'en rendre compte, et donc la faire glisser. Elle devait le refaire pour en être certaine. Elle calma sa respiration, mit sa main parfaitement à l'horizontal et dit d'une voix forte et pleine de conviction :

« Lenya »

          Le galet ne broncha pas. Elle ne pouvait arrêter là. Elle avait quasiment abouti. Layla se donna un second dernier essai.

« Lenya »

          Il ne broncha toujours pas.

« Lenya, lenya, dit-elle de plus en plus fort, Lenya ! »

          La pierre décolla de sa main à une telle vitesse qu'elle la vit à peine venir se loger dans la poutre de bois de son plafond. Le galet avait formé un trou dans cette massive charpente en venant s'y incruster. Layla, après un sursaut, resta stoïque. Elle avait eu enfin la preuve que la magie existait belle et bien. Maintenant, elle se trouva sotte d'en avoir douté après tout ce qu'elle avait vécu. Elle voulut récupérer la pierre. Cependant, elle était bien trop haute pour Layla, même si elle se mettait debout sur son lit. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, cherchant quelque chose pouvant l'aider. Elle aperçut Kovnur trainant sur le coffre. Layla s'en munit, et la tenant à bout de bras, elle s'employa à déloger la pierre. L'épée était toujours aussi légère. Layla ressentait à peine son poids. Elle rattrapa le galet d'une main pendant sa chute. Elle reposa l'épée contre son coffre, et retenta l'expérience. Cette fois, elle arriva à la faire voler d'une dizaine de centimètres au-dessus de sa main. C'était un succès !

          Layla dévala l'escalier, voulant faire part de sa réussite à son maître. Il n'était pas dans la salle à manger. Elle regarda dehors mais il n'y était pas, non plus. Elle se rappela qu'il était parti faire des courses. Déçue, elle prit un livre, l'attendant à l'extérieur assise sur un des sièges de bois. Une heure plus tard, ce dernier arriva sur son cheval, un gros sac sur son épaule. Après avoir posé son lourd fardeau devant elle, Belgar alla mettre sa monture dans la petite grange un peu plus loin sur la propriété. C'était une vieille bâtisse de bois dont ils avaient aménagé une partie en écurie. Elle était collée au mur rocheux. Elle permettait aux animaux de ne pas rester sous la pluie. Lorsque Belgar revint, il ramassa son sac, et commença à ranger les produits qu'il avait achetés.

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